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JUSTICE ET DROITS DE L'HOMME à MADAGASCAR
31 décembre 2019

REVUE DE PRESSE - DECEMBRE 2019

pov 07 12 19Les résultats provisoires des élections municipales confirment la victoire de la plateforme pro-Rajoelina dans la capitale et la plupart des grandes villes. Le TIM de Marc Ravalomanana et le MMM se disputent la seconde place. Le déclin du TIM, amorcé lors de la crise de 2009, se confirme. Le taux de participation, déjà faible lors des législatives, est en chute libre (33 %). Le nouveau maire d’Antananarivo, Naina Andriantsitohaina, ancien ministre des affaires étrangères et hommes d’affaires, compte sur sa proximité avec le pouvoir pour redresser la situation de la capitale qui s’est fortement dégradée durant le mandat de Lalao Ravalomanana, épouse de l’ex-chef de l’Etat.

Une fois encore, la composition de la liste électorale a été contestée, tant par le TIM que par l’ancien parti au pouvoir, le HVM. La CENI, accusée d’avoir procédé à des modifications de la liste, a fait l’objet de virulentes attaques, notamment de la part du candidat malheureux du TIM à la mairie de la capitale. Des appels à mobilisation ont été lancés par l’opposition, sans succès. Une surprenante rencontre a eu lieu à Paris entre Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina, qui s’est conclue par un communiqué dénonçant « les fraudes électorales ». Dans un important communiqué, le SeFaFi a dressé son bilan du cycle électoral 2018-2019 (quatre scrutins sur la période), assorti de plusieurs suggestions. Pour l’Observatoire, avec de tels taux d’abstention, la légitimité des élus pose question. Une désaffection croissante des électeurs qui doit être prise au sérieux.

Le candidat malheureux du TIM aux municipales à Antananarivo a tenté de mobiliser ses partisans et les habitants d’Ambohitrimanjaka opposés au projet « Tana-Masoandro ». La manifestation qu’il projetait d’organiser a été interdite. L’opposition entendait dénoncer les fraudes électorales qui auraient entaché les résultats des municipales dans la capitale. Un rassemblement s’est tenu devant le tribunal administratif pour le dépôt de requêtes en annulation. Rina Randriamasinoro, candidat-maire du TIM n’a été autorisé qu’à déléguer huit personnes pour pénétrer dans l’enceinte du tribunal. Les juges administratifs ont jusqu’au 14 janvier pour statuer et proclamer les résultats officiels du scrutin du 27 novembre. Son verdict pourra encore faire l’objet d’un recours devant le Conseil d’Etat. Une différence de seulement 5 926 voix sépare le candidat de la coalition au pouvoir à celui du TIM.

L’examen du projet de loi de finances 2020 par le Parlement a subi d’importants retards. Le texte a été adopté par l’Assemblée en un temps record, sans véritable débat. Il a été transmis tardivement au Sénat au point que la navette entre les deux chambres n’a pas pu se tenir dans les délais impartis. La loi de finances devra être validée par voie d’ordonnance. Le Sénat, majoritairement pro-HVM, a exprimé de fortes réticences vis-à-vis de ce texte auquel il reproche un manque de transparence. Les prévisions budgétaires prévoient une réduction conséquente des crédits destinés à la Chambre haute, menacée de suppression par la réforme constitutionnelle qui devrait faire l’objet d’un référendum courant 2020. En amont de ce référendum, le gouvernement prévoit des élections sénatoriales anticipées qui réduiraient fortement le nombre de sénateurs. Le projet a été adopté par le Sénat après le vote de plusieurs amendements, parmi lesquels le retour de la subvention de l’Etat à la Jirama, la suppression du budget destiné à la tenue de sénatoriales et le rétablissement du budget de la Chambre haute. La société civile a dénoncé pour sa part sur les nombreuses zones d’ombre du texte, notamment l’inscription à un niveau très élevé de « provisions sur investissement », sans allocation précise et qui représentent plus de 8 % du budget total. « Une porte ouverte à la corruption ou aux détournements », selon le CCOC.

Quelques centaines de fonctionnaires et de nombreux chefs d’entreprise attendent réparation et indemnisation pour les préjudices subis durant la crise politique de 2002 à 2009, prolongée jusqu’en 2013. Depuis la mise en place du CFM, 37 demandes ont été reçues mais seuls quatre proches de Didier Ratsiraka ont bénéficié d’une amnistie. Nombre de demandes seraient en souffrance à la Cour suprême. Le sujet de l’indemnisation et des réparations est lui aussi en stand-by, en raison de l’absence de financements. Les bailleurs de fonds, sollicités, n’ont pas donné suite aux demandes qui leur ont été adressées. 1 272 dossiers de réparations et d’indemnisation ont été reçus par l’institution à ce jour.

