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JUSTICE ET DROITS DE L'HOMME à MADAGASCAR
31 janvier 2014

REVUE DE PRESSE - JANVIER 2014

Une investiture qui suscite d’immenses espoirs mais qui laisse encore en suspens des défis majeurs pour que soit définitivement tournée la page du régime de Transition

Le nouveau président de la République, l’ex-ministre des Finances de la Transition, Hery Rajaonarimampianina, a pris ses fonctions. Son discours d’investiture a été très apprécié par la classe politique, la société civile et la communauté internationale. La reconnaissance du premier président de la IVème République est sur les rails et la coopération avec les grands bailleurs de fonds traditionnels devrait reprendre rapidement. L’opinion a été très favorablement impressionnée par le souhait du nouvel élu de rétablir l’Etat de droit et de tendre la main à ses adversaires d’hier.

express 24 01L'arrivée d'Hery Rajaonarimampianina au pouvoir suscite incontestablement beaucoup d'attente mais la question se pose de savoir s’il aura la possibilité de s’affranchir de son mentor et de sa garde rapprochée qui comptent bien jouer encore un important rôle politique. Andry Rajoelina brigue désormais ouvertement  le poste de premier ministre, en attendant de pouvoir concourir à la magistrature suprême en 2018. La volonté du nouveau président de tourner la page du régime de Transition, dont il a été un fidèle serviteur, conduit certains à se demander si le nouvel homme fort, qui se présente comme un homme neuf, ne va pas « s’auto-blanchir » pour les malversations dont s’est rendu coupable l’ancien régime et auquel y a été associé durant presque 5 ans. Plusieurs médias mettent en garde Hery Rajaonarimampianina : il y a dans son entourage des hommes qui ne sont pas dignes de sa confiance et qui peuvent avoir pour objectif, par dépit, de saboter le nouveau pouvoir. La volonté d’ouverture du nouveau président est a priori un vrai scandale pour les extrémistes de son camp. Il devrait notamment veiller à ce que les trafiquants du bois de rose soient tenus à l’écart. Pour asseoir sa crédibilité, il devrait aussi faire la lumière sur son budget de campagne qui, selon RFI, a atteint le chiffre record de 43 millions de dollars. D’où vient cet argent, qui le lui a fourni, et quelles sont les contreparties de ce financement ?

Lors du premier conseil des ministres présidé par le nouveau président des mesures drastiques ont été prises pour rétablir l’Etat de droit. La dissolution des FIS a été confirmée et il a été décidé de supprimer la DST, deux institutions de la Transition qui ont été fortement contestées. Le président a rappelé les points fondamentaux de sa gouvernance : « la réconciliation nationale, non négociable, et l’observation des droits de l’homme ». La suppression des deux branches armées de la présidence de la Transition pourrait être un premier pas pour concrétiser ces priorités. Un geste fort également à l’endroit, particulièrement, de la mouvance Ravalomanana, en vue de la réconciliation. Pour L’Express, « le rétablissement de l’État de droit n’est pas une mince affaire pour le nouveau président. C’est même un challenge immense. La Transition a apporté une catégorie de personnes intraduisibles devant la justice et pratiquement intouchables. Ironie de l’histoire, il s’agit de celles qui sont censées faire respecter l’ordre et qui a priori doivent faire exécuter une décision de justice. (…)  Le nouveau président aura-t-il le courage d’attaquer le mal à sa racine ? Une entreprise périlleuse dans la mesure où les militaires font la pluie et le beau temps d’un président ou d’un régime ».

