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JUSTICE ET DROITS DE L'HOMME à MADAGASCAR
30 avril 2014

REVUE DE PRESSE - AVRIL 2014

Une semaine après avoir été désigné premier ministre, Roger Kolo, a formé son gouvernement, composé de 31 membres dont 6 femmes seulement. 7 des ministres ont déjà fait partie du gouvernement de Transition, 4 ont été reconduits dans des fonctions ministérielles. Roland Ravatomanga, chef de délégation de la mouvance Ravalomanana, reste au ministère de l’agriculture. Il est le seul représentant de sa mouvance, alors que celle-ci avait exigé au moins 5 portefeuilles. La présidence se réserve les ministères stratégiques. Deux candidats malheureux à la présidentielle et deux candidats recalés ont intégré l’équipe : Roland Ratsiraka, président du parti MTS, est nommé aux travaux publics, et Joseph Martin Randriamampionona alias Dadafara, est affecté au ministère de l’élevage. Les deux candidats recalés par la CES et ayant proposé Hery Rajaonarimampianina comme candidat de substitution sont nommés ministres. Le chef du gouvernement, se réserve le ministère de la santé, tandis que Roland Etienne Jules est désigné ministre de l’industrie, du développement du secteur privé et des petites et moyennes entreprises. Deux élus du Mapar, Jean de Dieu Maharante et Johanita Ndahimananjara, intègrent le gouvernement. Le premier, coordonnateur national de la plateforme, affirme que celle-ci reste unie, en dépit du fait que son groupement estime que la nomination du premier ministre est inconstitutionnelle. « Ces ministres représentent toutes les forces vives de la Nation, ce qui veut dire que j’ai mis en place un gouvernement d’ouverture» déclare le premier ministre. A noter cependant deux grands absents : le parti Vert de Sarah Georget et le parti de l’ancien premier ministre Camille Vital. Deux partis qui ont des députés à l’assemblée nationale, mais qui n’avaient pas soutenu Hery Rajaonarimampianina lors de la présidentielle. Le gouvernement est représentatif de l’équilibre régional. Le principe de « zéro redoublement » n’a pas été respecté à la lettre - la moitié des nouveaux ministres sont des têtes bien connues de la période transitoire et certains d’entre eux figuraient sur la liste noire des sanctionnés par la communauté internationale -, pas plus que la parité des genres, qui constitue l’un des objectifs du millénaire pour le développement. Pour certains observateurs, le chef de l’État paraît avoir pris soin d’écarter la politique des départements stratégiques, soit en les gardant sous sa tutelle, soit en y nommant des technocrates triés sur le volet. La Nation estime que nombreux sont ceux qui ne s’attendaient pas à voir certaines têtes connues pour leur passé peu recommandable être maintenus dans les allées du pouvoir. Une composition « qui tente de faire du neuf avec du vieux ». Un analyste évoque un « un gouvernement de reconnaissance », qui ne serait pas à la hauteur des presque trois mois d’attente après l’investiture de Hery Rajaonarimampianina et qui reflèterait mal le nouveau rapport de forces à l’assemblée nationale.

La Nation 18 04La constitution de la nouvelle équipe a donné lieu à un impressionnant mouvement de dépôts de CV : la primature aurait collecté 635 dossiers pour des portefeuilles ministériels. L’Express ironise sur cette manie, depuis la Transition, de postuler aux plus hautes fonctions « comme dans un salon pour jeunes diplômés ou une grande braderie. Tout le monde figure parmi les postulants : des repris de justice comme les délinquants du fisc, des opérateurs véreux, de même que des politiciens revenants que l’on croyait ensevelis par les vicissitudes de l’histoire et les affres de l’échec politique ».

Les premières réactions internationales à la constitution du gouvernement Kolo sont encourageantes. La présence d’anciens de la Transition dans les rangs de la nouvelle équipe n’a pas été évoquée. L’UE a été prompte à faire part de sa satisfaction, de même que l’ambassadeur de France. Les États-Unis, deuxième partenaire bilatéral de la Grande île, ont été plus longs à réagir mais le chargé d’affaires américain Éric Wong  a fini par reconnaître le gouvernement Kolo. Selon ses dires, cette reconnaissance réactivera les coopérations suspendues durant la crise, comme l’AGOA. « Je ne peux toutefois pas avancer que Madagascar est déjà réintégré dans l’AGOA, mais seulement que le pays est en bonne voie, car l’un des principaux critères est la bonne gouvernance », a tempéré le diplomate, insistant également sur « le respect des droits de l’homme ». La question du retour des exilés politiques, de même que celle de la réouverture des stations fermées durant la Transition continuent de préoccuper les Etats-Unis. Le GTT International-Genève s’est prononcé contre « la levée des sanctions sans conditions » par la communauté internationale. Il proteste contre les déclarations d’Andris Piebalgs, commissaire européen en charge du développement, concernant leur possible levée qui serait en contradiction avec l’Accord de Cotonou.  Il estime qu’aucun des engagements pris par les signataires de la feuille de route n’a encore été tenu. La question des îles Eparses embarrasse Hery Rajaonarimampianina. La revendication malgache sur ces ilots conservés par la France au moment de l’indépendance n’a pas encore eu d’impact diplomatique mais la question pourrait se transformer en un différend pétro-gazier majeur entre la France et Madagascar, avec des enjeux stratégiques, économiques et environnementaux. Pour l’heure, la constitution du gouvernement Kolo est considérée par un universitaire spécialiste des relations internationales comme une victoire diplomatique française et une revanche de la France sur les Etats-Unis, qui avait tout fait en 2002 pour délivrer Madagascar de la domination française.

