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JUSTICE ET DROITS DE L'HOMME à MADAGASCAR

29 septembre 2018

ARTICLES REMARQUES - SEPTEMBRE 2018

<> 29 09 18 - SeFaFi - L'élection présidentielle, un test de maturité démocratique
Le SeFaFi a tenu une conférence de presse pour faire le point sur les affaires nationales. Selon lui,l’élection d’un président ne suffit pas à garantir la bonne marche des affaires étatiques. « Les législatives et les communales constituent même les échéances électorales les plus importantes : elles permettent d’élire les représentants de la population chargés d’élaborer et de voter les lois de la République (législatives), ainsi que les responsables qui fourniront aux citoyens des services administratifs de proximité (communales). Devraient aussi enfin suivre les élections régionales et provinciales. Il est donc crucial de se pencher dès maintenant sur l’organisation de ces scrutins dont les échéances s’approchent à grands pas ». Les parlementaires devraient également donner la priorité à leur tâche de législateurs, même pendant la campagne électorale - y compris le président de l’Assemblée nationale. Car celui-ci, même s’il semble être la seule personnalité que les textes n’obligent pas à démissionner en se portant candidat, aurait dû le faire par souci d’éthique et de parallélisme des formes, poursuit le SeFaFi qui émet aussi ses craintes en soulignant qu’avec 36 candidats en lice, des dérives sont à redouter si le scrutin n’est pas bien encadré. Chaque électeur devrait avoir accès à leurs programmes respectifs dès l’ouverture de la campagne, afin de pouvoir se forger une opinion et affiner son choix sur des bases rationnelles, loin des coups d’éclats et des spectacles divers. L’Observatoire appelle les citoyens à un vote responsable : « osons sanctionner par le vote, ne laissons pas les autres bourrer les urnes en votant à notre place », lance-t-il.

<> 18 09 18 - Collectif Tany - Les communautés locales s'opposent à la construction d'un barrage hydro-électrique
Le projet de barrage hydroélectrique d’Hydelec, filiale du groupe italien Tozzi Green, provoque une levée de boucliers dans les cinq fokontany concernés sur trois communes des districts d’Antsirabe et de Fandriana. Ce barrage de 53 m de haut va provoquer le déplacement de milliers de familles, la disparition de près de 2 000 ha de cultures, la destruction d’établissements scolaires, de centres de santé et d’édifices religieux. La société civile et les Eglises soutiennent les manifestations organisées par la population et dénoncent le manque de concertation de l’initiateur du projet avec les habitants. La situation est tendue depuis l’arrivée en juillet des ouvriers venus procéder à l’étude géophysique. Le Collectif Tany lance un appel au soutien des populations concernées et de leurs défenseurs

- 17 09 18 - Lettre de l'océan Indien - Davaï Davaî - Les Russes fondent sur les ressources

Faisant le pari que Hery Rajaonarimampianina sera présent au 2e tour, les Russes agiraient pour que les « petits » candidats se rallient à lui et intègrent un gouvernement de coalition. Ils auraient par ailleurs eu de nombreux contacts avec le président sortant durant l’été en vue d’introduire des intérêts russes dans de grands projets miniers. De contacts auraient été pris avec une dizaine de « petits » candidats à qui aurait été proposé un financement, parmi lesquels Didier Ratsiraka. Ils avaient été les invités d’un forum économique international qui s’est tenu à Ivato au mois d’août, financé en sous-main par les Russes. Dès le lendemain, ils auraient été sollicités pour signer la déclaration demandant le report de la présidentielle pour accorder un sursis à Hery Rajaonarimampianina et lui laisser plus de temps pour préparer sa candidature. Gilbert Dailly, conseiller du président, aurait facilité la venue début septembre d’une délégation militaire russe en vue de la signature de marchés. Les Russes s’intéresseraient aussi à des blocs pétroliers du canal du Mozambique non encore attribués ou qu’ils souhaiteraient se voir réattribués et feraient pression pour que soit rouvert le dossier des îles Eparses par les candidats. Gilbert Dailly aurait en outre permis le rachat discret par les Russes de la société d’Etat Kraoma. La LOI croit savoir que la Russie s’intéresse au rachat de Toliara Sands en alimentant la campagne de dénigrement du projet. A noter enfin que des jeunes HVM ont bénéficié d’une formation à Moscou dans le courant de l’été.

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13 09 18 - Grain & Collectif Tany - L'expansion de Daewoo dans l'agrobusiness à l'étranger

Il y a dix ans, les journaux du monde entier se faisaient l’écho d’une histoire choquante : une filiale de Daewoo Logistics, Madagascar Future Enterprise Corp., était en train de négocier avec le gouvernement de Madagascar un bail de 99 ans pour 1,3 million d’hectares de terre arable, presque la moitié des terres arables du pays. La société prévoyait de cultiver du maïs et des palmiers à huile dans quatre régions de l’île pour les renvoyer en Corée du Sud où ils serviraient à la production d’aliments pour animaux et de biocarburant. Aujourd’hui on a oublié la faillite de Daewoo Motors en 1999 et l’entreprise sud-coréenne Daewoo, l’un des plus grands conglomérats mondiaux, continue à étendre un empire économique fondé sur l’industrie et le commerce aussi bien que sur les ressources naturelles comme le pétrole et le gaz, les minéraux et l’alimentation. Selon le Collectif Tany, Daewoo s’intéresse toujours aux activités d’agrobusiness à Madagascar. Le fait que la Corée du Sud ait installé une ambassade à Madagascar en juillet 2017 confirme l’intention du gouvernement de relancer ses projets. Un rapport de 2013 soulignait la force des liens qui unissent le groupe Daewoo et le gouvernement sud-coréen. C’est pourquoi le Collectif Tany a écrit une lettre ouverte à l’ambassadeur de Corée à Madagascar, Kim Kwon-il en janvier 2018, demandant ce qu’il en était du projet agricole de 2008 et ce qui a été promis en échange des nombreux « cadeaux » et investissements sud-coréens concernant d’autres projets à Madagascar, dans le secteur des mines, de l’agriculture, de la pêche ou de l’énergie renouvelable.

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  05 09 18 - Communiqué Tany - Craad-O I- MaZoTo - Reprise de l'exploitation aurifère de la société chinoise MLSG à Vohilava
Inquiétude concernant la reprise de l'exploitation aurifère illégale de la société chinoise Mac Lai Sime Gianna (M.L.S.G.) à Vohilava (district de Mananjary),
fermée le 30 décembre 2017 par la police des mines. Cette mesure avait été prise après plusieurs épisodes marquées par des manifestations populaires de protestation contre les effets catastrophiques de cette exploitation sur l'environnement, la santé et les moyens d'existence de la population locale. La population proteste contre une reprise constatée toutes les nuits entre le 6 et le 23 août. La reprise a coïncidé avec la venue dans la nuit du 3 août de quatre membres de la police des mines qui a annoncé au fokonolona qu’une autorisation de reprise de l’exploitation avait été accordée et qu’ils avaient pour mission de retirer les scellés sur le matériel. Après vérification, il s’avère que leur mission devait se limiter au contrôle, à la constatation, vérification, évacuation et répression des infractions minières. La population de Vohilava et des autres communautés riveraines ont organisé une manifestation le 25 août pour contester la reprise de ces activités. Une plainte a été adressée aux autorités.

 

 

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 <> Articles particulièrement signalés - <>doc  Documents à valeur permanente

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31 août 2018

REVUE DE PRESSE - AOUT 2018

Le Conseil du Fampihavanana malagasy (CFM) a élaboré une proposition de charte d'apaisement à distribuer aux candidats à la présidentielle. Cette charte contient entre autres des règles liées à l'éthique et à la morale, ainsi que les obligations des candidats vis-à-vis de la loi.