Le projet de loi sur le statut de l’opposition, validé par l’Assemblée nationale, n’a pas été inscrit à l’ordre du jour du Sénat. Ses membres ont affirmé que les consultations doivent encore se poursuivre. Le projet ne reconnait qu’une opposition parlementaire, qui exclut d’office Marc Ravalomanana de la fonction reconnue par la Constitution.

Les 11 gouverneurs de région nommés - 12 autres restent à désigner - ont suivi une formation en Chine durant 15 jours dans le but de les préparer à leur nouvelle mission, la Chine étant présentée comme un modèle à suivre en matière de développement.

NM 13 12 19Une concertation nationale sur les îles Eparses a été organisée. Objectifs annoncés : favoriser l’appropriation nationale et mobiliser l’opinion publique autour de l’enjeu de souveraineté sur ces îles. Près de 1 200 personnes ont participé aux travaux. Plusieurs résolutions ont été adoptées et remises à Andry Rajoelina présent à la cérémonie de clôture, accompagné d’un invité d’honneur, Didier Ratsiraka, l’un des pionniers des démarches engagées pour la restitution de ces îles. Au même moment, le président français a dévoilé son intention d’installer sur ces îles une station de recherche sur les océans et le climat. La déclaration a été très mal perçue par la partie malgache. Andry Rajoelina a répliqué qu’il n’y aura plus de discussion possible sur d’autres sujets avec la France sans que soit abordé la question de la souveraineté malgache sur ces territoires.

Les chrétiens malgaches résidant aux Comores se sont vus interdire de célébrer Noël par le ministère des affaires islamiques. Un communiqué désavoué le 25 décembre par le ministre de l’intérieur et le porte-parole du gouvernement. Le président Azali Assoumani aurait souvent annoncé que les religions autres que l’islam sunnite n’ont pas leur place aux Comores. Des médias malgaches se sont dits inquiets de la progression d’un islam rigoureux dans ces îles voisines et de son influence possible sur l’islam malgache.

Lancée depuis plieurs années, la Réforme du secteur de la sécurité (RSS) a été passée à la loupe avec des représentants de la communauté internationale. Le gouvernement constate que malgré le lancement de la RSS, le niveau sécuritaire du pays reste faible. Une situation qui risque d’engendrer une nouvelle crise politique et sociale.

L’enlèvement d’un opérateur économique d’Anjozorobe par une bande d’une vingtaine de malfaiteurs, contre une forte rançon, a débouché sur la torture à mort de quatre villageois lancés à leur recherche. En représailles, la bande a tendu un guet-apens à un groupe de gendarmes en patrouille. L’un d’eux a été tué, deux autres blessés. Le premier ministre a fustigé la passivité, voire la complicité des autorités locales et de représentants de l’administration.

Une trentaine de bandits ont attaqué deux autocars, un 4×4 et un minibus à Betroka la nuit de Noël, faisant deux blessés. Un passager a expliqué que la caravane avait essayé des coups de feu et que les bandits avaient bloqué la route avec des troncs d’arbre.

Un commerçant karana de la capitale a été enlevé pour la seconde fois en 2 ans. La Communauté des Français d’origine indienne a offert une importante prime pour ceux qui pourraient aider à sa libération. Le kidnapping s’est produit en même temps que le procès d’une dizaine de personnes poursuivi pour le même crime au Pôle anti-corruption. Au terme de six jours de captivité, Navaz Veldjee a été libéré contre rançon. L’Express a noté qu’il s’agissait du 126e rapt depuis 1991. Comme à l’accoutumé, les enquêteurs ont déploré la réticence de la famille à collaborer avec eux.

Condamné à une peine de 5 ans d’emprisonnement, le député Raveloson Ludovic a pu bénéficier d’un régime de main-d’œuvre pénale. Il a ensuite occupé un emploi à la Chambre de commerce de Morondava. Une faveur dénoncée par nombre d’observateurs qui suspectent un acte de corruption. Le scandale a conduit la gendarmerie à procéder à son arrestation et à la reconduire en prison. La société civile a dénoncé les « manœuvres corporatistes » des députés qui ont mis en place une commission spéciale chargée de l'examen des demandes de suspension de la détention, des mesures privatives ou restrictives de liberté ou de la poursuite des parlementaires. Une lettre ouverte a été adressée au président de la République, au président de la HCC et au ministre de la justice pour dénoncer les tentatives de libération du député Raveloson.