Une session extraordinaire de l’assemblée nationale a été convoquée à la demande d’une majorité composée de députés de la PMP qui exigent l’adoption d’un nouveau règlement intérieur et la destitution du bureau permanent accaparé par les tenants du Mapar. Le principal enjeu est la mise sur la touche de la présidente, Christine Razanamahasoa, ancienne ministre de la justice du régime de Transition, réputée proche d’Andry Rajoelina. Au terme de la session, à l’issue de débats houleux entre la PMP et le Mapar, le nouveau règlement intérieur a été adopté. La composition du bureau permanent a été considérablement élargie. . La Gazette dénonce le doublement des membres de cabinets et des assistants parlementaires. La PMP est parvenue à ses fins, dans une ambiance marquée par la fatigue et la lassitude. Le nouveau texte a été transmis à la HCC pour avis. Une nouvelle session extraordinaire devrait être convoquée très rapidement pour procéder à l’élection du nouveau bureau permanent. La PMP a déjà désigné son candidat pour le perchoir.

Hery Rajaonarimampianina a pris une ordonnance imposant aux députés et à leurs proches le dépôt d’une déclaration de patrimoine auprès du Bianco et de la HCC. La HCC serait autorisée à prononcer la déchéance d’un député au cas où elle constaterait des anomalies ou des fausses déclarations. Les députés, toutes tendances confondues, se sont émus de ces nouvelles exigences qui, estiment-ils, constituent une atteinte à l’immunité parlementaire et seraient révélatrices d’une volonté de l’exécutif de les mettre au pas. Ils s’offusquent du fait que la présidence ait décidé de légiférer par voie d’ordonnance. Bon nombre de nouveaux élus seraient menacés par ces nouvelles dispositions à effet rétroactif, notamment ceux qui exercent une activité d’opérateur économique. . Pour L’Express, le texte devrait ravir l’opinion, après ces 5 années de transition où les « parlementaires » non élus avaient acquis une mauvaise réputation. Le quotidien estime qu’il s’agit d’une bonne initiative mais qu’il faudrait l’élargir aux autres institutions, particulièrement à la présidence et le gouvernement. Guy Rivo Randrianarisoa, député de la mouvance Ravalomanana, demande qu’on applique la règle à tout le monde, y compris au président de la République : « On verra alors comment il a financé sa campagne ». Dans le passé, les obligations de déclaration de patrimoine des élus n’ont jamais été suivies d’effet.

Le SeFaFi, observatoire de la vie publique, déplore que les politiciens évitent de se positionner en tant qu’opposants, soucieux qu’ils sont de profiter des opportunités offertes par le nouveau pouvoir. Pour La Gazette, le phénomène est d’autant plus étonnant que pour la première fois, la Constitution accorde un statut privilégié à l’opposition, créant un poste officiel de « chef de l’opposition » et octroyant d’office un fauteuil de vice-président de l’assemblée nationale à l’opposition. Madagascar a besoin d’une opposition crédible et d’une société civile vigilante afin de servir de balise aux éventuelles dérives de l'Etat, écrit le titre.

L’épidémie de SIDA progresse. Ledirecteur exécutif de l'ONUSIDA presse les autorités à mettre en place un programme adéquat car l’épidémie engendre des inégalités dans le traitement des porteurs du virus. Il annonce la reprise de son partenariat avec Madagascar après 5 ans de suspension. Le pays pourrait s’acheminer vers une explosion de l’épidémie du fait de son ouverture vers l’Afrique Australe, épicentre de l’infection. L’ONUSIDA déplore que les personnes atteintes soient encore victimes de stigmatisation et de discrimination. L’insécurité en milieu rural et dans les milieux enclavés poussent les médecins à déserter ces localités pour se concentrer vers les agglomérations

Le fléau de la prostitution des mineures inquiète les autorités. Le PDS de la capitale a décidé d’interdire le racolage passif en centre-ville. Les chiffres fournis par la police judiciaire d’Antananarivo sont effroyables. Les autorités insistent sur le fait que ces actions n’ont d’autre objectif que d’assurer la protection des mineures. Le symposium national des chefs coutumiers et des leaders traditionnels, initié par l’UNFPA, s’est mobilisé en faveur de la santé reproductive des adolescents. Il s’agit notamment de réduire le taux de mortalité maternelle et de lutter contre les rapports sexuels et les grosses précoces. L’USAID examine la possibilité de reprendre sa collaboration avec le gouvernement, suspendue depuis 2009.