Le KMF/CNOE a lancé un appel à une collaboration entre le Bianco et le Samifin pour contrôler l’origine des fonds de campagne des candidats. Une recommandation qui nécessiterait que soient amendés les textes qui régissent le fonctionnement de ces deux organes, selon Midi. Après des atermoiements une longue attente, les membres de la Commission de contrôle du financement de la vie publique ont été nommés par décret. Les candidats et les partis qui les soutiennent devront posséder un compte unique de campagne couvrant la période des 6 mois précédant le scrutin. Une disposition qui ne sera pas appliquée puisque cette exigence ne prendra effet qu’à la date limite de dépôt des candidatures, le 21 août, pour une élection dont le 1er tour est prévu le 7 novembre. Les dépenses engagées dans le cadre de la pré-campagne ne seront donc pas contrôlées. A noter en outre que les fonds de campagne ne sont pas plafonnés. Le mouvement de la société civile Rohy interpelle lui aussi sur les enjeux de la transparence des fonds de campagne des candidats. Sources et montants doivent être portés à la connaissance de tous selon lui. L’absence de plafonnement des dépenses de campagne autorisera selon lui une débauche de moyens de la part de certains candidats et pourrait ouvrir la voie à des achats de vote. Rohy requière une attention toute particulière sur le financement étranger des campagnes et leurs éventuelles contreparties.

Le coût de la campagne présidentielle de 2013 aurait été le plus élevé au monde par voix obtenue, selon une étude de l’UE de 2016 passée inaperçue et publiée sur sa page Facebook par la Fondation politique allemande Friedrich Ebert. Hery Rajaonarimampianina aurait ainsi dépensé 43 millions de dollars pour sa campagne, soit 21,5 dollars par voix obtenue.

nm 30 08 18Les membres du gouvernement ont été interdits de meeting politique durant les campagnes. La HCC a émis cet avis suite à la requête déposée le 17 juillet par le premier ministre aux fins d’interprétations des dispositions de la Constitution. Les trois grandes formations politiques HVM, TGV/Mapar et TIM devraient théoriquement se passer de certains de leurs leaders, ministres en exercice, mais la presse note que certains d’entre eux ont déjà largement participé à la pré-campagne, qui ne fait l’objet d’aucun encadrement. Le chef de l’Etat et ses ministres se rependent en inaugurations tous azimuts avant l’entrée en vigueur de ces dispositions.

L’utilisation d’hélicoptères pour la collecte des résultats a été confirmée. L’Afrique du Sud affrètera les appareils. Ils seront prioritairement déployés dans les zones enclavées et dans lesquelles la sécurité n’est pas assurée.

La requête du HFI de Pety Rakotoniaina déclarée irrecevable par la HCC. Le mouvement avait saisi son président pour demander l’avis de la Cour sur la juridiction compétente pour juger Andry Rajoelina, accusé d’avoir prolongé la période de transition pour se maintenir au pouvoir et de s’être enrichi illicitement par divers trafics. D’autres requêtes ont été déposées pour obtenir l’annulation des candidatures de Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, accusés d’avoir fomenté des coups d’Etat en 2001 et 2009, ainsi que celles de l’ancien ministre Paul Rabary et du dirigeant de l’Eglise Apokalipsy, le pasteur Mailhol. Des requêtes qui n’ont, elles aussi, aucune chance d’être prise en compte car non conformes aux textes en vigueur.

Redoutant la survenue d’une nouvelle crise postélectorale, la SADC appelle toutes les parties à la retenue et à la préservation d’un « environnement pacifique ». Des émissaires de la SADC sont attendus dans la Grande île début septembre. Comme à l’accoutumé, ces visites sont perçues comme une immixtion de l’organisation régionale dans les affaires de la Grande île.

Le SeFaFi s’en est pris sévèrement à la HCC de Jean-Eric Rakotoarisoa, ancien membre de ce même Observatoire. Il lui est reproché de jouer un rôle excessif dans la vie de la nation, d’être budgétivore et d’excéder ses prérogatives en rendant des avis politiques. Il est hautement souhaitable, déclare le SeFaFi, « qu’elle respecte pour elle-même et qu’elle fasse respecter par les autres le verdict des urnes et la sincérité du prochain scrutin »

Le dépôt de candidature à la présidentielle s’est ouvert en début de mois. A la clôture, le 21 août, 46 dossiers avaient été déposés à la HCC. 10 dossiers non conformes ont été invalidés mais aucun obstacle n’a été mis à la candidature de Marc Ravalomanana et d’Andry Rajoelina. En avril, c'est la crainte d'une invalidation des dossiers de ces candidats qui avait été à l'origine des manifestations de l'opposition et de la crise politique. 36 candidats participeront donc officiellement à la course à la magistrature suprême. Pour Tribune et Midi, la présidentielle 2018 s’apparentera à un règlement de compte à hauts risques entre Ravalomanana, Rajoelina, Rajaonarimampianina et Ratsiraka. Un affrontement direct entre les deux premiers que la communauté internationale avait interdit lors de la dernière présidentielle. Cette élection devra également permettre à Andry Rajoelina de régler son différend avec l’actuel président de la République que ses partisans ont accusé de traitrise alors qu’ils l’avaient propulsé à la magistrature suprême lors de l’élection de 2013. Didier Ratsiraka, âgé de 82 ans, a créé la surprise en déposant in extrémis sa candidature.

La publication de la liste officielle des candidats et l’attribution par tirage au sort des numéros d’ordre sur le bulletin unique a sonné une entrée fracassante des protagonistes dans cette nouvelle phase de la pré-campagne. Les meetings s’enchainent à un rythme effréné, les inaugurations se multiplient et les promesses fusent, les insultes réciproques également. Tous les ministres sont mobilisés, aucune des restrictions imposées par la loi électorale ne s’appliquant à cette période dite de « pré-campagne » qui se poursuit et s’accélère. Pour Midi, nombre de petits candidats se présentent avec pour seul objectif de marchander leurs voix lors du second tour en vue d’obtenir par la suite un poste ministériel. Certaines formations politiques chercheraient tous les moyens pour éviter un « premier tour dia vita ». Une manœuvre de dispersion de voix permettant de négocier des ralliements.

la gazette 20 08 18Le rassemblement pastoral de l’Eglise protestante FLM à Antsirabe a donné la parole à Andry Rajoelina. Hery Rajaonarimampianina et Marc Ravalomanana quant à eux se sont retrouvés à Toamasina dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’Eglise FJKM. Les trois candidats rivalisent d’attention à l’égard des Eglises chrétiennes. Le FFKM a dressé le portrait-robot du président qu’elle appelle de ses vœux. Il exhorte les citoyens à se rendre aux urnes et « à faire le bon choix ». L’élu devra être une personnalité dotée de grande piété, prête à servir la nation et le peuple, ayant déjà fait ses preuves et disposée à redresser le pays ; une personne d’ouverture qui accepte de collaborer avec toutes les mouvances et enfin une personnalité intègre, loyale et honnête.

Une dizaine de candidats dont le dossier a été validé envisageraient de décréter un boycott de la présidentielle pour protester contre l’absence de contrôle de la CENI et de la HCC sur les abus et « dérapages » commis par certains gros candidats. Ils reprochent également à l’Etat son impuissance à contrôler les moyens matériels et financiers déployés par certains candidats et notamment son refus de d’interdire les financements étrangers.

Les préoccupations relatives à l’insécurité ont encore été très présentes dans les médias, qui font état d’attaques de coupeurs de route et d’exactions commises par des bandes de dahalo, accompagnées parfois de prise d’otages. Des touristes ont été attaqués par des dahalo dans leurs hôtels. 27 écoles de cinq zones d’administration pédagogique de Tsaratanàna ont été fermées depuis mars en raison de l’insécurité. Une situation qui s’est répercutée dans certaines zones sur les résultats à l’examen du CEPE. Des affrontements sanglants entre deux villages de la région Anosy ont fait 14 morts. Plusieurs cas de vindicte populaire ont encore été signalés. Selon la CNIDH, des frustrations publiques couvent et déclenchent une colère collective grandissante, d’où une effrayante multiplication des actes de vindicte populaire, tant dans les agglomérations qu’en milieu rural.

Un conflit a opposé la police nationale et la communauté locale d’une aire protégée dans le district de Farafangana. La population dénonce le comportement des agents du commissariat qui se livreraient à des arrestations abusives et maintiendraient des prévenus en détention préventive hors cadre légal. Des détenus auraient été battus pour obtenir des aveux.

Plusieurs enlèvements contre rançon sont encore à déplorer. Une pratique qui tend à se banaliser et à ne plus se limiter à la communauté indo-pakistanaise. Des enfants ont été pris en otage.

Les forces de l'ordre ont contrecarré un projet de kidnapping lors d'une course poursuite et d'échanges de tirs avec cinq membres d'un gang lourdement armé. Six individus dont trois sont suspectés d'être les auteurs principaux du rapt des quatre ouvriers de la Kraoma à Tsaratanàna ont été arrêtés par les forces de l'ordre.