Contre toute attente, le paysage politique résultant de l’élection présidentielle amorce une profonde recomposition. Jean-Louis Robinson, après avoir très vigoureusement dénoncé des fraudes qualifiées de massives, a reconnu la victoire de son adversaire et annoncé la mise en place d’un « comité national de coordination de l’opposition » qu’il a l’intention de diriger. Les deux candidats du second tour ont décidé d’enterrer la hache de guerre. Un dénouement jugé imprévisible voici peu. Mgr Odon Razanakolona, archevêque d’Antananarivo, se réjouit de la présence de Jean-Louis Robinson et de son épouse à cérémonie d’investiture et révèle qu’il a joué un rôle discret dans ce rapprochement. La mouvance Ravalomanana a tardé à reconnaître la victoire de Hery Rajaonarimampianina mais elle a préparé ses plus fervents supporters à envisager une alliance avec le Hery vaovaon’i Madagasikara (HVM) du nouveau président. Alors que ce rapprochement se dessine, le divorce semble consommé entre le camp de l’ex-président et celui du parti Avana de Jean-Louis Robinson. Alors que ce rapprochement se dessine entre la mouvance et le nouveau président, le divorce semble consommé entre le camp de l’ex-président et celui du parti Avana de Jean-Louis Robinson. Certains partisans de Marc Ravalomanana crient à la trahison du candidat malheureux alors que leur mouvance est sur le point de négocier avec le HVM ! Les alliés d’hier deviendraient alors les rivaux de demain… Marc Ravalomanana en personne aurait félicité Hery Rajaonarimampianina pour sa victoire. Pour le moment, ce sont plutôt ses anciens adversaires qui accordent un véritable état de grâce au nouveau président, observe la presse. Des médias proches de l'ancien président de la Transition tirent désormais à boulets rouges sur Hery Rajaonarimampianina. Les observateurs estiment que le président de la République se trouve entre le marteau et l’enclume. Les potentiels dangers  pour le chef de l’État ne proviendraient plus de ses anciens rivaux, la mouvance Ravalomanana et ses adversaires de la présidentielle, mais plutôt du camp d’Andry Rajoelina, son ancien mentor. Hery Rajaonarimampianina a besoin d’une base politique solide. L’Express, estime que le nouveau président a besoin d’un peu de temps pour construire un entourage solide et de confiance. « En un mot, après son investiture, le chemin est tracé en clair, mais est encore glissant ».

La question de la désignation du premier ministre reste un défi majeur pour le nouveau président. Même si la communauté internationale n’a pas officiellement son mot à dire dans le choix du premier ministre, cet aspect diplomatique pourrait entrer en ligne de compte. Les diplomates seront sans doute attentifs à un profil qui incarnerait le passage d’une période de Transition au retour à l’ordre constitutionnel. Enjeu majeur : le retour le plus rapidement possible des aides internationales dont Madagascar a tant besoin. Ces aides seront inévitablement précédées de négociations et de conditionnalités techniques mais aussi politiques, sans négliger le volet respect de l’Etat de droit et des droits de l’homme, analyse un spécialiste. Le groupe de députés du Mapar, qui soutient Andry Rajoelina, arrivera probablement en tête des groupes parlementaires lorsque les résultats définitifs des législatives seront publiées, le 7 février, Il n’obtiendra pas la majorité absolue mais il pourrait légitimement prétendre avoir la capacité à proposer le nom du premier ministre, en la personne du président de la Transition. Celui-ci s’efforce de rallier à sa cause le groupe de députés dits « indépendants », qui arriveraient numériquement en seconde position, mais la question de la majorité requise pour pouvoir prétendre désigner le premier ministre fait débat. Le constitutionnaliste Jean-Éric Rakotoarisoa estime que les députés « indépendants » ne peuvent pas participer à la désignation du premier ministre. Le siège risque d’être fortement disputé. Roland Ratsiraka le revendique, arguant de son score honorable au premier tour de la présidentielle. Un autre argument jouerait en sa faveur : le fait qu’il ne soit pas Merina. La tradition veut en effet que le président et le premier ministre n’appartiennent pas à la même ethnie. Le nouveau président ne dispose d’aucun député élu sous sa bannière, alors que le groupe de députés ayant soutenu Jean-Louis Robinson arriverait en 3ème position, derrière le Mapar et les « indépendants ». Toutes les hypothèses demeurent donc ouvertes puisque la mouvance Ravalomanana semble rechercher une alliance avec le nouveau pouvoir pour mettre Andry Rajoelina sur la touche. Ce dernier, hors course pour le poste de premier ministre, pourrait être candidat au poste de chef de l’opposition, si un consensus ne peut être trouvé entre lui et Hery Rajaonarimampianina. Ce statut lui permettrait de rester sur le devant de la scène en vue de la présidentielle de 2018. L’un des défis majeurs pour Rajaonarimampianina consiste à éviter le scénario Poutine-Medvedev que le président de la Transition concocte depuis longtemps. Mais certains médias étrangers s’interrogent sur la nature des accords secrets que le nouveau président et son mentor auraient pu conclure et s’il n’y a pas en germe de nouvelles difficultés pour la conduite des affaires de l’Etat.