Le Pôle anti-corruption (PAC) a reçu la lettre de la commission spéciale en charge de la levée des immunités parlementaires demandant la suspension des poursuites à l’encontre du député Hasimpirenena Rasolomampionona. La chambre d’accusation a rejeté la demande, l’infraction ayant eu lieu antérieurement à son élection, alors qu’il était DG du service des domaines. Le député nouvellement élu ne peut donc bénéficier de l’immunité parlementaire, fait valoir le PAC.

Les deux représentants de l’Assemblée nationale au sein de la HCJ ont été élus. Ses membres sont désormais tous connus. Ils vont enfin pouvoir siéger et traiter des dossiers instruits par le Bianco et concernant les plus hauts personnages de l’Etat, pénalement responsables des actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions. La procédure reste cependant excessivement complexe et peu susceptible d’aboutir. Les mises en accusation ne peuvent réellement débuter sans l’aval des députés.

La libération de détenus sans l’avis préalable des juges lors de la visite d’Andry Rajoelina à la maison centrale d’Antanimora aurait, pour partie, décidé le syndicat des greffiers à lancer un mot d’ordre de grève. Il est reproché au pouvoir de s’être immiscé dans plusieurs affaires relevant de la justice.

Claudine Razaimamonjy, ex-conseillère de la présidence sous Hery Rajaonarimampianina, a été condamnée à dix ans de travaux forcés pour détournement de deniers publics. Quatre autres personnes ont écopé de lourdes condamnations. Parmi les personnalités éclaboussées dans cette affaire, Olivier Mahafaly, ancien premier ministre, a été cité comme témoin, son cas étant du ressort de HCJ. Une procédure déclaré « irrecevable », par l’Assemblée en décembre 2018. Il s’agit de la seconde condamnation prononcée à l’encontre de Claudine Razaimamonjy. D’autres affaires la concernant sont en cours d’instruction.

Actes de tortures perpétrés par les forces de l’ordre durant une garde à vue : 54 ordres de poursuite sont en instance, selon un rapport de la CNIDH. L’affaire d’Antsakabary, qui remonte à 2017, est dans tous les esprits. Les ministres de la sécurité publique qui se sont succédés depuis n’ont jamais engagé un ordre de poursuite à l’encontre des policiers, présumés coupables alors que les habitants ont subi des représailles de leur part. Sur une centaine de plainte que la CNIDH a reçue cette année, plus d’une vingtaine font référence à des actes de torture perpétrés par les forces de l’ordre, y compris l’armée.

Le placement de personnes en détention préventive n’est plus systématique. Des peines alternatives sont prononcées et des mesures ont été prises pour accélérer le traitement des dossiers. À deux semaines de la date butoir fixée par Andry Rajoelina, la surpopulation carcérale avait légèrement diminué. A la maison centrale d’Antanimora, 200 détenus ont été libérés depuis la visite d’Andry Rajoelina. La procureure de la République déplore cependant qu’une grande partie des personnes soumises au contrôle judiciaire ne respectent pas les procédures.

Le SIF et le Collectif Tany ont dénoncé le placement en détention préventive de neuf habitants de Soavinandriana dans le cadre d’un litige foncier opposant300 familles à un ancien ministre. Une utilisation abusive de de ce procédé auquel le pouvoir s’était engagé à mettre fin.

Le Comité national de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (EITI) a procédé à la remise officielle des rapports 2017 et 2018, en dépit de la démission de sa secrétaire exécutive, très critique vis-à-vis de l’Etat, qu’elle juge peu motivé pour les questions de gouvernance minière. La non-publication du rapport 2017 en raison de difficultés de financement, avait causé la suspension temporaire de Madagascar en 2018. En 2019, seuls une partie des fonds nécessaire a été débloquée. Après la réintégration de Madagascar dans l’EITI en juin, une nouvelle validation était prévue à la fin du mois.

Dans le cadre d'un projet « Renforcement des institutions de lutte contre la corruption à Madagascar », co-financé par les gouvernements norvégien et allemand, une cellule spécialisée sera mise en place dans chaque ministère avec l’appui du Bianco. Six personnes ont été placées en détention préventive dans le cadre de l’affaire de corruption au concours d’admission à l’Ecole de la magistrature qui avait conduit à l’annulation des épreuves. Le conseil des ministres a limogé le directeur général du trésor, Herivelo Andriamanga, suite à la diffusion sur les réseaux sociaux de la photo d’un véhicule Audi avec plaque officielle, appartenant à la DG du trésor, utilisée comme tête de cortège d’un mariage. La disparition d’une somme colossale de 800 millions Ar au niveau de la paierie générale aurait précipité la décision de limogeage.