Un accord a été conclu entre Madagascar et la France en vue de lutter contre l’insécurité et les kidnappings.

Le Pôle anti-corruption (PAC) d’Antananarivo entre en action. En liaison avec le Bianco, la nouvelle juridiction doit prendre en charge cinq importants dossiers que la Chaîne pénale, à laquelle elle succède, n’avait pas pu finaliser. Une partie d’entre eux concernent l’ex-conseillère de la présidence Claudine Razaimamonjy et ses prête-noms mais pour la HCC, la procédure engagée à l’encontre de Jean Razafindravonona, ancien ministre des finances et du budget impliqué dans l’affaire, est contraire à la Constitution. Jean Razafindravonona est justiciable devant la Haute Cour de Justice (HCJ) récemment mis en place.
Un appel à candidature a été lancé pour la constitution du 2e PAC qui devra être implanté à Toamasina et être opérationnel avant la fin de l’année.

L’ACAT Madagascar dénonce les conditions carcérales. L’association a effectué une enquête à la maison carcérale d’Antanimora, mettant en évidence que près de 50 % des détenus interrogés n’ont pas encore été jugés. La plupart d’entre eux ont été placés sous mandat de dépôt et certains ne connaissent même plus la date de leur incarcération.

La CNIDH demande instamment au nouveau ministre de la sécurité publique de signer les ordres de poursuite nécessaires pour que les crimes perpétrés par les fonctionnaires de police ne restent pas impunis. Aucun ordre de poursuite n’a en effet été signé, ce qui bloque l’ouverture des poursuites judiciaires. La Commission se dit prête à collaborer avec les entités concernées pour se pencher sur l’opportunité et les moyens d’abolir cet obstacle flagrant à l’effectivité de dispositions fondamentales de la Constitution.

Le vice-président du SMM et président de la Solidarité syndicale de Madagascar (SSM), informe qu’il portera plainte contre la primature pour non-application de décision du tribunal concernant les syndicalistes grévistes d’Air Madagascar et de la Jirama qui n’ont pas encore été autorisés à réintégrer leur poste.

Selon des études de performances fiscales, la dégradation de la gouvernance au cours des dix dernières années aurait réduit la croissance économique de Madagascar d'au moins 0,5 % par an.

Suite à de suspicions de malversations, le directeur général et le directeur administratif et financier de l’ENMG ont été remplacés. Les responsables limogés font l’objet d’une enquête. Les candidats au concours de l’ENMG devront attendre les conclusions des investigations en cours pour connaître la date de reprise du processus de recrutement.

Affaire de corruption impliquant la Croix-Rouge malgache : le Bianco se saisit du dossier. La Croix-Rouge norvégienne avait suspendu sa coopération au mois d’avril après publication d’un rapport relatant de graves faits de corruption de la part son partenaire.

pov 20 08 18Le gouvernement a annoncé vouloir créer un centre d'enfouissement de déchets médicaux radioactifs, provoquant une vive inquiétude dans les médias et les réseaux sociaux. Wake Up Madagascar s’interroge sur le sort actuellement réservé aux déchets radioactifs hospitaliers.

Un enfant de moins de cinq ans sur deux est affecté par un retard de croissance dû à la malnutrition chronique. De ce fait, la Grande île perdrait chaque année 14,5 % de son PIB, soit 1,5 milliard de dollars.

Insécurité alimentaire : le Grand Sud en situation de crise - Appel du PAM pour une intervention rapide. Les communautés commencent à entrer dans une phase de crise alimentaire qui risque de s’aggraver si des actions de réponse coordonnées ne sont pas menées au plus vite. « Il faut agir vite et ensemble pour répondre à la situation de crise actuelle, mais également, préparer la résilience en vue d’affronter les mois et les années à venir », affirme la représentante du PAM, Fatimata Sidibe.

Trois ressortissants chinois ont été arrêtés pour agression sexuelle, tentative de viol et abus de pouvoir sur leurs employéesmalgaches.

Vente de jeunes filles malgaches en Chine : un important réseau démantelé. Cinq Malgaches ont été interpelés. Les victimes avaient pu entrer en contact avec leur famille via les réseaux sociaux. Ces jeunes filles une fois arrivées à destination ne se sont pas vues proposé de travail mais ont été mariées de force et violentées. Le réseau aurait déjà vendu une dizaine de filles depuis août 2017.

Corruption basée sur le genre : le Bianco en appelle à la diligence des victimes. Ce type de corruption n’est jamais évoqué au grand jour mais les abus sexuels subis par une employée de la part de leur supérieur hiérarchique sont monnaie courante, aussi bien dans le secteur privé que dans le public et connaitraient une recrudescence, selon une enquête menée avec le concours du Pnud. Ces pratiques concernent également des hommes et des enfants. Le Bianco va participer à l’élaboration de plans d’action. Les victimes sont exhortées « à dénoncer » et « à porter plainte ».

Campagne électorale : l’accès aux médias publics et privés réglementé. Le principe de l’égalité s’appliquera aux médias relevant du service public, le principe de l’équité devra être observé par les médias privés, explique le vice-président de la CENI. Concernant les médias privés, aucune discrimination ne pourra être opérée entre les candidats en mesure de prendre en charge financièrement le coût des créneaux horaires qui leur seront réservés. Les chaînes publiques donneront la parole à tous les candidats mais ces émissions seront payantes. Les candidats qui n’ont pas les moyens devront attendre les émissions gratuites organisées avec la CENI et qui garantiront l’égalité de chances de tous les candidats.

La CNIDH a conclu avec l’Office de la Radio-Télévision Publique de Madagascar (ORTM), un protocole d’accord sur la protection et la promotion des droits humains. L’objectif, selon la présidente de la CNIDH, est de pouvoir faire connaître ses actions et particulièrement rendre publics ses avis et recommandations.

Pov 24 08 18Le projet Toliara Sands contesté. Des organisations de la société civile dénoncent depuis des années ce projet minier qualifié de destructeur de l’environnement et des moyens d’existence des communautés locales. Le député de Toliara dénonce les « mensonges » de ses porte-paroles. Il évoque des risques graves pour la santé publique en raison de la radioactivité générée par l’exploitation de certains produits. Avec l’artiste Théo Rakotovao alias Mikea et les membres de l’association des natifs de la ville de Toliara et de la tribu Masikoro il a pris l’initiative d’une importante manifestation dans la capitale du Grand Sud. Les contestataires du projet font référence aux dégâts sociaux et environnementaux que subirait Tolagnaro du fait de l’exploitation e l’ilménite par QMM. Pour L’Express, « une contre-expertise par des organismes indépendants est plus que souhaitable ». Le quotidien suspecte d’éventuels dessous politiques dans ces manifestations d’opposition au projet, qui risquent de compromettre le chronogramme de démarrage de l’exploitation, prévu pour 2020/2021.

L’EITI exige la publication des informations exhaustives sur les revenus de l’Etat issus des industries extractives, ainsi que sur les paiements significatifs versés par les sociétés pétrolières, gazières et minières. Une demande d’informations supplémentaires pour les quatre sociétés à participation de l’Etat fait partie des recommandations émises par l’EITI International. L’ONG Taratra a exhorté l’Etat à appliquer une loi rendant obligatoire la publication de ces rapports par les sociétés concernées. Elle incite la société civile à lire tous les rapports de l’EITI pour un enrichissement des débats sur la contribution du secteur extractif au développement du pays.

Vers une recrudescence des trafics de bois de rose à l’approche de la présidentielle ? « À Madagascar, les négociants en bois de rose sont des faiseurs de rois, abattant non seulement les arbres mais aussi les gouvernements », affirme une importante enquête menée par l’OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project). Suite à la publication de ce rapport qui révèle que les trafics de bois de rose se poursuivent, l’Alliance Voahary Gasy (AVG) et Transparency International (TI) réclament la disqualification de trois candidats à la présidentielle, Marc Ravalomanana, Andry Rajoelina et l’actuel chef de l’Etat. Les deux organisations exhortent tous les candidats à faire connaître publiquement leur position sur la question et à préciser les mesures qu’ils préconisent pour mettre un terme définitif à ces trafics. Elles se déclarent opposées à la vente des stocks saisis et déclarés par les particuliers que le gouvernement souhaite organiser avec le soutien de la Banque mondiale, alors que la plupart des mesures préconisées par la Cites pour combattre ce fléau n’ont pas été mises en œuvre. TI et l’AVG exigent que le gouvernement respecte ses engagements en matière d’investigations et d’enquêtes, afin que ce « crime environnemental international » ne reste pas impuni.

