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JUSTICE ET DROITS DE L'HOMME à MADAGASCAR
31 août 2013

REVUE DE PRESSE - AOUT 2013

33 CANDIDATS POUR L'ELECTION PRESIDENTIELLE DU 25 OCTOBRE, SANS LA PARTICIPATION D'ANDRY RAJOELINA ET DE LALAO RAVALOMANANA

La date du 1er tour de la présidentielle a été fixée par la CENIT au 25 octobre. Le second tour éventuel sera jumelé avec les législatives, le 20 décembre. La CENIT a évoqué la force majeure pour justifier le choix du 20 décembre qui se situe en période des pluies et qui constitue une entorse au code électoral. La CES a déclaré la demande recevable. Pour le SeFaFi, le choix d’un vendredi pour chacun des tours de la présidentielle fait problème. « La perspective de deux week-end prolongés ne pourra que favoriser les abstentions, ainsi que la manipulation des résultats », écrit-il. Certains redoutent également les difficultés de communication en période des pluies ne favorise, comme par le passé, les malversations. Le bouclage de la liste électorale est fixé au 9 octobre et la clôture du dépôt des dossiers de candidature pour les législatives au 13 septembre. L'opération d'octroi de carte d'identité nationale (CIN) a été suspendue fin juillet, les crédits alloués étant épuisés. 250.000 personnes attendraient encore leur CIN. Un décret est attendu depuis le début du mois pour débloquer un financement complémentaire. Un expert électoral estime que sur la base des projections de l’Instat, le nombre d’électeurs devrait avoisiner les 10 millions. Il considère qu’il manque encore près de 3 millions d’électeurs à l’appel.

En application des exigences de la communauté internationale, le gouvernement a adopté un texte qui permet le « retrait volontaire de candidature ou la révision de la liste des candidats par la CES». Il ouvre la voie à la « présentation de candidature de remplacement individuelle pour les concernés, sans possibilité de présentation de nouvelles autres candidatures ». Tous les chefs d’institution, les candidats et les signataires de la feuille de route, se sont vu offerte la possibilité de saisir la Cour. Le caractère irrévocable de la décision prise par la CES le 3 mai, arrêtant la liste des 41 candidats, comprenant une douzaine de candidatures illégitimes dont notamment celle d’Andry Rajoelina, de Lalao Ravalomanana et de Didier Ratsiraka, s’est ainsi trouvée battue en brèche.  Le caractère « irrévocable » de la décision initiale avait été mis en avant notamment par la ministre de la Justice.

La Cour électorale spéciale (CES) a été recomposée, conformément aux exigences du GIC-M. 11 de ses 19 membres représentent désormais les signataires de la feuille de route mais la majorité des personnalités désignées par les entités politiques sont des magistrats. Le siège attribué à la mouvance Zafy n’a pas été pourvu, comme l’avait souhaité l’ancien président. Les nouveaux membres de la CES se sont engagés lors de leur prestation de serment à rester impartiaux et à ne statuer qu'en vertu de la Constitution et des textes en vigueur, alors que les anciens membres de la CES avaient reconnu, dans leur décision controversée du 3 mai, avoir pris en considération la conjoncture politique. François Rakotozafy, représentant du Corps des magistrats, a été élu président. Son discours d’investiture a été perçu comme une manifestation de sa volonté de neutralité.

 

La Gazette 1708Alors que bien peu doutaient de la sincérité de ces déclarations, la CES a invalidé les candidatures d'Andry Rajoelina, Lalao Ravalomanana et Didier Ratsiraka. Le président de la Transition a déposé son dossier hors délai, les deux autres candidats n’ont pu justifier de 6 mois de présence sur le territoire avant la date limite de dépôt de candidature pour un scrutin initialement prévu le 24 juillet. Au total, 8 candidatures de l'ancienne liste de 41 noms ont été annulées par la Cour. La candidature de Camille Vital, ambassadeur à Genève, a été retenue, la Cour ayant estimé, en application des principes du droit international, qu’une ambassade constitue un prolongement du territoire national. La liste officielle provisoire comptait alors 32 noms. Du point de vue des juristes, la CES a regagné sa crédibilité en osant prendre des décisions conformes à la loi. Certains regrettent toutefois que la Cour n’ait pas eu le courage d’exclure les candidats qui figurent sur la liste 109 sanctionnés par l’UA pour participation au coup d’Etat de 2009. Peu avant cette décision d’exclusion, Andry Rajoelina avait refusé la requête du GIC-M  exigeant le retrait volontaire de sa candidature.