Plus de 60 dossiers de blanchiment d’argent ont été déférés au parquet du PAC durant cette année, pour un montant estimé à 400 milliards Ar, soit un quadruplement par rapport à l’année 2018, score attribué à la mise en œuvre de la loi de février 2019 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Deux Chinois et deux Malgaches ont été condamnés dans l’affaire de mariages forcés qui se sont tenus en mars à Moramanga, avec la complicité d’agents de la commune. Les Chinois avaient été mis en contact avec des jeunes filles malgaches par un réseau de traite expéditeur de travailleuses vers l’extérieur, notamment vers la Chine.

Un homme soupçonné de recrutement et d’envoi de travailleuses malgaches vers les pays arabes a été intercepté par le service central des enquêtes spécialisées dans un quartier de la capitale. Un individu originaire d’Andapa, haut lieu de la traite, a été condamné par le Pôle anti-corruption à 8 ans de prison ferme.

Une dizaine d’opposants Comoriens demandent l’asile à Madagascar. Ils ont rencontré les représentants de l’OIM et attendent de connaître la décision du ministère de l’intérieur.

L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté le projet de loi contre les violences basées sur le genre après qu’une vive polémique ait vu le jour sur le fait que ce texte pourrait ouvrir la voie à la reconnaissance du « mariage pour tous ». Les autorités ont démenti fermement ces allégations. Le rapporteur du texte à l’Assemblée a déclaré : « l’adoption d’une loi favorisant le mariage entre personnes de même sexe à Madagascar est inenvisageable. Il est inconcevable qu’une telle loi soit adoptée en terre malgache. » Le député Fidèle Razara Pierre a été rappelé à l’ordre par le bureau permanent de l’Assemblée pour « désinformation et déstabilisation » après avoir affirmé que la loi sur les VBG tend à favoriser le mariage entre personnes de même sexe. La FJKM a dénoncé les dérives homosexuelles et le « mariage pour tous ». La coordonnatrice résidente du Système des Nations unies a déclaré qu’elle ne voyait « aucune relation entre la loi sur les VBG et le mariage homosexuel ». L’Express a noté que sur les réseaux sociaux des personnes n’hésitent plus à stigmatiser l’homosexualité et à laisser entendre qu’insulter ou agresser les homosexuels sont des actes légitimes. L’adoption de ce projet de loi a été saluée par la société civile et par la première dame, présidente de l’association Fitia et ambassadrice du FNUAP.

Des étudiantes victimes de corruption sexuelle portent plainte. Transparency International-Initiative Madagascar (TI-IM) encourage les victimes à briser le tabou. TI-IM lancera en 2020 des investigations sur ce thème qui sera approfondi lors la prochaine Journée mondiale des droits des femmes.

Plus de 10.000 enfants travaillent dans des mines artisanales de mica dans le Sud, révèle un reportage réalisé en collaboration avec l’association Terre des Hommes. De grandes marques sont pointées du doigt pour manque de suivi de la traçabilité de leurs achats en Chine. 46 000 tonnes de mica ont été exportées par la Grande île en 2018, dont 91 % envoyés en Chine. Un volume qui a permis à Madagascar de concurrencer progressivement l’Inde, pays dans lequel également 22.000 enfants travaillaient pour le mica en 2016.

Lutte contre l’apatridie - 2 700 de certificats de nationalité ont été délivrés depuis la loi du 25 janvier 2017 qui stipule qu’est reconnu comme malgache l’enfant né d’un père et/ou d’une mère malgache. Désormais, les femmes malgaches épousant des étrangers peuvent offrir à leurs enfants leur nationalité. Malgré cette avancée significative, la lutte continue pour des milliers d’autres apatrides qui n’ont pas pu fournir les documents administratifs exigés, notamment leur acte de naissance. De plus, bon nombre d’apatrides s’isolent et n’osent pas consulter les services administratifs. Un plan national d’action pour l’éradication de l’apatridie est en cours d’élaboration.

Le fonctionnement des universités connait depuis plusieurs semaines des perturbations suite à un mouvement de grève des enseignants. Les étudiants exigent la reprise des activités pédagogiques. L’agitation estudiantine trouve également son origine dans les arriérés de versement des bourses et la volonté du ministère de déloger les occupants illicites des cités universitaires. Des affrontements ont eu lieu avec les forces de l’ordre, des arrestations opérées. Etudiants et universitaires ont réclamé la démission de la ministre de l’enseignement supérieur.

