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JUSTICE ET DROITS DE L'HOMME à MADAGASCAR
31 octobre 2013

REVUE DE PRESSE - OCTOBRE 2013

Express 30 10 13

Le premier tour de l’élection présidentielle s’est déroulé de façon « libre, transparente et crédible », en dépit d’incidents mineurs, estiment les observateurs internationaux dont les analyses convergent. Les résultats provisoires ne seront pas proclamés par la CENIT avant le 8 novembre.

Alors que près de 40% des résultats des bureaux de votes ont été transmis à la CENIT, les deux candidats soutenus Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina semblent en passe de se qualifier pour le second tour. Jean-Louis Robinson, candidat du camp Ravalomanana, est en tête avec près de 28% des voix, devant Hery Rajaonarimampianina, l’ancien ministre des Finances du régime de Transition, soutenu officieusement par le régime et disposant d’impressionnantes ressources, avec près de 15%. Hajo Andrianainarivelo, Camille Vital et Roland Ratsiraka forment un second groupe de candidats dont les scores se situent dans une fourchette de 6 à 10% chacun. Vient ensuite le PDS d’Antananarivo, sur qui se sont portés 5% des suffrages. 22 candidats obtiennent pour le moment moins de 2% des voix. Jean-Louis Robinson, a perdu 4% depuis la publication des premiers résultats mais les positions semblent désormais être stabilisées. Le taux de participation, très honorable, se situe aux environs de 59%.

Le probable second tour aura une configuration très particulière. Si les cinq candidats issus du régime (Hery Rajaonarimampianina, Hajo Andrianainarivelo, Edgard Razafindravahy, Camille Vital et Roland Ratsiraka) parviennent à s'unir autour de celui qui figurera au second tour, leur victoire est encore possible. Par contre, Jean-Louis Robinson va devoir faire preuve de souplesse s'il veut rallier certains de ces candidats. Et il aura d'autant plus de mal qu'il a déjà promis publiquement d'octroyer, en cas de victoire, le poste de premier ministre à Lalao Ravalomanana, l’épouse de l’ancien chef de l’Etat, empêchée de se présenter. Sur la base de ces premiers résultats, l'ensemble des candidats « pro-Rajoelina » totalisent déjà plus de 40% des suffrages exprimés. Mais suite à leur division, le mieux placé n'a guère plus que la moitié des voix obtenues par Jean-Louis Robinson, fort du soutien du principal adversaire du président de la Transition, Marc Ravalomanana.

express 31 10

« Madagascar est en train de revivre le duel Ravalomanana - Rajoelina » titre France 24. « La situation actuelle est un gigantesque bras d’honneur à ceux qui ont cherché (et obtenu) le ‘ni-ni’ », écrit pour sa part Tribune qui poursuit : « Le peuple malgache est actuellement coupé en trois : les supporters de Ravalomanana, les supporters du coup d’État, et tous les autres. Question : comment empêcher que la confrontation électorale entre les deux premiers ne dérape ? ». La Gazette se demande si Madagascar n’est pas voué à être le lieu des règlements de comptes entre les deux protagonistes de la crise, reportant aux calandres grecques le développement du pays. Une large partie de la population, qui ne se reconnait pas dans les deux protagonistes de la crise, ne peut qu’être amère en constatant que les premières tendances du scrutin ramènent la Grande Ile 4 ans en arrière. Les spécialistes sont unanimes pour affirmer que de cette élection présidentielle ne viendra pas la stabilité.« Un grand nombre de candidats espèrent décrocher la magistrature suprême. À Madagascar, le pouvoir donne tout. D’énormes dépenses électorales sont faites pour soudoyer les électeurs et beaucoup ont procédé à un investissement important à l’occasion de ces élections, pour s’exposer, ils n’ont pas l’intention de perdre leur mise », explique Jean Frémigacci, historien et spécialiste de Madagascar. « Il faut donc s’attendre à de virulentes contestations de la part de certains politiciens très engagés qui auront dépensé beaucoup d’argent en pure perte et qui seront confrontés à la nécessité de se refaire ».

« Un pourcentage non négligeable de Malgaches ne figure pas sur la liste électorale », relève la chef des observateurs européens. Seuls 7,8 millions de citoyens ont été enregistrés (208.000 de plus qu’en 2006) alors que le pays compterait actuellement 22 millions d’habitants. « L’ensemble de l’électorat potentiel n’a pas été enregistré » constate-t-elle. Le déficit serait de l’ordre de 2,7 millions à 3 millions. La question de la réouverture des inscriptions sur la liste électorale a été lancée, en vue du second tour de la présidentielle, jumelée avec les législatives, le 20 décembre, mais la communauté internationale a réagi rapidement en faisant savoir que cette décision, très attendue par de nombreux électeurs potentiels déçus, pourrait ouvrir la voie à des malversations ou à un report du second tour. Les partisans de la mouvance Ravalomanana seraient nombreux parmi les oubliés de la liste électorale. A un certain moment, la consigne était de boycotter les élections. L’implication de l’ancien couple présidentiel dans la campagne électorale de Jean-Louis Robinson a remotivé ces électeurs, mais il était déjà trop tard. Après plusieurs jours de flottement, la CENIT et le gouvernement ont donc décidé de ne pas toucher à la liste actuelle. Le gouvernement suggère néanmoins à la CENIT de faire quelques « améliorations » de la liste. Certains électeurs auraient la possibilité de se faire inscrire, si après plainte auprès du tribunal de première instance, ce dernier ordonne cette insertion. Il reviendra à l’assemblée générale de la CENIT d’en décider. Le gouvernement a donc tranché mais le débat risque encore de ne pas être clos ; le risque existe que ce sujet constitue un prétexte pour certains candidats de contester le résultat du scrutin.