Les trois candidats écartés n’ont pas proposé de remplaçant mais un nouveau nom est apparu : celui de Hery Rajaonarimampianina, ministre des Finances et du budget, présenté par deux des candidats éliminés. L’intéressé est un fidèle d’Andry Rajoelina, il occupe ce département depuis le début de la Transition. Il avait été pressenti en avril pour être le candidat du parti TGV, au moment où le président de la Transition n’était plus candidat. Il avait été finalement écarté au profit du PDS de la capitale, Edgard Razafindravahy. Le parti TGV semble hésiter à faire son choix entre les deux hommes issus de ses rangs. Andry Rajoelina s’est contenté de rappeler que le PDS de la capitale avait été investi par son parti. Selon la LOI, des conseillers proches d’Andry Rajoelina, à commencer par l'homme d'affaires Mamy Ravatomanga, ne veulent pas entendre parler d'un soutien au PDS de la capitale, et militent pour que le président de la Transition et son parti appuient la candidature de Hery Rajaonarimampianina. L'un des candidats exclu de la liste par la nouvelle CES révèle qu’à l’annonce de son élimination, le bureau d'Andry Rajoelina l'a contacté pour lui demander de désigner le ministre des finances, Hery Rajaonarimampianina, comme son remplaçant, rapporte RFI. Dès l'annonce de la candidature de Hery Rajaonarimampianina, certains observateurs ont d’ailleurs indiqué qu'il s’agissait d’une manœuvre politique opérée par le président de la Transition.

La liste définitive des candidats compte de ce fait 33 noms, parmi lesquels trois ou quatre candidats « de poids » sont des proches du président de la Transition, Son rival, Marc Ravalomanana, n'en a pour l’instant aucun, suite de l'élimination de l'ancienne première dame. La mouvance semble désemparée par cette situation qui semble à l’avantage de son adversaire. La requête de Mamy Rakotoarivelo auprès de la HCC pour inconstitutionnalité de la décision de la CES excluant Lalao Ravalomanana a été jugée irrecevable. La mouvance a tenté d’organiser des manifestations de protestation mais a renoncé à deux reprises. Certains de ses membres menacent de boycotter la présidentielle, voire de se retirer de la feuille de route et des sphères dirigeantes de la Transition. La position définitive de Marc Ravalomanana se fait attendre.

La mouvance Ravalomanana n’aurait pas renoncé à exiger la désignation d’une candidature de remplacement à celle de l’ex-première dame. Le sujet serait à l’ordre du jour de ses négociations avec la SADC. Dans l’éventualité où cette requête serait acceptée par la communauté internationale au nom de l’inclusivité politique, le remplaçant serait un candidat « hors délai » au vu des textes en vigueur, comme l’avait été celle d’Andry Rajoelina… Accepter la demande du camp Ravalomanana pourrait ainsi amener à reconsidérer le cas du président de la Transition, en vertu du principe d’égalité, fait observer L’Express.La question se pose de savoir si ce n’est pas ce « deal » qui ferait l’objet des négociations en cours en Afrique du Sud. Un schéma qui remettrait en cause le calendrier électoral. En l'absence de candidat de la mouvance ou soutenu par celle-ci, la question de légitimité du futur élu risque de se poser, estiment des observateurs, qui redoutent une abstention massive et la réapparition de contestations post-électorales.

Pour La Nation, Andry Rajoelina s’éclipse momentanément du paysage politique pour préparer son avenir personnel - l’échéance de la présidentielle de 2018 serait déjà dans sa ligne de mire - et « préserver ses avoirs extérieurs », menacés par de possibles sanctions internationales. Il est parvenu à neutraliser Marc Ravalomanana et son épouse, ce qui constituait pour lui, à n’en pas douter, un objectif majeur, tant la haine entre les deux hommes est inextinguible. Le quotidien reproche au médiateur de la SADC, Joachim Chissano, de vouloir museler l’opposition. Dans un entretien accordé à l'Express de Maurice et à RFI, Andry Rajoelina affirme qu’« il n'y a « jamais de mort en politique ». Je suis convaincu, je suis persuadé, que je serai encore une solution pour Madagascar demain. Je reviendrai tôt ou tard pour le peuple malgache », ajoute-t-il, annonçant son projet de lancer, avec le concours d’experts internationaux, une réflexion sur l’avenir de Madagascar pour les 20 ans à venir.

