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JUSTICE ET DROITS DE L'HOMME à MADAGASCAR
30 septembre 2013

REVUE DE PRESSE - SEPTEMBRE 2013

DEMARRAGE DE LA CAMPAGNE ELECTORALE OFFICIELLE POUR LA PRESIDENTIELLE

la nation 18 09La préparation technique des élections avance à grands pas. La livraison du premier lot de bulletins uniques a été annoncée pour la fin du mois. La liste électorale a été clôturée. Le nombre d’électeurs serait de près de 8 millions, alors que l’estimation initiale était de 11 millions. L’opération « carte d’identité nationale », qui devrait permettre aux électeurs inscrits de pouvoir voter, a été suspendue faute de financement. 400.000 électeurs n’en posséderaient pas encore.

L’UE a débloqué ses financements pour les élections. Elle a confirmé l'envoi de près d'une centaine d'observateurs, l’OIF une cinquantaine, la SADC 300. Près de 5.000 observateurs nationaux seront en fonction. La CENIT prendra en charge sur le « basket fond » les coûts d’impression du bulletin unique par un imprimeur Sud-africain. Son acheminement doit être achevé pour le 8 octobre. L’initiation à l'utilisation du bulletin unique est beaucoup trop tardive pour la société civile. Le CCOC lance un appel au renforcement de la société civile dans la surveillance du processus électoral.

La Gazette 27 09La CENIT a procédé au tirage au sort de la répartition des temps d’antenne. Les « petits » candidats protestent contre la possibilité offerte aux concurrents qui en ont les moyens de diffuser des spots payants. Les médias ont été placés sous surveillance par le ministère de la Communication pour la durée de la période électorale. Le syndicat des journalistes appelle de son côté à un respect de la loi par le ministre. « Tout le monde doit respecter la loi, et dans ce sens le ministère de la Communication doit être un modèle avant d'observer les fautes des journalistes ». La commune d’Antananarivo a apporté d’importantes restrictions à la possibilité de tenir des meetings dans les principaux lieux publics de la capitale.

Le CRM a élaboré une « Convention pour la réconciliation et l’apaisement », un pacte de non-agression et de respect mutuel qui est proposé aux 33 candidats. Seuls 11 d’entre eux ont apposé leur signature.

L’association catholique Justice et Paix émet des doutes sur la possibilité de tenir des élections crédibles. Elle se dit notamment préoccupé par la persistance de l'insécurité et doute que l’Etat dispose des moyens financiers et logistiques pour mener à bien les opérations. Le candidat de la Plateforme nationale des jeunes lance un appel aux partenaires techniques et financiers. Selon lui, « des élections mal préparées, faute de moyens, signifient une campagne d’éducation électorale bâclée et un nouveau président très mal élu à cause d’un fort taux d’abstentions. Le déroulement du processus laisse à désirer et les partenaires en portent la responsabilité », affirme-t-il. Des chercheurs de l’IEP Madagascar font preuve de pessimisme. Selon eux, la population n’adhère pas vraiment à ces élections dont les modalités ont été imposées par la communauté internationale, qui a imposé l’exclusion des deux principaux protagonistes. Le contexte ne serait pas de ce fait propice à l’apaisement. Troubles et violences post-électorales seraient à redouter. Le Club Développement et Ethique parle « d’élections au forceps ». Ces points de vue sont partagés par plusieurs personnalités.

La liste des candidats aux législatives du 20 décembre a été clôturée. On compterait près de 1.000 postulants pour 115 sièges. La plateforme politique « Avec le président Andry Rajoelina » présente un candidat dans toutes les circonscriptions. Le scénario qui donne Andry Rajoelina, premier ministre après les législatives semble de plus en plus crédible, estime RFI. Nombre d’artistes sont candidats de la plateforme, ce qui leur confère un avantage non négligeable. Andry Rajoelina jette ses forces dans la bataille des législatives et a repris la direction du parti TGV.

La mouvance Ravalomanana a fini par se résoudre à soutenir l’un des candidats en lice, le Dr Jean-Louis Robinson. L’annonce de ce soutien n’a pas emporté l’adhésion de tous les militants de la mouvance, certains ont manifesté bruyamment leur désaccord. C’est le cas notamment de la sénatrice Eliane Naika, qui a décidé de démissionner du CST et de se retirer de la mouvance. L’ancien président affirme qu’il s’est mis d’accord avec la Troïka pour que son retour lui permette de soutenir son candidat durant sa campagne. Le candidat, de son côté, déclare qu’il est en relation avec la communauté internationale et le régime pour faire revenir Marc Ravalomanana, tout en niant que le soutien à sa candidature ait été acquis à l’issue d’un tel marchandage. La mouvance fait pression sur la SADC pour que ce retour intervienne avant le 25 octobre mais celui-ci reste suspendu à un hypothétique accord politique. Le mandat d'arrêt à l'encontre de l'exilé d'Afrique du Sud demeure le principal obstacle à son retour. La ministre de la Justice reste intraitable : elle n’admettra pas que les décisions de justice soient remises en cause par les politiques. Jean-Louis Robinson se présente comme celui qui achèvera l’oeuvre de développement de la Grande Ile engagée par l’ancien président.