La mission européenne relève également « un certain nombre de lacunes sur le financement des partis ». « Il est souhaitable d’avoir une législation qui permette la transparence et la traçabilité des fonds » dont disposent les candidats pour faire campagne, indique sa présidente.

La satisfaction affichée par la communauté internationale, exprimé dans un langage diplomatique largement prévisible, n’est pas partagé par tous les observateurs locaux. « Les touristes ont validé l’élection mal fagotée », titre l’éditorialiste de Tribune. Au moment où les missions d’observateurs tenaient leurs conférences de presse, seuls les résultats provisoires de 10% des bureaux de vote étaient connus. Reproche est fait à ces missions pléthoriques d’avoir renoncé à suivre l’ensemble du processus de dépouillement et de centralisation des résultats. Nombreux sont ceux qui estiment qu’il aurait été plus judicieux pour la communauté internationale de renforcer les équipes d’observateurs issus de la société civile, mieux à même de couvrir le terrain et mieux au fait des possibilités de fraude. Le groupe d’experts nationaux en matière d’élection (GEN) a dressé un bilan sévère du 1er tour. Près de 35% des citoyens de 5 régions qu’ils ont enquêtées n’étaient pas inscrits sur la liste électorale. Les agents recenseurs de la CENIT n’auraient couvert que 30% des régions. Ils relèvent également que seuls 22% des électeurs connaissaient les 33 candidats en compétition et que seulement 25% ont été sensibilisés au bulletin unique. Par ailleurs 45% des personnes enquêtées ont avoué avoir reçu des contreparties de la part des candidats ou de leur comité de soutien. Le GEN suggère « l'adoption d'une loi qui réglemente le financement des campagnes électorales ». Une question soulevée depuis 1993 mais jamais solutionnée. La société civile insiste sur « la nécessité de faire une investigation sur l'origine des sommes mirobolantes que certains candidats ont distribué à tout vent dans tout Madagascar durant la propagande ».

La lenteur de la CENIT dans la publication des résultats nourrit une suspicion largement partagée. Roland Ratsiraka soulève l'éventualité que ce retard donne du champ « au candidat d'État, pour faire pression, par exemple, sur les chefs de district, afin d'influencer les résultats ». Les services techniques de la CENIT ont connu un certain nombre de problèmes. Le site Internet sur lequel sont publiés les résultats provisoires par districts a connu d’importantes difficultés. La présidente de la CENIT a révélé que son site avait été victime d’un piratage ayant entraîné des invraisemblances dans les résultats publiés. « Sans être pessimiste, simplement réaliste, ce scrutin sera entouré de fraudes et c’est un des candidats d’Etat qui va remporter l’élection et par-dessus tout, c’est la crise et l’instabilité qui gagneront. Le résultat n’est donc pas difficile à prévoir », commente Solofo Randrianja, professeur d'histoire politique contemporaine à l'Université de Toamasina. Des candidats ou des représentants de candidats ont décidé d’effectuer des confrontations inopinées des PV qui sont en leur possession avec ceux de la CENIT. Deux saisines concernant des irrégularités relatives au premier tour de la présidentielle ont été enregistrées par la CES. Ces requêtes auraient été déposées par Hajo Andrianainarivelo et un électeur qui n'a pas précisé son identité. La requête de l'ancien membre du gouvernement de Transition réclamerait une confrontation des résultats. Roland Ratsiraka aurait lui aussi saisi la CES, pour la même raison. Une source autorisée indique cependant que « la Cour électorale n'a pas attendu d'être saisie pour commencer à travailler ». Elle aurait décidé de faire une confrontation systématique des PV en sa possession avec les PV scannés à la disposition de la CENIT. Une manière d'anticiper les litiges, mais aussi, probablement, de respecter le délai de 15 jours après publication des résultats définitifs du premier tour que la CES s'est fixé pour statuer sur les requêtes déposées.

Le ministre de la Défense nationale, le secrétaire général en charge de la Gendarmerie et le ministre de la Sécurité intérieur se sont rendus au siège de la CENIT « pour suivre de près le processus de traitement des résultats ». L’information a mis en alerte certains observateurs.

La présidente de la CENIT s’indigne de voir son institution accusée d’organiser la fraude au bénéfice du candidat soutenu par le pouvoir. Elle justifie la lenteur de publication des résultats par la procédure exceptionnelle de sécurisation du processus qui a été mise en place et qui fait appel pour la première fois à d’importants moyens informatiques.

Dessins de presse de L'Express des 30 et 31/10/13

SOMMAIRE

LA CRISE POLITIQUE

  • Organisation des présidentielles et des législatives
  • La campagne officielle

    - Positionnement des courants politiques
    - Déroulement de la campagne, disparité des moyens, transparence, observation des élections
    - Tentatives de déstabilisation, sécurisation des élections

  • Médiation et appui de la communauté internationale, diplomatie
  • Déroulement du scrutin, dépouillement, résultats, bilans

DROITS HUMAINS - GOUVERNANCE

  • Enfance, éducation, santé, esclavage moderne
  • Insécurité
  • Vindicte populaire et lynchages à Nosy Be
  • Peine de mort
  • Gouvernance, justice

ÉCONOMIE - SOCIAL - ENVIRONNEMENT

  • Exploitation des ressources minières et pétrolières, agrobusiness
  • Trafics de bois précieux
  • Divers

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