Alors qu’Andry Rajoelina a déclaré son intention de ne pas contester la décision de la CES, Lalao Ravalomanana l’a rejetée. « La liste officielle des candidats retenue par la CES est une vraie farce pour les Malgaches », a-t-elle déclaré. Elle a tenté en vain d’obtenir l’autorisation de présenter un candidat de substitution alors que la liste définitive avait déjà été publiée. L’expression de satisfaction de la communauté internationale démontre la mainmise des étrangers sur les institutions telle la justice malgache à travers cette décision de la CES, estime Marc Ravalomanana. Dans un entretien accordé à L'Express de Maurice et à RFI, Andry Rajoelina affirme qu'il n'y a « jamais de mort en politique. Je suis convaincu, je suis persuadé, que je serai encore une solution pour Madagascar demain. Je reviendrai tôt ou tard pour le peuple malgache. En effet, aujourd’hui, bon nombre de citoyens comptent sur ma candidature, comptent voter pour moi », a-t-il soutenu. Pour L’Express, il semble que la position prise par Andry Rajoelina face au processus électoral ait trouvé écho à l'international. Joaquim Chissano, médiateur de la SADC, a récemment félicité Andry Rajoelina pour « ses efforts pour relancer le processus électoral ». Une preuve de reconnaissance pour son comportement, que le médiateur Chissano a qualifié de « patriotique ».

L’ordre des candidats sur le bulletin unique a été arrêté par la CENIT et les experts des Nations Unies. Il reprend celui de la liste précédente de 41 noms, après avoir retranché les candidats exclus ou qui se sont désistés. La CENI d’Afrique du Sud doit prendre en charge l’édition.

Le remplacement des membres du gouvernement candidats à l’élection présidentielle traine en longueur. Omer Beriziky préférait ne pas nommer de nouveaux titulaires pour faire assurer l’intérim par les secrétaires généraux. La question a été discutée avec le médiateur Joachim Chissano. L’enjeu s’est focalisé autour de deux départements : Développement-aménagement du territoire et Finances-budget. Le premier est une vice-primature occupée par un ancien compagnon de lutte d’Andry Rajoelina, qui s’est toujours attaché à garder dans son giron l’autre ministère-clé. Le ministre  des Affaires étrangères a posé ses conditions pour se démettre et celui des Affaires sociales a affirmé que bien qu’ayant déposé sa lettre de démission, il ne quitterait pas son poste. Le secrétaire général du ministère de l’Intérieur les a menacés de sanctions. Un accord aurait été trouvé entre les deux têtes de l’exécutif pour demander aux entités signataires de la feuille de route, qui avaient proposé les membres démissionnaires du gouvernement, de soumettre des noms pour leur remplacement. La mouvance Zafy, toujours aussi hostile à la conduite de la Transition, refuse désigner un remplaçant au ministre de la Fonction publique, issue de ses rangs. Le PDS de la capitale, Edgard Razafindravahy, candidat officiel du parti TGV, attend la désignation de son successeur pour abandonner ses fonctions.

Des rencontres ont été programmées entre les Eglises du FFKM et les représentants d’Andry Rajoelina, Albert Zafy, Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana, afin d’approfondir les principaux points des résolutions de la réunion initiée au CCI Ivato les 3, 4 et 5 mai. La décision de procéder à ces « rencontres préliminaires » a été motivée par la volonté d'avancer dans le processus de réconciliation, qui piétine en raison du blocage du retour d’exil de l’ancien président, prévu par la feuille de route. Le principe d’une rencontre entre les quatre présidents aurait été adopté par l’ensemble des participants. Le texte d’une « convention de paix et de sécurité » a été adopté mais n’a pas encore été signée par les représentants d’Andry Rajoelina. La « suggestion d'accord » a été remise aux responsables du FFKM à l’issue du conclave. Les participants devaient également soumettre la proposition à leurs chefs de file respectifs. La route semble encore longue pour les observateurs avant que le FFKM parvienne à réunir les quatre protagonistes autour d’une table. Marc Ravalomanana, mis en échec par les derniers développements, met plus que jamais ses espoirs dans les initiatives du FFKM. « La solution malgache reste la seule issue à la crise. Pourquoi ne reconnaît-on pas les efforts fournis par le FFKM ? », s’est-il demandé dans une intervention téléphonique destinée à ses partisans. Pour nombre de délégués à cette rencontre, la réconciliation nationale devrait être préalable aux élections. Pour la communauté internationale, en revanche, le processus ne doit pas constituer un préalable, il nécessite du temps et devra se poursuivre au-delà des échéances électorales.