Les exportations d’or encadrées par l’Agence Nationale de l’Or ont fortement chuté en juillet. En cause, l’obligation rappelée par l’administration aux opérateurs de rapatrier les devises issues de ces transactions. La volonté de l’Etat d’instaurer la transparence dans cette branche semble effrayer certains opérateurs. Ayant des craintes pour leur sécurité, les détenteurs de fonds préfèreraient opérer dans l’ombre.

Madagascar victime de la culture sur brûlis, montrent des satellites américains haute résolution. La Grande Île est parsemée de points rouges et de nombreuses fumées dans le centre du pays. Les points de feu de brousse recensés ont presque doublé en un an.

La biodiversité du pays est en grand danger, rappelle RFI. Cyclones de plus en plus intenses, perturbation de la saison des pluies, calendrier cultural bouleversé… La population subit déjà les impacts du changement climatique.

Vente de carbone : 70 millions de dollars escomptés. Le programme national de réduction des émissions de gaz à effet de serre ayant été approuvé en juin, Madagascar a la possibilité de vendre 13,7 millions de tonnes de carbone, pour un montant de 70 millions de dollars sur 5 ans. Un décret REDD+ est en préparation pour réglementer les mécanismes internes.

Bras de fer entre la population locale et l’organisme gestionnaire du parc national des Tsingy de Bemaraha. Le litige porte sur le versement de 50 % des droits d’entrée à la commune de Bekopaka, qui prétend ne pas bénéficier des retombées de cette activité pour son développement. Des négociations se sont engagées entre les villageois, les autorités et les différents acteurs. Dans l’attente d’un règlement, les responsables locaux ont décidé de retirer temporairement à Madagascar National Park la gestion du parc. Un accord a été finalement trouvé entre toutes les parties prenantes. La commune sera plus étroitement associée à la gestion du parc et des engagements ont été pris pour la réalisation de diverses infrastructures communales.

Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), en partenariat avec le ministère de l’environnement, a lancé un projet de mise en place d’un Observatoire intégré sur la santé et l’environnement (CHEMOBS). Il pourrait, dans une certaine mesure, accompagner la mise en place prochaine d’un centre de stockage de déchets radioactifs d’origine médicale dont l’annonce a soulevé une grande inquiétude.

Sécurisation foncière. Le ministère de l'aménagement du territoire et des services fonciers annonce que les terres occupées mais non immatriculées et/ou cadastrées sont désormais considérées comme des propriétés privées non titrées et pourront être certifiées auprès des communes à travers les guichets fonciers.

La loi sur les Zones économiques exclusives (ZES) a été déclarée par la HCC conforme à la Constitution après réécriture de plusieurs articles. La loi est contestée par la société civile, à l’instar du Collectif Tany qui considère qu’elle ouvre la voie à l’accaparement des terres. Madagascar devrait compter à terme quatre ZES. Pour « Emergence de Madagascar », qui soutient Andry Rajoelina, « le régime actuel des ZES est une grande perte pour Madagascar ». La souveraineté de l’État serait amputée avec ce régime légal trop ouvert aux Etats et entreprises étrangères. Le CRAAD-OI et le Collectif Tany demandent que la loi sur les ZES ne soit pas promulguée. Les deux organisations jugent « qu’il serait plus raisonnable et dans l’intérêt de tous, y compris du président-candidat et de ses proches, que cette loi ne soit pas promulguée, ni avant les élections ni après ». De sérieuses questions se posent, selon eux, sur la séparation du territoire malgache en plusieurs « Etats ZES ». Les accaparements de terre et la perte de la souveraineté nationale restent présents dans le texte validé par la HCC.

Le Collectif Tany a lancé un appel à la vigilance pour faire obstacle à la réalisation d’un projet portant sur la réaffectation de 138 ha de terrains sur la commune d’Andranofotsy (district de Maroantsetra), conduisant à l’expulsion des propriétaires et des occupants.

La CNIDH dénonce des expulsions massives organisées dans la région Sava par de riches opérateurs économiques malgaches e/out étrangers, avec la complicité des autorités. Dans un fokontany, 2 000 personnes auraient été expulsées et leurs habitations détruites sous la protection des forces armées. Dans une autre localité, des centaines d’occupants d’un terrain de 53 ha subissent les menaces et représailles d’un opérateur chinois qui se l’est octroyé.

L’accaparement de terrains dans la région Sava est aussi le fait des Malgaches qui affluent dans la région, attirés par l’eldorado de la vanille et ses retombées économiques, rapporte Midi. Un phénomène d’émigration interne en provenance du Sud-Est qui préoccupe les autorités. Il en résulte de nombreux litiges fonciers. La région serait envahie de squatteurs qui viennent s’implanter sur des terrains titrés et bornés et refusent de quitter les lieux.

Madagascar et le Maroc avancent dans la concrétisation de l’accord cadre de partenariat signé en novembre 2016 avec Mohammed VI. Les deux parties se sont engagées à mettre en œuvre 22 projets touchant de nombreux domaines.

Quelles contreparties aux soutiens reçu par Andry Rajoelina pour son « Initiative pour l'émergence de Madagascar » (IEM? s’interroge La Lettre de l’océan Indien (LOI). Le candidat s’attacherait à récompenser les appuis à l’IEM, plateforme de réflexion qu'il a lancée le 26 janvier à Paris. Parmi eux figure une entreprise de pêche marocaine qui aurait fait l'objet d'un redressement judiciaire dans son pays en 2010.

La Chine a accordé un don de 30 millions de dollars pour la construction de la « route des œufs », axe de 19 km desservant les communes environnantes de Mahitsy, dans la banlieue nord de la capitale. Elle a confirmé son engagement à réaliser 200 forages pour l’approvisionnement en eau potable de la région de Morondava et à réhabiliter la RN5A Ambilobe-Vohémar qui relie les régions Diana et Sava, pour un montant estimé à 158 millions de dollars. L’UE aurait fort peu apprécié que ce chantier soit confié à une entreprise chinoise.

La Chine, la Corée du Sud, les États-Unis et l’Inde prospectent dans la région Menabe pour y implanter des usines et commercialiser les produits locaux. Un projet de partenariat Madagascar-Vietnam a vu le jour pour soutenir le développement rural et booster les rendements rizicoles très faibles de la Grande île.

Signature d’une convention de partenariat entre le Bianco et l’agence de coopération allemande GIZ. La coopération portera plus particulièrement sur les secteurs d’intervention de la coopération allemande : la décentralisation et l’environnement.

Dans son dernier point sur la situation économique, la Banque mondiale note que l’économie malgache connait une croissance soutenue depuis cinq ans mais que celle-ci n’est pas suffisamment inclusive pour réduire significativement la pauvreté. Les bonnes performances macroéconomiques ne sont pas ressenties par la population. D'après la Banque, 78 % des Malgaches vivaient avec moins de 1,9 dollar par jour il y a cinq ans, et ils sont aujourd'hui 75 %.

Pour la Coface, « l’organisation des élections présidentielles présente un risque non négligeable ». Dans son dernier classement risques-pays, elle place encore Madagascar dans la catégorie D qui regroupe les pays à risques très élevés pour les investissements.

Les incertitudes de la conjoncture pré-électorale pèsent sur les activités d’importation. Les opérateurs jouent la carte de la prudence et différent leurs décisions d’investissement.

Jirama : un gap de 500 milliards Ar par an dû aux arriérés des ministères et institutions. En dépit de cette situation qui perdure depuis de longues années, les mauvais payeurs n’ont pas été sanctionnés. Ce manque à gagner annuel est d’une centaine de milliards Ar supérieur à la subvention que la Jirama a reçu de l’Etat en 2017.

Produits pétroliers : la vérité des prix imposée par le FMI risque de menacer la paix sociale, selon Tribune. Une nouvelle hausse du prix des carburants est inévitable, indique le gouvernement. Il resterait encore 500 Ar d’écart entre le prix de référence calculé et le prix à la pompe. Le rattrapage exigé devrait se poursuivre par étapes. L’écart était jusqu’ici comblé par le budget de l’Etat qui versait des subventions aux pétroliers.