Par suite de dissidences au sein des formations soutenant Andry Rajoelina, plusieurs courants de sa mouvance s’affrontent pour la présidentielle. Le couple présidentiel lui-même semble en désaccord sur la question. L’ancien ministre des Finances et du Budget, Hery Rajaonarimampianina, un fidèle parmi les fidèles, aurait les faveurs d’Andry Rajoelina. La présence d’éléments de la présidence au sein de l’équipe de campagne du candidat serait révélatrice de ses préférences. La fibre familiale placerait en revanche Mialy Rajoelina du côté d’Edgard Razafindravahy, PDS d’Antananarivo, candidat officiel du parti TGV et patron de presse. Plusieurs autres candidats ont été des compagnons de route du président de la Transition, tels Camille Vital ancien premier ministre de la HAT, ou Hajo Andrianainarivelo, ancien ministre de l’Aménagement du territoire.

La branche de l’Arema pro-Ratsiraka persiste dans son opposition à des élections « imposées par l’étranger ». Elle désavoue certains dirigeants du parti ralliés au processus et qui apportent leur soutien au candidat Pierrot Rajaonarivelo.

La pré-campagne électorale fait déjà apparaître que certains candidats proches du pouvoir disposent de moyens financiers considérables. Ils organisent des déplacements très médiatisés avec bien souvent l’appui des autorités locales qui sont pourtant tenues à un devoir de réserve. Les foules, toujours nombreuses, sont attirées par divers « cadeaux » et l’organisation de concerts animés par des artistes de renom. Air Madagascar propose aux candidats nantis des avions-taxis. Neuf candidats vont utiliser des jets et des hélicoptères. « Les gens ont appris à fonctionner en mode ‘campagne électorale’ », note un observateur. Hery Rajaonarimampianina est particulièrement visé par ces critiques, ainsi que les autres candidats proches du pouvoir. L’ancien ministre des Finances est suspecté d’être intervenu personnellement dans l’affaire de la session de la banque BNI Madagascar. Des observateurs s’interrogent sur les liens que le candidat entretient avec de puissants milieux d’affaires proches du pouvoir. Il est suspecté d’être impliqué dans diverses malversations qui ont émaillé la Transition en raison des fonctions exercées durant toute cette période.

Le CSC a interpellé le pouvoir au sujet des fonctionnaires d’autorité qui affichent leur soutien à un candidat. Le gouvernement a relevé à son tour des irrégularités commises par certains candidats durant cette période de pré-campagne non régie par les textes. Le Samifin rappelle à tous les partis politiques, notamment aux candidats qu’ils soutiennent, que l'ouverture d'un compte bancaire est une obligation légale, bien que la loi ne prévoit pas de sanctions en cas de blanchiment. Le DG rappelle que son organisation a été suspendue du « groupe Egmont » qui lui permettrait d’élargir ses enquêtes au niveau international. Le SeFaFi réclame la mise sur pied d’une structure pour scruter le financement de la campagne des candidats. La loi sur les partis autorise des « appuis financiers de partenaires » mais aucun plafonnement de dépenses n’a été prévu. Les candidats ne sont pas tenus de faire une déclaration de patrimoine. Certains disposent de ressources colossales, sans que l’on puisse en déterminer l’origine. Hery Rajaonarimampianina, devrait pouvoir compter sur l'appui de certains Français actifs dans la Grande Ile, croit savoir la LOI.