Les agences de placement qui envoient des travailleurs à l'étranger se sont regroupées dans un syndicat. Elles contestent la décision de la primature interdisant désormais l'envoi des travailleurs à l'étranger, notamment, vers les Émirats. Le syndicat exprime son soutien au ministre de la fonction publique, Tabera Randriamanantsoa, qui ne reconnaitrait pas la décision de la primature. D’après la présidente du syndicat des professionnels diplômés en travail social (SPDTS), certains hauts responsables étatiques défendraient des intérêts personnels liés à ceux des agences de placement. Les expatriations se sont poursuivies postérieurement à la décision du chef de gouvernement. Les chefs d'agence de placement se déplacent dans les régions pour effectuer des recrutements. Plus de 1.200 candidates à l’émigration ont manifesté devant le ministère de la Fonction publique, du travail et des lois sociales leur désapprobation contre l’interdiction de s’expatrier dans les pays arabes. Les postulants ont été appuyés dans leur manifestation par des responsables des agences de placement. Des membres du CST réclament une enquête sur la poursuite des expatriations. Pour Tananews, la persistance du ministre Tabera Randriamanantsoa et des employés du ministère de la Fonction publique à envoyer des employées de maison en terre arabe suscite le doute sur la transparence des contrats établis avec les pays d’embauche. Certains parlementaires font le lien entre cette insubordination et la candidature du ministre à la présidentielle.

Le ministre de l’Intérieur, Florent Rakotoarisoa l’affirme : « Il faut exterminer les dahalo ; ce sont des terroristes ». L’insécurité se manifeste plus que jamais dans plusieurs villes et villages de la Grande Ile. Un affrontement entre les forces de l'ordre, des villageois et des dahalo a fait 73 morts à Esira, district d'Amboasary Sud, et à Ranomafana, district de Tolagnaro. 61 dahalo tués dans un village à 70 km de Tolagnaro. A Amboasary-Sud, le tristement célèbre bandit Rekamainty et ses comparses ont découpé en public 5 personnes à coups de hache. Des dahalo équipés d’arme de guerre ont exécuté un médecin à Beraketa. Le déploiement de forces spéciales dans des régions reculées et difficiles d'accès a donné lieu à des dérives, des exactions contre les civils et des destructions, selon des témoignages recueillis sur place. Une enquête internationale a été promise mais n’a pas été engagée, alors que rien ne semble être fait éviter un nouveau carnage. Un prêtre malgache en fonction dans le secteur de Tolagnaro  dénonce la corruption qui ne permet pas de déférer les dahalo devant les tribunaux. « La population a le droit d'être en sécurité », affirme l'administrateur civil Louis Robson Rakotomalala, ancien chef de district, qui vilipende les défenseurs des droits de l’homme dans le quotidien La Gazette. A Antsiranana, 77 jeunes délinquants (« foroches ») ont été arrêtés, 45 placés en détention provisoire. Membres d’une organisation illicite, ils semaient la terreur dans la ville depuis plusieurs mois. Le secteur du tourisme est malade du contexte d’insécurité grandissante. L’attrait touristique de la Grande Ile a été gravement affecté par la récente agression à la machette de trois Françaises à Nosy-Be. Plusieurs opérations de vengeance populaire ont été relatées dans les médias. Des malfaiteurs ont été brulés vifs.

SOMMAIRE

LA CRISE POLITIQUE

  • calendrier électoral, organisation des élections
  • La nouvelle CES et la publication de la nouvelle liste de candidats
  • Le projet de conférence au sommet du FFKM, le projet de « convention de paix »
  • Médiation de la communauté internationale, diplomatie

DROITS HUMAINS - GOUVERNANCE

  • Santé, éducation
  • Trafics humains
  • Insécurité
  • Litiges fonciers, expulsions
  • Gouvernance, justice, amnistie
  • Conditions carcérales, revendications des agents pénitentiaires
  • Liberté d'expression et de manifestation, médias

ECONOMIE - SOCIAL - ENVIRONNEMENT

  • Exploitation des ressources minières
  • Trafics de bois précieux
  • Environnement, calamités
  • Divers

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