Le Plan stratégique national de lutte contre le VIH/Sida connait un gap de financement de 97 millions de dollars sur les 130 millions jugés nécessaires pour mettre en œuvre le plan jusqu’en 2022. Le ministère de la santé, le comité national de lutte contre le Sida et ses partenaires ont annoncé la tenue d’une campagne de dépistage auprès de
100 000 personnes.

Le 14e rapport de l’indice de la faim dans le monde, publié par « Global hunger index » (GHI), qualifie la situation de Madagascar d’alarmante. La Grande île occupe la 114e place sur 117 pays étudiés. Le GHI indique que le changement climatique a des impacts directs sur l’alimentation et le développement durable de la population.

Le projet de loi sur la communication médiatisée a été examiné à l’Assemblée. Les députés ont proposé quelques amendements avant d’adopter le texte à l’unanimité. Pour Midi, la disposition relative à l’interdiction pour les médias de publier des informations issues des réunions à huis clos, porte atteinte au métier de journaliste d’investigation.

Un « salon des médias » a eu lieu comme chaque année à l’ambassade de Chine, rapporte Midi. Le quotidien mentionne la présence d’une trentaine de représentants de la presse. Dans son allocution, l’ambassadrice de Chine s’est étendue sur l’efficacité du système socialiste à la chinoise, expliquant qu’il a permis à son pays d’atteindre le progrès économique qui est le sien actuellement. [On apprenait le même jour de l’ONG « Comité pour la protection des journalistes » que près d’une cinquantaine de reporters sont emprisonnés en Chine.]

Les négociations sur le nouvel accord de pêche entre l’UE et Madagascar pourraient enfin aboutir après un an de négociations. Selon le ministère de la pêche, « les ressources halieutiques ne doivent pas être vendues à des prix bradés et la gestion doit être renforcée et s’effectuer dans un cadre aussi transparent que possible. » 6,1 millions d’euros de redevances ont été versés à l’État malgache durant l’exercice 2015-2018.

L’opérateur économique Eddy Maminirina a été condamné à 5 ans de prison ferme et à une amende de deux milliards Ar par le tribunal spécial pour le bois de rose. L’affaire remonte à 2014 et 2015. Pour L’Express, les condamnations prononcées semblent douces au regard de la sévérité des peines prévues par la loi instituant cette juridiction.

A l’approche des fêtes de fin d’année, l’Alliance Voahary Gasy (AVG) a lancé un appel à la vigilance à propos du risque de la reprise des trafics de bois de rose.

La révision du code minier de 2005 en chantier depuis de longs mois, a fait l’objet d’un forum organisé au Mining Business Center à Ivato. L’avis est unanimement partagé sur la nécessité de le refondre ou de le modifier dans le sens d’une amélioration des retombées positives pour l’Etat, les collectivités locales et les populations. Le pouvoir est impatient de clore la phase de concertation débutée en janvier mais la société civile juge que le projet présenté manque de transparence quant à la gestion des revenus fiscaux. Les aspects environnementaux, fonciers et sociaux ont, selon elle, été sacrifiés au profit d’une approche trop exclusivement financière. Les représentants de la Plateforme de l’organisation de la société civile sur les Industries extractives regroupant 13 entités ont quitté le forum avant son terme. Dans un communiqué, le Craad-OI et le Collectif Tany avaient réclamé la poursuite des consultations pour une meilleure prise en compte des droits économiques, sociaux, environnementaux et sanitaires de la population. La Plateforme rappelle que le ministère prévoit d’octroyer 50 nouveaux permis miniers, 500 permis d’exploitation artisanale et 500 permis de recherche alors même que le nouveau code est encore en discussion. « Nous craignons fort des risques de corruption via un système d’octroi de gré à gré », alerte-t-elle.

Le premier ministre a fait savoir que suite aux contestations persistantes des riverains, le projet « Base Toliara » fait l’objet d’un réexamen. Un audit financier et organisationnel du projet QMM est par ailleurs attendu, suite à la demande de la compagnie de faire participer l’Etat à une 3e augmentation de capital.

L'eau en aval de la mine de QMM/Rio Tinto de Taolagnaro contient de fortes concentrations d'uranium et de plomb pouvant mettre en danger les populations qui dépendent d'un lac et d'une rivière pour l'eau potable, selon une ONG britannique. Le processus d'extraction d'ilménite peut selon elle concentrer les radionucléides. Rio Tinto a mandaté une société de conseil indépendante pour mener une étude après la publication de ce rapport.