Deux engins explosifs artisanaux ont explosé au centre de la capitale sans faire de blessés, un autre a été désamorcé à temps. Ce dernier avait été placé devant l’Institut français de Madagascar. L’autre explosion, qui visait un hôtel, a été revendiquée par un groupe « défenseur de la souveraineté nationale » qui s’oppose à la tenue des élections. Les enquêtes semblaient s’orienter vers des proches de la mouvance Ravalomanana. Six personnes ont été placées en détention. A plusieurs reprises, des formations politiques comme le TGV et la mouvance Ravalomanana ont rendu la France responsable de l’exclusion d’Andry Rajoelina et de Lalao Ravalomanana de la course à la présidence. Certains observateurs soupçonnent dans ces actes une manœuvre de diversion orchestrée soit par des proches du pouvoir, soit par des membres de l’opposition, en vue de manifester leur mécontentement face à la tournure inattendue qu’a prise la conjoncture électorale. Un homme est mort à Antananarivo dans l'explosion d'une bombe qu'il confectionnait. Une grenade offensive a explosé près du domicile du président de la CES, François Rakotozafy, sans faire de victime. Les actes de sabotage ne peuvent constituer un blocage du processus électoral, soutient le KMF/CNOE. La sécurisation du processus électoral commence à préoccuper les autorités. Les forces de l’ordre font pression pour obtenir un budget conséquent.

Les quatre ministres candidats ont été remplacés par des intérimaires issus de leurs entités politiques d'origine, comme le prévoit la feuille de route. L’équilibre initial entre les différentes sensibilités au sein du gouvernement a été maintenu. Le successeur du PDS d’Antananarivo, Edgar Razafindrahy, l’un des candidats pro-régime, n’a pas encore été désigné. Son remplacement donnerait lieu à une vive lutte d’influence au sein de la mouvance Rajoelina.

Les quatre chefs d’Eglises du FFKM paraissent se résoudre à l'idée que la réconciliation ne pourra pas intervenir avant les élections. « La réconciliation est faite avant, pendant et après les élections », déclare Mgr Odon Razanakolona, président du FFKM. Cette déclaration semble signer un changement de stratégie. Le FFKM admet que la rencontre à quatre préconisée lors de la réunion des 3 et 4 mai ne pourra pas se tenir avant la présidentielle, l'obstacle au retour de Marc Ravalomanana n’étant toujours pas levé. La « convention de paix » établie par les représentants des quatre chefs d’État lors de la rencontre de Vohipiraisana a été remise aux quatre chefs de file.

Didier Ratsiraka affirme que la France lui avait demandé son aide pour évincer Marc Ravalomanana en 2009. « J'ai répondu : Je ne suis pas en faveur des coups d’Etat », a-t-il déclaré, avant d'expliquer qu'il avait finalement accepté après qu'on soit parvenu à le persuader qu'il ne s'agissait pas d'un coup d'Etat. « On s'est mis d'accord pour que Marc Ravalomanana quitte le pouvoir sans bain de sang. Et après son éviction, on devrait instaurer une transition concertée. (…) Andry Rajoelina a été d'accord (...) », a-t-il expliqué.

L'UA a levé les sanctions - non appliquées - prononcées en mars 2010 contre Andry Rajoelina et 108 personnalités de sa mouvance mais la Grande Ile reste exclue de l’Organisation. Cette décision a été prise car Madagascar est « sur les rails » pour organiser des élections libres et équitables, a expliqué le commissaire à la Paix et la Sécurité. La réintégration au sein de l’UA ne pourra intervenir qu’après la présidentielle. « D'autres sanctions pourraient frapper les « saboteurs » du processus, met-il en garde. Le GIC-M s’est félicité de l’avancement du processus électoral, et il a mis également en garde ceux qui seraient tentés de l’entraver. Il a lancé un appel à une aide humanitaire d’urgence au profit de la Grande Ile, durement affectée par la crise et les calamités naturelles. La Troïka de la SADC a rejeté la requête de la mouvance Ravalomanana sur un éventuel report du calendrier électoral. L’ambassadeur de l’UE, a appelé à la neutralité les forces armées lors d’une rencontre avec le commandant de la gendarmerie nationale, le général Richard Ravalomanana.

express 28 09Andry Rajoelina s’est rendu à l’AG des Nations Unies, après un conflit ouvert avec le ministère des Affaires étrangères qui espérait conduire la délégation. Auprès de ses interlocuteurs il a pris soin de mettre en valeur son retrait de la compétition, qui, affirme-t-il, n’a pas été obtenu sous la pression de la communauté internationale. Il réaffirme : « J’ai toujours dit  que je suis une solution pour Madagascar aujourd’hui et je serai aussi une solution demain ». Mettant en cause l’attitude de la communauté internationale à son égard, il a souligné que Madagascar aurait souhaité pouvoir bénéficier de la même compréhension exprimée par celle-ci lors des soulèvements populaires du printemps Arabe.