« Toutes les formes d’esclavage moderne sont présentes à Madagascar », selon Jeannoda Norotiana, la très active présidente du SPDTS. « Madagascar fait encore partie des Etats qui font la traite des êtres humains sous toutes ses formes, dont la traite par le travail, la traite sexuelle, la traite en domesticité, la traite de mendicité, la traite de mariage forcée ou arrangée… », déplore-t-elle. Cette situation est devenue un fléau social favorisé par la vulnérabilité du système judiciaire, l’inexistence d’une protection sociale efficace et l’impunité dont jouissent certains auteurs. Le nouveau ministre de la fonction publique, du travail et des lois sociales entend reprendre en main le dossier brûlant de la situation des travailleurs émigrés. Le comité interministériel qui doit trancher sur le sort des agences de placement et l’envoi des travailleurs à l’étranger ne s’est toujours pas réuni.

Les méfaits commis par les dahalo en zone rurale continuent l’alimenter la chronique. « Les dahalo pillent, volent, violent et tuent sur toute l’étendue du district de Manja et des circonscriptions administratives limitrophes », s’alarme La Nation. Les attaquent se succèdent à un rythme inquiétant. Le PDS de Fianarantsoa, dénonce le comportement des forces de l’ordre dans la lutte contre les attaques de dahalo dans sa circonscription. Selon ses dires, les forces de l’ordre refusent de poursuivre les malfaiteurs. Les autorités semblent démunies face à cette escalade. Le sous-équipement des forces armées et non-respect de leur indépendance nuisent à la lutte contre l’insécurité, selon le général Richard Ravalomanana, commandant de la gendarmerie nationale. Les victimes parmi les dahalo, les villageois et les forces de l’ordre auraient atteint la centaine au cours du mois. La France est préoccupée par la sécurisation rurale et des zones touristiques, notamment sur l’île de Nosy Be, classée « zone orange » par le ministère des affaires étrangères. Le ministre de l’intérieur envisage d’installer des représentations fortes de l’État dans les communes et dans les démembrements de l’État, afin d’assurer plus efficacement le maintien de l’ordre. « C’est un défi. Les forces de l’ordre et les vigiles des villageois ne devraient plus être seuls dans la lutte contre l’insécurité », souligne le ministre.

Le DG sortant du Bianco se pose des questions sur l’efficacité de la politique de lutte contre la corruption engagée par le nouveau président qui semble vouloir laisser impunis certains crimes et délits passés, comme il l’a déclaré à plusieurs reprises. Les trafics de bois de rose perdurent. Le nouveau ministre de l’environnement, de l’écologie et des forêts prône la fermeté mais certains observateurs se disent préoccupés par la nomination de cette personnalité mise en cause dans divers rapports sur les bois précieux. Le premier ministre sortant, Omer Beriziky, a remis une liste des trafiquants au président en marge de la cérémonie de passation de pouvoir à son successeur. Il a à maintes reprises avoué son impuissance à juguler les trafics, en raison probablement du fait que les malfrats sont étroitement liés à des anciens ténors du régime. Jean Omer Beriziky a mis en garde son successeur : le département est suivi de très près par les bailleurs de fonds et partenaires économiques de la Grande Île. Le tribunal de Toamasina a révélé une liste de 76 trafiquants compromis dans 10 affaires de trafic depuis 2009. La question est désormais de savoir si le nouveau décidera de « passer l’éponge »…

L’invasion acridienne a touché les abords de la capitale. Toutes les régions sont envahies et les populations risquent la famine si ce fléau n’est pas traité à temps. Plusieurs régions ont été ravagées à près de 70%. Les pertes dues aux criquets pour la saison 2012/2013 varient de 10 à 40% sur les cultures de riz dans 17 des 22 régions. La FAO se veut néanmoins optimiste : la situation serait maîtrisée et l’invasion actuelle ne devrait avoir « aucun impact grave sur le plan national ». L’organisation est toujours à la recherche de financements : elle n’a pu collecter jusqu’à présent que 29 millions de dollars sur les 44 requis. Des inquiétudes se font jour sur l’impact des traitements sur la santé humaine et l’environnement.

 

SOMMAIRE

POLITIQUE

  • Préalables à la désignation du nouveau premier ministre
  • Nomination du premier ministre Kolo Roger et formation du gouvernement
  • HCC
  • Assemblée nationale - La question de la destitution du bureau permanent
  • Diplomatie, coopération
  • Divers

DROITS HUMAINS - GOUVERNANCE

  • Santé publique
  • Droits des femmes, esclavage moderne, traite des êtres humains
  • Réconciliation, amnistie, insécurité, forces de l’ordre
  • Gouvernance

ÉCONOMIE - SOCIAL - ENVIRONNEMENT

  • Ressources minières et halieutiques, questions foncières
  • Trafic de bois de rose et de ressources naturelles
  • Environnement, calamités
  • Bailleurs de fonds
  • Divers

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