A la veille de la COP25, une conférence des jeunes de l’océan Indien s’est tenue dans la Grande Ile, classée zone à risque en tant que 7e pays le plus affecté par le changement climatique. Cette réunion a permis de trouver des ambassadeurs pour toutes les îles du sud-ouest de l’océan Indien, prêts à aller plaider la cause de la sous-région à Madrid mais les accréditations promises n’ont pu être obtenues des autorités. « Lors des grosses négociations internationales, c’est souvent la jeunesse issue des pays développés qui est représentée, parce qu’ils peuvent se payer le voyage », a déploré une participante. La jeune activiste Marie Christina Kolo qui représentait la jeunesse à Madrid a reproché au ministre de l’environnement d’avoir tenté de faire entrave à sa participation aux débats.

Madagascar accueillera la première conférence ministérielle sur le changement climatique en avril 2020. La décision a été prise par la coalition des ministres des finances sur le changement climatique qui regroupe 51 pays, dont la Grande île. Madagascar faisant partie des pays qui pourraient être les plus touchés par le changement climatique, le gouvernement escompte une aide internationale de 150 millions de dollars pour faire face à ce défi.

Liège Airport s'engage à planter 600 000 arbres d'ici cinq ans à Madagascar pour un montant de 30 000 euros en s'associant à l'ONG belge Graine de vie, un des acteurs principaux de la protection et de la restauration forestière à Madagascar.

Projet « Tana-Masoandro » - Les habitants d’Ambohitrimanjaka ont manifesté de nouveau leur opposition. Le pouvoir laisse entendre que de nombreux propriétaires ont déjà donné leur accord pour céder leurs terrains à l’Etat. Près de 4 600 propriétaires seraient concernés par le projet et non 972 comme le pouvoir l’indique, affirment les opposants. Des propriétaires se sont résignés à vendre face aux difficultés rencontrées pour justifier de leur situation. Les opposants ont tenu une conférence de presse pour protester contre la condamnation à deux ans de prison avec sursis de 12 des 13 manifestants arrêtés le 17 octobre.

La Chine va aider Madagascar à moderniser son réseau de télécommunications. Le projet consistera en la création de nouvelles infrastructures incluant 130 km de liaisons par fibre optique et la mise en place de centres de gestion de données. Le projet contient également un volet sécurité avec l’installation de caméras de surveillance intelligentes et haute définition dans la capitale, Toamasina et Nosy Be. Pour le premier ministre, ces outils contribueront à la sécurisation urbaine et rassureront les investisseurs.

La BAD offre une garantie de 100 millions de dollars pour le projet hydroélectrique Sahofika sur le fleuve Onive. Sa construction devrait débuter en 2020 pour une durée des travaux de cinq ans. Le projet permettra à Madagascar de réduire sa production d’énergie thermique jusqu’à 90 %.

Diaspora : le gouvernement confirme ses engagements. Il entend mettre en place des programmes participatifs destinés aux Malgaches qui vivent à l’extérieur. Une étude de 2013 révèle que la diaspora est estimée à environ 200.000 membres. Selon la Banque mondiale, elle a transféré en 2018 425 millions de dollars vers Madagascar.

Jirama - Après plusieurs mois d’attente, Vonjy Andriamanga, ancien ministre de l’énergie, de l’eau et des hydrocarbures, a été nommé DG en conseil des ministres. Une nomination qui a surpris dans la mesure où cet ancien membre du gouvernement a été limogé le 30 octobre pour ne pas avoir été capable de solutionner les problèmes de délestage et de coupure d’eau. Il ne figurait pas dans la liste des postulants qui ont passé des entretiens avec le cabinet de recrutement international mandaté par la Banque mondiale.

Air Madagascar dans la tourmente. 20 mois après la signature d’un partenariat stratégique avec Air Austral, la compagnie malgache compterait ouvrir son capital à d’autres investisseurs, notamment Ethiopian Airlines. La participation d’Air Austral serait ramenée à 10 %. Les deux compagnies se font le reproche de ne pas avoir tenu leurs engagements.

L’Agence nationale pour la promotion de l’emploi, le « Pôle emploi malgache », devrait voir le jour en 2020, annonce la ministre du travail et de l’emploi.

Seuls 6 % des Malgaches bénéficient d’un travail décent et d’une couverture sociale. 10 à 12 % des sociétés privées formelles affilient leur personnel à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnaps).