Le syndicat des professionnels diplômés en travail social (SPDTS) a révélé la disparition d’une trentaine de travailleuses expatriées au Koweït et en Arabie Saoudite. Leurs papiers confisqués à leur arrivée dans le pays, elles se seraient enfuies de chez leur employeur. La décision récente de suspension des expatriations ne dissuade pas les candidates. Les listes d’attente s’allongent... Depuis le mois d‘août, l’UE appuie le SPDTS dans un projet de lutte contre la traite des domestiques nationales et transnationales. Le consulat honoraire de Madagascar au Liban interpelle les autorités sur l’afflux d’expatriées clandestines. 16.000 demandes seraient bloquées depuis la suspension de l'émigration. 400 travailleurs malgaches en Jordanie, en Arabie Saoudite et au Koweït demandent à être rapatriés En interne, les cas de maltraitance d’enfants domestiques se multiplient, selon le SPDTS qui est associé au programme financé par l’UE, intitulé « Lutte contre la traite des travailleurs domestiques ».

L’insécurité persiste, les autorités demeurent impuissantes. Près de 60 dahalo ont tué 4 villageois et incendié 53 foyers à proximité d’Amboasary-Sud. On compte 250 sinistrés. Livrée à elle-même, la population lance un appel aux autorités. Un gendarme a perdu la vie lors d'un affrontement entre forces de l'ordre et dahalo près de Betroka. Les agressions sont quotidiennes dans le secteur et les habitants, terrorisés, se réfugient la nuit dans les forêts ou abandonnent leur village. Deux civils ont perdu la vie tandis que six autres ont été grièvement blessés par balle à Ambilobe suite à l'intervention des forces de l'ordre pour disperser une foule des milliers de personnes réclamant la libération de quatre bandits. Un suspect a été brulé vif. Cinq malfaiteurs ont été massacrés par les habitants d’un village du district de Ranomafana. Avec cinq comparses, ils venaient de cambrioler le domicile d’un opérateur économique. Trois autres malfrats ont été arrêtés par la suite et brulés vifs. Armés de Kalachnikov et de fusils de chasse, une centaine de dahalo se sont heurtés aux forces de l’ordre, faisant une vingtaine de morts dans leurs rangs à Ebelo (Amboasary-Sud). Suite à un affrontement entre 70 dahalo équipés de kalachnikovs et de fusils Mas 36 et la gendarmerie à Mangataboahangy-Ambatofihinandrahana, 17 assaillants ont été tués. Les exactions commises par les dahalo en zone rurale, les bandes armées en zone urbaine et dans les banlieues, les actes de vindicte populaire alimentent la chronique. La gendarmerie annonce que les forces de l’ordre vont effectuer des missions spéciales pour arrêter les autorités locales et les vétérinaires impliqués dans le blanchiment d’argent provenant des vols de bovidés. De janvier à juillet 2013, plus de 400 dahalo ont été tués dans le Sud. Depuis le mois d'août, le chiffre s'élèverait à plus de 640 morts.

Le Collectif Tany dénonce l’accaparement par l’Etat dans le cadre du projet d'exploration et d'exploitation des gisements de fer de Soalala et Besalampy par la société chinoise Wisco.

Un projet de vente de bois de rose par l’Etat provoque un tollé dans le monde politique et diplomatique ainsi que dans la société civile. Le projet de décret, sur le point d’être signé, pourrait permettre la vente de près de 20.000 rondins stockés dans des casernes à Antananarivo et en province. Des stocks évalués à des millions de dollars. Des millions qui alimenteraient  pour moitié le budget de l’Etat. Des membres de la société civile et des partenaires internationaux s’interrogent sur l’utilisation réelle de ces fonds, et sur l’opportunité d’une telle vente à moins d’un mois de l’élection présidentielle. Le projet provoque la suspicion des observateurs car elle ne suit pas les procédures recommandées par le « comité de pilotage » dirigé par le premier ministre et composé de membres de l’administration, d’ONG, et d’institutions internationales. L’acquéreur serait « un opérateur bien connu dans le milieu », rapporte RFI. L'ambassadeur de France souligne son inquiétude par rapport au projet de vente des stocks de bois de rose saisis, en cette période de campagne électorale.

SOMMAIRE

LA CRISE POLITIQUE

  • Organisation des présidentielles et des législatives, CES, CENIT, CRM
  • La pré-campagne électorale, ouverture de la camapgne officielle
  • Remaniement ministériel suite à démission des ministres candidats
  • Le projet de conférence au sommet du FFKM, le projet de « convention de paix »
  • Médiation de la communauté internationale, diplomatie

DROITS HUMAINS - GOUVERNANCE

  • Trafics humains, travail des enfants, santé
  • Insécurité
  • Gouvernance, justice, amnistie
  • Liberté d'expression et de manifestation, médias

ECONOMIE - SOCIAL - ENVIRONNEMENT

  • Exploitation des ressources minières et pétrolières
  • Trafics de bois précieux
  • Environnement, calamités
  • Divers

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