Le mouvement de grève des enseignants du public n’a pas eu de répercussion significative sur les premiers examens officiels.Le syndicat des enseignants Sempama Nosy a suspendu son mot d’ordre de grève sans renoncer à ses revendications. Il a demandé aux enseignants des classes d’examen de reprendre les cours afin de préparer au mieux les élèves à affronter les épreuves du BEPC et du baccalauréat qui vont se tenir dans les semaines à venir.

 

SOMMAIRE

POLITIQUE

  • Préparation de l’élection présidentielle du 7 novembre 2018
  • Le dépôt de candidatures et la pré-campagne électorale

DROITS HUMAINS - GOUVERNANCE

  • Insécurité, dahalo, vindicte populaire, enlèvements
  • Justice, gouvernance
  • Santé, insécurité alimentaire
  • Droits des femmes, traite
  • Médias

ÉCONOMIE - SOCIAL

  • Ressources naturelles, trafics, environnement, questions foncières
  • Coopération, bailleurs de fonds
  • Economie
  • Mouvements sociaux dans l'éducation

 

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29 août 2018

ARTICLES REMARQUES - AOUT 2018

<>  29 08 18 - Communiqué du Craad-OI et du Collectif Tany - ZES - Abandon volontaire de la souveraineté nationale
Les deux organisations jugent « qu’il serait plus raisonnable et dans l’intérêt de tous, y compris du président-candidat et de ses proches, que cette loi ne soit pas promulguée, ni avant les élections ni après ». De sérieuses questions se posent, selon eux, sur la séparation du territoire malgache en plusieurs « Etats ZES », les accaparements de terre et la perte de la souveraineté nationale restent présents dans le texte validé par la HCC. Les Etats étrangers qui sont sûrs de profiter de cette ouverture qualifiée de « malsaine » sont la Chine avec qui le président de la République a signé une entente préalable sur l’attribution d’une ZES le 26 mars 2017, ainsi que Maurice avec laquelle Hery Rajaonarimampianina a également signé un protocole d’entente le 14 mars 2016.

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28 08 18 - SeFaFi - Communiqué - Du bon usage de la HCC
Le SeFaFi s’en prend sévèrement à la HCC de Jean-Eric Rakotoarisoa, ancien membre de ce même Observatoire
. Cette « institution, peu connue et encore moins comprise, n’a cessé d’influencer fortement la vie de la nation », lance-il dans son communiqué « La HCC a été au centre des crises politiques et électorales de 2001-2002, de 2009 et encore de 2013. C’est aussi une institution qui, en dépit de son effectif limité, bénéficie d’une part disproportionnée du budget de l’État, lui permettant un train de vie surprenant fait de voyages, de véhicules et d’autres facilités – à l’abri de tous les regards et de toute redevabilité », critique le SeFaFi, qui lance cette mise en garde : « Au vu des performances des précédentes Hautes Cours Constitutionnelles, il est hautement souhaité que l’actuelle respecte pour elle-même et qu’elle fasse respecter par les autres le verdict des urnes et la sincérité du prochain scrutin ». Une fois de plus, les décisions prises par la HCC à propos des nouvelles lois électorales sont remises en cause. Elle aurait déclaré inconstitutionnels certains sujets législatifs sur lesquels la Constitution est peu explicite, voire muette. Certaines déclarations de la HCC se baseraient « sur de pures opinions personnelles, ou sur une compréhension subjective de ce que dit ou veut dire la Constitution ». Le SeFaFi condamne également sur l’ingérence de la HCC dans la politique. Dans ces décisions, elle ne se cantonnerait pas « aux volets purement juridiques », comme ce fût le cas lors de la dissolution du gouvernement le 25 mai ou encore en exigeant de la tenue séparée de la présidentielle et des législatives.

<> doc  23 08 18 - OCCRP - Le sort des espèces de bois de rose de Madagascar menacées d'extinction
À Madagascar, les négociants en bois de rose sont des faiseurs de rois, abattant non seulement les arbres, mais aussi les gouvernements. A travers des enquêtes secrètes, des journalistes ont découvert comment ils gagnent des millions en faisant la contrebande du bois de rose, une espèce rare, à destination de la Chine. Tout ce qui concerne le business du bois de rose, depuis l’abattage jusqu’à l’exportation, est illégal en vertu des règlements internationaux sur les espèces menacées d’extinction. Malgré cela, au lieu de protéger ses ressources naturelles, le gouvernement malgache est de connivence avec les magnats du bois qui profitent de ce commerce illégal. Pour en savoir plus, les journalistes de l’OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project) ont parlé avec des habitants, ont examiné des documents gouvernementaux confidentiels et ont enquêté secrètement, en se faisant passer pour des représentants d’un acheteur chinois. Pour observer comment fonctionne le commerce du bois de rose, les journalistes ont créé une société chinoise fictive dénommée Imperial Africa Trading, opérant à partir d’un paradis fiscal situé aux Émirats arabes unis. Leur enquête rassemble les informations éparses sur le commerce du bois de rose, sur la manière dont il est protégé par de puissants initiés et sur la manière dont ses opérateurs échappent à la détection. Par exemple, les journalistes ont découvert que parfois le bois de rose quitte Madagascar dissimulé en vanille, l’autre principale culture commerciale de l’île et qui n’est pas réglementée.
Plusieurs négociants en bois, ainsi que des responsables du ministère de l’Environnement qui ont choisi de s’exprimer sous le couvert de l’anonymat, ont affirmé aux journalistes qu’ils s’attendaient à une augmentation du trafic de bois de rose avant les élections du mois de novembre.

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22 08 18 CNIDH - Expulsions forcées dans la région SAVA

Dans un communiqué, la CNIDH dénonce des expulsions massives organisées dans la région Sava par de riches opérateurs économiques malgaches e/out étrangers, avec la complicité de responsables des domaines, du tribunal, de la gendarmerie et de la préfecture. Dans un fokontany, 2 000 personnes auraient été expulsées et leurs habitations détruites sous la protection des forces armées. Dans une autre localité, des centaines d’occupants d’un terrain de 53 ha subissent les menaces et représailles d’un opérateur chinois qui se l’est octroyé. Sept personnes ont été arrêtées et incarcérées pour avoir contesté cet accaparement. Deux jeunes enfants auraient été retenus durant deux jours et deux nuits au commissariat.

22/08 /18 - A la date de clôture, la HCC a enregistré 46 dépôts de candidature. Ce qui a offert une dernière journée haute en couleur sur le parvis de l’institution avec 18 dépôts. La plupart des candidats se sont manifestement attachés à faire de la démarche l’occasion d’attirer sur eux l’attention des médias. Après une candidate, Eliana Bezaza, petite fille du premier président, Philbert Tsiranana, venue déposer son dossier à bord d’une charrette à zébus, un autre petit candidat est arrivé à la HCC escorté par une vingtaine de mannequins.

Parmi les 18 dossiers déposés le dernier jour, trois ont particulièrement retenu l'attention. En premier lieu, l'ex-premier ministre Olivier Mahafaly, victime du dernier remaniement, qui se présentera donc contre celui qui l’avait nommé. Il assure n’avoir été qu’un simple exécutant durant ses deux ans à la tête du gouvernement. Désormais dit-il, il veut être un « acteur du redressement ». Mais Olivier Mahafaly n'est pas seul ancien premier ministre. Jean Ravelonarivo et Jean-Omer Beriziky se présentent également. Il y a aussi sept ex-ministres, dont Paul Rabary et Roland Ratsiraka. Hery Rajaonarimampianina devra donc faire face à deux de ses anciens premiers ministres et trois de ses anciens ministres.

L’actuel président de l’Assemblée nationale, Jean-Max Rakotomamonjy, a créé la surprise en se portant candidat pour la première fois. Ancien soutien en 2013 de Hery Rajaonarimampianina, il se présente sous la bannière de son parti, le Leader Fanilo. Il explique avoir des divergences de point de vue avec le président. La candidature d'une troisième personnalité importante du paysage politique a été déposée en toute dernière minute, celle de Didier Ratsiraka, ancien président de 82 ans, qui a dirigé le pays d'une main de fer de 1975 à 1993.  Un débatteur redouté venu faire le trouble-fête, écrit L’Express, et qui peut cristalliser le vote côtier, dont les représentants ont été écartés de la présidence depuis 2002.