 

SOMMAIRE

POLITIQUE

  • Les élections municipales du 27 novembre
  • Restitution des îles Eparses, diplomatie

DROITS HUMAINS - GOUVERNANCE

  • Insécurité, dahalo, enlèvements
  • Justice
  • Conditions carcérales
  • Gouvernance
  • Politique migratoire, traite
  • Droits des femmes, homosexualité
  • Droits de l'enfant
  • Université
  • Médias, communication

ÉCONOMIE - SOCIAL

  • Ressources naturelles,bois de rose
  • Environnement, aménagement
  • Coopération, bailleurs de fonds
  • Economie

 

>> Télécharger la revue de presse complète  pdf, 20 pages

>> Télécharger la synthèse

 

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28 décembre 2019

ARTICLES REMARQUES - DECEMBRE 2019

- 28 12 19 - SIF & Tany - Pour une libération immédiate des neuf habitants de Soavinandriana en détention provisoire
Quelques mois après le scandale provoqué par l’utilisation abusive de la détention provisoire à Madagascar et les consignes du ministre de la justice Jacques Randrianasolo aux magistrats d’éviter le placement systématique en détention préventive, neuf personnes du village d’Ampalaha dans la commune de Soavinandriana (région Itasy) viennent d’être victimes de cette procédure dans des circonstances déplorables et inacceptables. Il s’agit des villageois membres des 300 familles dont les terres d’une superficie de 569 ha font l’objet de spoliation de la part d’un ancien ministre, Georges Ruphin et qui luttent au tribunal pour faire reconnaître leurs droits depuis plusieurs années face aux décisions de justice de les expulser. Cela fait quatre ans que durent les différends entre le fokonolona qui a valorisé les terrains et l’ancien ministre qui prétend être propriétaire du terrain.

- 17 12 19 - Le Monde - "C'est une porte ouverte à la corruption" - Les mystérieux 200 millions du budget 2020
Dans le projet de budget 2020, une ligne a attiré le regard de la société civile. 770 milliards Ar., soit 196 millions d’euros, ont été provisionnés sans qu’on sache pour quoi faire. « C’est quand même 8,4 % du budget qui n’a aucune destination de spécifiée. C’est aussi une porte ouverte à la corruption ou aux détournements », déplore Hony Radert, la secrétaire générale du Collectif des citoyens et des organisations citoyennes (CCOC), pour qui « il y a un manque de transparence ». Le prêt commercial de 211 milliards Ar. pour construire des hôpitaux fait aussi réagir. « En annexe de la loi de finances, on trouve une analyse de la viabilité de la dette : Madagascar a actuellement un taux modéré. Souscrire à un prêt commercial ne fera qu’aggraver ce taux. Il aurait mieux valu obtenir un prêt à conditions préférentielles. De plus, les hôpitaux ne provoquent pas de retombées économiques directes », précise-t-elle. Durant le mois de novembre, la société civile a plusieurs fois alerté sur l’opacité de ce texte.

- 17 12 19 - Craad-OI - Tany - La révision du code minier doit être réalisée mais en intégrant toutes les parties prenantes et tous les enjeux cruciaux
Le code minier de 2005 en vigueur actuellement est réputé mondialement pour sa forte tendance à favoriser les sociétés minières au détriment de l’Etat et de la population. Sa révision ou sa refonte dans le sens d’une amélioration des conséquences positives pour les Malgaches s’avère donc indispensable, même si cela ne plaira pas aux sociétés minières et aux organismes protecteurs du secteur privé au niveau national et international. Des échanges et décisions pour la prise en compte et le traitement de ces thèmes dans le projet de loi en cours d’élaboration s’avèrent incontournables afin que le code révisé ou refondu ne continue pas à porter atteinte aux intérêts et droits économiques, sociaux, environnementaux et sanitaires de la population et que les impacts des opérations minières ne détériorent pas le niveau de vie et la santé des communautés locales. Le forum du 20 décembre prévu pour expliquer le projet de loi du gouvernement ne suffira pas pour échanger sereinement et se convaincre mutuellement sur ces sujets vitaux. La hâte des décideurs de délivrer 50 nouveaux permis miniers ne peut pas justifier l’absence de considération de ces thèmes cruciaux.

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  17 12 19 - SeFaFi - Cycle électoral 2018 - 2019 - Observations et suggestions
Madagascar a vécu l’un des plus longs cycles électoraux de son histoire. Du 18 décembre 2018 aux municipales et communales du 27 novembre 2019, les électeurs ont été convoqués à quatre reprises. L’évolution du taux de participation est révélatrice de leurs sentiments. Pour les municipales, le taux serait tombé à 33 %. Avec un taux d’abstention pouvant aller jusqu’à 80 %, la légitimité des élus pose question. Cette désaffection croissante des électeurs doit être prise au sérieux. Les échéances électorales se suivent sans cohérence. Un calendrier électoral pérenne devrait éviter de prendre les jours ouvrés comme jours d’élections et il conviendrait de songer à rendre le vote obligatoire. Les élections parallèles du maire et du conseil municipal aboutissent souvent à des appartenances différentes, voire concurrentes. Le plus simple serait d’en revenir à un scrutin de liste. Il serait opportun aussi d’unifier la durée du mandat des uns et des autres et de placer les élections locales à mi-terme des nationales. L’organisation électorale reste déficiente. La composition et le fonctionnement de la CENI sont à revoir, surtout pour les modalités de mise à jour de la liste électorale. Il faudrait supprimer la carte d’électeur. La carte d’identité suffirait si sa délivrance systématique était décidée. Parler de pré-campagne électorale est une ineptie. Il revient à la loi de définir les activités spécifiquement autorisées pendant une campagne et interdites en dehors de cette période, avec sanctions à l’appui. Mais le plus important est le contrôle du financement des partis et des campagnes. En matière d’observation électorale, les étrangers ont pris toute la place, rendant leur immuable verdict diplomatique. Des centaines d’observateurs expriment des points de vue contradictoires et font des déclarations prématurées.