La journée d’investiture très consensuelle a été assombrie en fin de journée par un attentat à la grenade qui a frappé une foule anonyme à proximité du stade où venaient de s’achever les festivités. L’acte pourrait avoir une connotation politique mais les avis divergent sur la nature des groupes qui pourraient avoir intérêt à lancer un avertissement au nouveau pouvoir. Les opposants d’hier au régime de Transition ont nié farouchement toute implication. Tribune avance l’hypothèse que les auteurs sont à rechercher parmi les déçus de la nouvelle ambiance qui se profile, ceux qui espéraient que l’ère Rajaonarimampianina ne serait que le prolongement de l’ère Rajoelina.

Le nouveau président aura un autre défi à relever : celui du retour de Marc Ravalomanana. A la veille de l’investiture de Hery Rajaonarimampianina, il aurait adressé un courrier au président de Namibie assurant la présidence tournante de la Troïka, pour lui demander l’autorisation de rentrer à Madagascar et de lui accorder une protection. La missive met l’accent sur le respect des droits humains. Elle rappelle son engagement de 2012 à ne pas participer aux élections en échange notamment d’une possibilité pour lui et les siens de rentrer au pays. Il rappelle que tous ses biens ont été dilapidés depuis le coup d’Etat de 2009 et que cela mérite compensation. Selon certaines sources, Hery Rajaonarimampianina souhaiterait le retour, sous certaines conditions, de Marc Ravalomanana afin de réduire les facteurs pouvant fragiliser son mandat. L’ambassadeur de France, François Goldblatt, s’est engagé en son temps à obtenir le retour de Marc Ravalomanana à condition qu’il patiente jusqu’à la fin du scrutin présidentiel. . Le retour de Marc Ravalomanana paraitrait comme un point de conciliation entre la position de la France et celle des États-Unis qui revendiquent ce retour depuis plusieurs années. Hery Rajaonarimampianina quant à lui bénéficierait de l’image d’ouverture qu’il revendique depuis le début de sa campagne électorale, argumente Tananews. Reste à s’assurer de la neutralité de l’armée, farouchement opposée à une perspective qui lui permettrait d’échapper au mandat d’arrêt qui serait exécuté dès avoir mis le pied sur le sol malgache.

SOMMAIRE

LA CRISE POLITIQUE

  • Résultats de la présidentielle et des législatives - Analyses et commentaires
  • Contentieux électoral
  • La question de la désignation du futur premier ministre
  • Prise de fonction et premiers pas du nouveau président
  • Diplomatie, coopération

DROITS HUMAINS - GOUVERNANCE

  • Médias
  • Pauvreté, OMD, santé, enfance
  • Gouvernance, justice,conditions carcérales, insécurité
  • Droits des femmes, esclavage moderne

ÉCONOMIE - SOCIAL - ENVIRONNEMENT

  • Ressources minières
  • Filière bois de rose
  • Environnement
  • Divers

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