D'autres figures emblématiques ont décidé de tenter l'aventure, comme Dama, chanteur du groupe culte Mahaleo, le pasteur Mailhol, fondateur de l’Eglise Apokalipsy, Fanirisoa Ernaivo, présidente du puissant syndicat des magistrats, le SMM, ou encore Erick Rajaonary, entrepreneur et patron du groupement du patronat malagasy. Les autres candidats sont médecins, journaliste, professeurs, économiste, chanteuse, sportif, militaire, hommes et femmes d'affaires ou tout simplement d'illustres inconnus. Pour rappel, quatre sont anciens chefs de l’État ou président en exercice : Andry Rajoelina, Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka, et Hery Rajaonarimampianina. On compte au total six femmes candidates, dont notamment Saraha Rabeharisoa et Arlette Ramaroson. Parmi les 46 candidats, sept ont déjà participé au premier tour des présidentielles de 2013.

Les candidats ont dû verser à titre de caution la somme de cinquante millions Ar. Cette somme ne sera remboursable que si le candidat recueille 10 % des suffrages. En 2013, parmi les 49 candidatures reçues, sept ne s’étaient pas acquittés de cette caution et avaient donc vu leur candidature annulée.

La HCC a invalidé 10 candidatures. Certains n'ont pas fourni de quittance attestant le dépôt de leur caution, d'autres n'ont pas fourni d'attestation d'investiture par un parti ni de parrainage, d’extrait de casier judiciaire ou de certificat de résidence. Un candidat n’était pas inscrit sur la liste électorale, un autre était investi par un parti fictif. Parmi eux, le fils de l'ancien président Philibert Tsiranana. 36 candidats participeront donc officiellement à la course à la magistrature suprême.

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23 08 18 - HCC - Les Décrypteurs - Liste de 36 candidatures à la présidentielle validées

En avril, c'est la crainte d'une invalidation des dossiers de certains candidats qui avait été à l'origine des manifestations de l'opposition. Une opposition pour qui les nouvelles lois électorales avaient pour but de disqualifier les anciens chefs d'Etat Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana. Ces lois avaient finalement été rejetées début mai par la HCC. Dans l’opinion, certains se disent peu enthousiastes à l'idée de voir ces anciens présidents et l'actuel chef de l'État prendre part à cette élection. Ils disent avoir envie de changement, de renouvellement de la classe politique et de voir de nouvelles têtes. Mais paradoxalement la pléthore de candidats les interpelle aussi.



- 21 08 18 - Collectif Tany - Appel pour Amparihibe
Les membres du fokonolona d’Amparihibe, commune d’Andranofotsy, district de Maroantsetra, rencontrent des problèmes relatifs à leurs terres. Le maire et des autorités locales prévoient de retirer à la communauté les terres où se trouvent des cultures de riz, vanille, girofle, café, des zones de pâturage et des tombeaux. La superficie concernée porte sur 138 hectares. Les motifs et les objectifs réels des autorités ne sont pas très clairs et nécessitent des investigations. Il semblerait que la cause de l’expulsion des propriétaires et occupants soit un projet de déplacement des habitants de fokontany voisins vers cette zone. La communauté a déposé une plainte contre cette décision et a obtenu gain de cause en justice mais le problème serait loin d’être réglé. Le Collectif pour la défense des terres malgaches (Tany) lance un appel à la vigilance pour faire obstacle à la réalisation de projets qui pourraient s’avérer illégaux et injustes.

 

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 <> Articles particulièrement signalés - <>doc  Documents à valeur permanente

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31 juillet 2018

REVUE DE PRESSE - JUILLET 2018

Fin des manifestations sur la place du 13-Mai. Après Andry Rajoelina, satisfait de la nomination du premier ministre et de la composition de l’équipe gouvernementale, Marc Ravalomanana a donné consigne aux députés TIM de suspendre le mouvement. Au final, écrit Tribune, « les ‘députés pour le changement’ auront mené leurs partisans dans la rue uniquement pour aboutir à un gouvernement de consensus. Ceci alors que le 21 avril, l’appel avait été lancé à l’endroit de la population pour protester contre la loi électorale et les magouilles et suspicion de corruption au sein de l’Assemblée nationale ».La lutte continue mais elle a changé de forme, soulignent les députés TIM, qui invitent la population à soutenir les revendications syndicales, notamment dans l’éducation. Le climat d’apaisement requis pour l’organisation de la présidentielle ne semblait pas encore acquis : outre l’agitation sociale qui touche plusieurs ministères, est apparu un mouvement politique dénommé HFI qui exige une « refondation » nationale préalable à la tenue d’élections.

Le parti présidentiel HVM traverse en effet une mauvaise passe et aborderait les échéances électorales en ordre dispersé. L’ancien ministre de l’éducation nationale, secrétaire général adjoint du parti, Paul Rabary, a annoncé sa démission et sa candidature à la présidentielle.

Rivo Rakotovao, président du Sénat, a démissionné de la présidence du parti présidentiel. « Je ne pourrai pas assurer l'intérim de la présidence de la République si je reste à la tête du HVM », se justifie-t-il. Pour l'heure Hery Rajaonarimampianina n'a pas encore annoncé s'il allait briguer un second mandat mais cette annonce laisse entendre que ce sera bien le cas. Cette démission pourrait aussi s’expliquer par des rivalités internes exacerbées. Plusieurs ténors du HVM seraient prêts à déposer leur candidature à la présidentielle, au risque de prendre de court le chef de l’Etat et de provoquer l’éclatement du parti.

L’éditorialiste de L’Express présente un point de vue désabusé sur la prochaine consultation électorale qui, comme les précédentes, devrait déboucher sur un fort désenchantement de la population qui aura cru une fois de plus aux promesses d’un « messie ».

Plus de 6 000 fidèles ont assisté à la première messe du cardinal Tsarahazana en présence d’Andry Rajoelina, du chef de l’Etat, du premier ministre et de plusieurs membres du gouvernement. Aucune prise de parole politique n’a été autorisée. Le cardinal a fustigé les fausses promesses des politiciens, rarement suivies d’effets et l’infantilisation des populations. « La corruption qui gangrène notre pays risque de devenir notre culture », a-t-il prévenu.

Le premier ministre et le ministère de l’intérieur ont donné des consignes strictes de neutralité de l’administration durant le processus électoral. Des manquements à ce devoir ont déjà été relevées, note le ministre de l’intérieur. Le premier ministre a sollicité un avis de la HCC sur la neutralité politique des forces armées stipulé par la Constitution.

La ministre des finances s’est engagée à débloquer les crédits complémentaires nécessaires au financement des opérations électorales. Un effort est également attendu des partenaires bilatéraux et multilatéraux. L’UE a annoncé fournir une aide supplémentaire de 1,5 million d’euros. Six hélicoptères ont été sollicités de la SADC pour collecter les résultats du 1er tour. Le premier ministre s’est montré préoccupé par les conditions matérielles de l’organisation des élections.

Le KMF/CNOE redoute une nouvelle crise en raison des nombreuses zones d’ombre qui subsistent dans les textes qui régissent le processus électoral. Les nouvelles lois électorales ne font notamment mention ni d’un plafond de dépenses en période de campagne, ni de règles régissant la précampagne qui, grâce à ce vide juridique, profite à quelques candidats potentiels dotés de gros moyens. En l’absence de cadre juridique, la CENI et la HCC s’avouent impuissantes à réguler cette période de pré-campagne qui a déjà débuté. L’organe censé contrôler les dépenses de campagne des candidats à la présidentielle - à défaut d’un plafonnement des dépenses - n’est toujours pas en place.

Une mission de l’UE a séjourné à Madagascar afin d’« explorer les conditions de base en vue d’examiner la possibilité de déployer une mission d’observation électorale ». Des observateurs sont également attendus de l’UA, de la SADC et de la Francophonie. La CENI et le KMF-CNOE ont signé une convention de partenariat portant sur l’observation des élections.

Le dépôt des candidatures pour la présidentielle aura lieu entre le 1er et le 21 août. Une vingtaine de postulants seraient déjà sur les rangs. La campagne officielle de déroulera du 8 octobre au 6 novembre.