<> 14 12 19 - Le Monde - Les nouvelles Babylones, des villes idéales, surtout pour les riches et les investisseurs
Les dizaines de villes nouvelles qui apparaissent essentiellement dans les pays du Sud se veulent connectées, écologiques, récréatives. Mais elles promettent aussi un meilleur des mondes aux accents sécuritaires. Le projet « Tana Masoandro » ne risque-t-il pas d'allonger la liste de ces villes fantômes ?

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  11 12 19 - Plus de 10.000 enfants travaillent dans des mines artisanales de mica dans le Sud
, des enfants dont les plus petits ont entre 3 et 5 ans. Une maman avec son enfant de 4 ans sur le dos, est obligée de descendre sous terre, au fond de la mine, pour une misère, ce au péril de sa vie, rapporte NBC News, dans un reportage réalisé en collaboration avec l’association Terre des Hommes. De grandes marques sont pointées du doigt pour manque de suivi de la traçabilité de leurs achats en Chine. Un scandale repris par de nombreuses rédactions francophones ou anglophones dans le monde, démontrant la défaillance des contrôles, l’absence d’alternative dans cette zone minée par la pauvreté extrême et l’avidité des acheteurs chinois qui imposent leur loi, écrit 2424.mg. 46.000 tonnes de mica ont été exportées par la Grande île en 2018, dont 91 % envoyés en Chine. Un volume qui a permis à Madagascar de concurrencer progressivement l’Inde, pays dans lequel également 22.000 enfants travaillaient pour le mica en 2016. Une situation similaire dénoncée par l’association Terre des Hommes, obligeant les dirigeants de ce pays, et les acheteurs des produits transformés, à prendre des mesures. Cette mise sous les feux des projecteurs de l’Inde, entre autres, semble avoir déplacé en partie le problème à Madagascar… Pendant que le volume exporté de l’Inde pour le minerai commençait à baisser, avec un prix à la hausse qui a triplé, Madagascar commençait à exporter plus, en divisant ces prix par deux, en une dizaine d’années.

https://www.nbcnews.com/news/all/army-children-toil-african-mica-mines-n1082916

https://www.terredeshommes.nl/sites/tdh/files/visual_select_file/tdh_mica_madagascar_rapport.pdf

- 02 12 19 - Le Monde - A Madagascar, la jeunesse verte éternelle oubliée se rêve en Greta Thunberg des minorités
A la veille de la COP25, une conférence des jeunes de l’océan Indien s’est tenue dans la Grande Ile, très exposée au changement climatique et pourtant rendue invisible. Madagascar a en effet été classée zone à risque en tant que septième pays le plus affecté par le changement climatique par le Global Climate Risk Index. Une menace que la jeunesse malgache veut à tout prix contrer. Cette réunion a permis de trouver des ambassadeurs pour Madagascar, mais aussi les Comores, Maurice, La Réunion, prêts à aller plaider la cause de leurs pays à Madrid. Les ambassadeurs sont aussi censés promouvoir les solutions locales et les essaimer. Mais si la COP25 des jeunes a été un succès local, l’après est nettement moins simple. « En plus de devoir trouver par eux-mêmes des financements pour le voyage, affirme un militant écologiste, les participants qui devaient se rendre à Madrid pour porter la voix des jeunes n’ont pas obtenu les accréditations promises par le gouvernement. » Au risque de demeurer les éternels oubliés.  « On fait partie des pays les plus vulnérables et, pourtant, lors des grosses négociations internationales, c’est souvent la jeunesse issue des pays développés qui est représentée, parce qu’ils peuvent se payer le voyage », déplore une participante.

 


 <> Articles particulièrement signalés - <>doc  Documents à valeur permanente
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JUSTICE ET DROITS DE L'HOMME à MADAGASCAR
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