Alors qu’il n’a pas encore officiellement confirmé sa candidature, Andry Rajoelina, s’est lancé dans une pré-campagne « officieuse » en sillonnant le Nord et l’Est de la Grande île pour présenter son projet « Initiative pour l’Emergence de Madagascar » (IEM). Se déplaçant en jet privé et au moyen d’hélicoptères, il a reçu partout un accueil remarqué, multipliant les promesses.

Marc Ravalomanana s’est jusqu’ici montré plus discret, préférant soigner son image auprès des Eglises et multipliant les contacts avec les croyants. Dama, leader du célèbre groupe Mahaleo et sociologue de formation, a officialisé sa candidature à la présidentielle. Le président de la CENI a déploré les dérives perpétrées par les candidats déclarés ou pressentis dans le cadre de la pré-campagne mais a avoué son impuissance à y mettre un terme, faute de cadre légal. Certains observateurs redoutent que les infractions soient encore plus massives et flagrantes que lors de la campagne de 2013.

Le parti ADN d’Edgard Razafindravahy et une centaine de petites formations membres du HFI s’opposent à toute précipitation dans la tenue d’élections. A l’appui d’une Convention signée fin juin, ils mettent en avant trois préalables : l’organisation d’élections au niveau des Fokontany, la révision de la Constitution et des lois électorales adoptées dans les conditions que l’on sait et la mise en place d’un « mouvement des citoyens pour la refondation ». Parmi ses membres, le MMM de Hajo Andrianainarivelo et l’ancien premier ministre Omer Beriziky. Marc Ravalomanana lui-même aurait opéré un rapprochement avec la plateforme. Le mouvement n’a pas pu tenir sa première manifestation sur la place du 13-Mai, les forces de l’ordre présentes sur les lieux l’en ont empêché. Un second rassemblement, autorisé, a pu se tenir. Des médias estiment que les leaders du HFI sont utilisés par le HVM pour provoquer une situation de troubles afin de repousser un scrutin qui risque d’être défavorable au pouvoir en place. Selon Midi, les initiateurs de ce projet tentaient, depuis quelques de faire entendre leur voix lors de différentes réunions politiques, entre autres celles organisées par le Conseil pour le Fampihavanana malagasy (CFM).

Selon le Rapport national sur le développement humain 2018, la Grande île est passée du 154e au 158e rang mondial en deux ans. Le rapport indique que « les avancées sur le plan social sont insuffisantes face à l’écart de revenu entre le pays et l’Afrique subsaharienne ». Le rapport fait mention de « disparités interrégionales préoccupantes.

Pour le secrétaire d’Etat à la gendarmerie, « tout le territoire de Madagascar peut être qualifié de zone rouge » : zones soumises aux incursions de dahalo mais aussi zones affectées par les vindictes populaires, les exploitations illicites de richesses naturelles ou victimes de vols de vanille sur pied. Le premier ministre exige que les représentants de l’Etat coordonnent mieux leurs actions dans la lutte contre l’insécurité qui menace gravement les activités touristiques.

De graves émeutes se sont produites à Port Bergé. La prison et la gendarmerie ont été assaillis, des bureaux administratifs incendiés, une maison pillée. 32 suspects ont été transférés à Mahajanaga sous forte escorte. A l’origine de ces troubles, un litige portant sur la protection d’une réserve naturelle.

Une suspicion de vol d’enfants a viré à l’émeute dans le district de Betafo. Le fokonolona et le comité de vigilance local se sont déchainés sur un groupe de chercheurs de pierres précieuses membres d’une association humanitaire. Le village aurait connu une dizaine de disparitions d’enfants depuis l’arrivée sur les lieux de cette ONG.

A Betafo, une suspicion de vol d’organes et d’ossements humains a provoqué une vindicte populaire à l’encontre d’un opérateur économique. Les troubles ont fait deux morts et trois blessés. La population s’est livrée au pillage des biens du suspect et de ses proches. Sa maison, ses magasins et son véhicule ont été incendiés.

A Vavatenina, une coupure de courant durant la diffusion de la finale de la coupe du monde de football a déclenché un soulèvement populaire. Le siège de la Jirama a été saccagé et a échappé à une tentative d’incendie.

A Belo sur Tsiribihina, une bande d’individus, dont l’un des leurs avait été assassiné, a pris l’assaut un village pour se faire justice. Mobilisée, la population a repoussé les assaillants. Sept morts ont été dénombrés. A Fierenana-Moramanga, deux anciens détenus multirécidivistes ont été brûlés vifs par la foule.

Des vindictes populaires ont pu être évitée in extremis à Andapa et Bealanana.

A Soalala, l’application du Dina vire au racket de la population. La population reproche aux responsables de l’application du dina de s’arroger des droits exorbitants, de procéder à des contrôles musclés et d’imposer de fortes amendes sous menace de représailles.

Trafic d’êtres humains dans le Vakinankaratra. Une adolescente de 14 ans aurait été vendue 150 millions Ar à un trafiquant. La gendarmerie a interpelé plusieurs membres d’un réseau qui sévissait sur un marché. La disparition d’une dizaine d’enfants avait déjà été signalée dans le fokontany de provenance des personnes interpelées. Au cours de l’interrogatoire, la bande a avoué avoir déjà vendu une adolescente de 15 ans pour 300 millions Ar.

Recrudescence des enlèvements d’indo-pakistanais. L’opérateur Nizar Pirbay, enlevé le 8 juin à Toamasina, a été relâché. Un autre opérateur a été enlevé à Mahajanga. Une rançon de 16 millions Ar aurait été exigée mais le captif a réussi à s’enfuir. Sabera Vasram, épouse du patron d’une concession automobile, a été enlevée par cinq hommes cagoulés et armés dans un quartier résidentiel de la capitale. Elle a été libérée contre remise d’une importante rançon.

L’opérateur indo-pakistanais Abdoul Aziz Mansour a été enlevé dans un quartier de la capitale. Il a été libéré lui aussi contre forte rançon. Les forces de l’ordre ont été mise à l’écart durant toute la négociation.

L’Express est convaincu que les commanditaires de ces affaires de kidnapping bénéficient de protections à un haut niveau et qu’il existe des complicités au sein des forces de l’ordre. Le quotidien s’interroge sur la destination des fonds provenant des fortes rançons exigées. L’ambassadrice de France demande aux autorités de mettre en œuvre des moyens de lutte efficaces.

Pour Midi, le fléau des enlèvements ne concerne pas que les karana. Plusieurs cas d’enlèvements sont le fait de bandes de dahalo. La pratique, apparue en mai 2017, prendrait de l’ampleur. Une vingtaine de cas ont été enregistrés en un an. Six dahalo ont enlevé quatre employés de la société d’Etat Kraoma à Tsaratanàna. Ils ont exigé et obtenu le versement d’une rançon de 100 millions Ar.

Les forces de l'ordre ont lancé l’opération « Force de frappe » qui a permis l’arrestation de 23 présumés kidnappeurs, dont 11ont été placés sous mandat de dépôt. Deux autres ont été abattus pendant un accrochage avec les forces d'intervention.

Le ministère de la justice a lancé un concours sur la « culture de l’excellence » pour redorer son blason et reconquérir la confiance des justiciables. Les opérations se dérouleront jusqu’au 20 octobre. Tous les chefs de Cour sont appels à s’y associer. L’opération est financée par le Fonds des Nations unies pour la consolidation de la paix.

L’AFD a débloqué un crédit de 5 millions d’euros en faveur de la modernisation et de l’efficacité du service public de la justice. Le projet, d’une durée de 4 ans, permettra également l’amélioration du fonctionnement de l’administration pénitentiaire.

La CNIDH a réclamé l’abolition des privilèges statutaires de certains corps de la fonction publique en matière de poursuites pénales. Elle cite en exemple le blocage intervenu dans l’affaire de l’expédition punitive des policiers dans le village d’Antsakabary, en février 2017. Une exception qui porte atteinte au principe d’égalité de tous devant la loi et la justice.

Des cas d’apatridie subsistent dans différentes régions selon une étude soutenue par l’UNHCR. Le code de la nationalité ne permettrait pas l’obtention de la naturalisation pour les apatrides.

Les membres de la Chaîne spéciale de lutte contre le trafic de bois précieux ont été installés. Cette juridiction d’exception a pour vocation de renforcer la répression de l’exploitation, du stockage, du transport et du commerce de ces essences. 79 dossiers étaient en cours d’instruction sur ce sujet à fin octobre 2016. Aucun n’aurait encore été jugé. La Chaîne spéciale aura à les reprendre en main.

Le rapport d’investigation du Bianco pour le 1er trimestre 2018 a été publié. 53 enquêtes ont été ouvertes, dont sept portent sur des ministres en exercice à l’époque. Le plus grand nombre de ces enquêtes ont été ouvertes grâce à des informations recueillies via les réseaux sociaux et les médias.

« De nombreux efforts restent à faire afin d’atteindre le niveau de progrès satisfaisant permettant à la Grande île d’obtenir le statut de ‘pays conforme’ aux normes EITI d’ici à la fin de 2019 », a déclaré la secrétaire exécutive de l’EITI Madagascar. Quinze recommandations ont été émises par le secrétariat international de l’EITI pour que Madagascar atteigne le niveau requis.

Malgré l’approbation d’un nouveau décaissement de 44,25 millions d’euros au titre de la FEC, le conseil d’administration du FMI a enjoint Madagascar de renforcer la gouvernance et la lutte contre la corruption. Le Fonds a réitéré sa demande de voir adoptée au plus vite la loi sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, ainsi que la loi sur le recouvrement des avoirs illicites, textes bloqués à l’Assemblée depuis novembre 2017.

La direction générale des impôts et le Samifin ont signé une convention de partenariat en vue d’améliorer l’efficacité de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, tout en améliorant les rentrées fiscales.

Le Bianco va aider la Jirama à élaborer un plan d’action anti-corruption. La convention signée avec l’entreprise publique permettra de former et de sensibiliser les agents à la lutte contre la corruption.

Le Samifin, qui a célèbré son 10e anniversaire, a présenté son rapport d’activités 2017. Son directeur a révélé l’implication de hautes personnalités dans diverses fraudes et exportations illicites de bois de rose. Le nom d’un richissime soutien d’Andry Rajoelina est évoqué sous le manteau.

Des enquêtes liées aux suspicions de corruption impliquant des responsables de la mairie d’Antananarivo sont entre les mains de l’Inspection générale de l’État. Le Bianco en attend les résultats pour entrer en action.

Madagascar obtient la moyenne en matière de gouvernance et se place au 61e rang sur 129 pays dans le classement de Bertelsmann Stiftung’s Transformation Index. La Grande ile a gagné 48 places depuis 2014. Les informations produites par cette fondation font partie intégrante des sources constitutives de l’indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International.

Le ministère de la santé va procéder à l’assainissement des hôpitaux et cliniques privés. Certains établissements fonctionnent sans avoir effectué de déclaration, d’autres ont effectué une extension d’activité sans y être autorisés. Les médecins fonctionnaires devront se consacrer en priorité aux patients des hôpitaux publics.

L’insécurité met en péril l’immunité des enfants. Dans plusieurs régions, le taux de couverture vaccinale est de l’ordre de 50 % et connait une régression. Le maintien du statut « polio free » de Madagascar, obtenu non sans peine, pourrait être remis en cause.

La Plateforme des fédérations des associations de personnes handicapées poursuit la mise en œuvre du projet Tomady. Ce projet se fixe deux objectifs : faire pression pour la mise en œuvre de la Convention internationale sur les personnes handicapées et agir pour une meilleure insertion socioprofessionnelle de ces publics.

La légalisation de l’avortement fait l’objet d’un débat. L'avortement est un crime, puni par le code pénal. En décembre dernier, il y a bien eu une tentative, au Parlement, de dépénaliser l'avortement thérapeutique. En vain. A l'approche de l'élection présidentielle, des associations relancent le débat.

La société Ambatovy va verser près de 49 milliards Ar aux communes touchées par l’exploitation de nickel et de cobalt à titre de ristournes sur la période 2012 à 2017. Un déblocage de 20 % de ce montant devrait être effectué immédiatement. Le projet Ambatovy va financer le traitement des déchets, le nettoyage, et l’électricité de la ville de Toamasina pour un montant de 2,5 millions de dollars.

Bras de fer entre les agriculteurs et la société QMM. Cette entreprise exploite le minerai d’ilménite à Tolagnaro depuis 2005. Près de 2 500 agriculteurs et pêcheurs disent ne pas avoir reçu les compensations que la société leur doit pour l'exploitation de leurs terres. Une délégation s'est rendue à Antananarivo pour alerter les autorités. Le CRAAD-OI et l’association MAZOTO menacent de porter l’affaire au niveau international. En mai, quatre manifestants ont été arrêtés et condamnés à un an de prison avec sursis et à une amende d’un million Ar chacun.

Des associations protestent contre l’usage jugé abusif de déclarations d’utilité publique au profit du projet Toliara Sands. Un premier décret a été signé en avril pour les travaux de construction d’infrastructures portuaire et routière. Le second décret, adopté mi-juillet, autorise le démarrage de l’exploitation. Les travaux obligeront les communautés concernées à quitter des terres qui étaient leur propriété et leur moyen de subsistance traditionnel.

Dénonciation d’une exploitation illicite de l’or par une société chinoise dans le district de Maevatanana. Une convention illégale aurait été signée avec cette société qui met en œuvre de gros moyens, au détriment des petits exploitants miniers.

Rejetée par la HCC en début d’année, la loi sur les ZES a été remaniée mais sa validation se fait attendre. Le porte-parole d’un important projet multisectoriel de la région Diana fait part de son impatience. Les investisseurs menacent de se retirer si la validation du texte tarde à venir, affirme-t-il.

Le collectif Tany condamne la promesse faites aux investisseurs, notamment étrangers, de leur louer des terres sous la forme juridique de baux emphytéotiques. Il souligne que ce type de bail accorde des droits spécifiques au preneur et que ce contrat correspond à une forme de vente des terres.

La ministre de l’aménagement du territoire a décidé la suspension des travaux de remblayage dans tout le Grand Antananarivo pour une durée indéterminée. La recrudescence des remblayages sauvages expose la capitale à de grands dangers d’inondation, selon les techniciens hydrauliques. Après contrôle, les remblayages autorisés pourront reprendre.

Les plus pauvres supportent les coûts de la protection des forêts primaires, selon des universitaires qui ont examiné la nouvelle aire protégée et le projet pilote REDD+ dans le corridor Ankeniheny-Zahamena. Ce projet vise à préserver une biodiversité très riche mais surtout à capturer du carbone pour lutter contre le changement climatique. Les chercheurs démontrent que les restrictions dues à la conservation entraînent des coûts très importants pour les populations locales.

Près de 15 000 personnes vont bénéficier du Plan de sauvegarde social et environnemental soutenu par la Banque mondiale pour compenser les pertes de revenus engendrées par la création ou l’extension d’aires protégées. Le Plan financera des projets retenus par les populations affectées. 10 aires protégées gérées par Madagascar National Park ont été sélectionnées.

500 000 petits pêcheurs seraient menacés par la pêche industrielle et la surexploitation des ressources. Un réseau regroupant les Aires marines gérées localement demande que des zones de pêches leurs soient réservées. Le ministre des ressources halieutiques et de la pêche s’est engagé à signer des décrets en ce sens.

Se déclarant satisfait des progrès accomplis par Madagascar, le conseil d’administration du FMI a débloqué une nouvelle tranche de la FEC pour un montant de plus de 44 millions de dollars. « Les choses vont dans le bon sens mais beaucoup reste à faire », a toutefois déclaré son représentant. Au total, dans le cadre de cette Facilité, Madagascar devrait bénéficier de plus de 300 millions de dollars.

Le schéma directeur du projet TATOM (Antananarivo-Toamasina-Madagasikara), financé par le Japon, sera bouclé en avril 2019. D’un montant de 500 millions de dollars, il vise au développement intégré de l’axe Antananarivo-Toamasina intéressant trois régions et les 36 communes du Grand Antananarivo. Le projet inclut la mise aux normes de la RN2 ainsi que de la ligne ferroviaire Tananarive-Côte Est. Le Japon finance également un important projet d’extension du port de Toamasina. La coopération japonaise poursuit en outre son programme dans le secteur de l’éducation. Né en 1998, il a notamment permis la construction de 826 classes, pour un montant de 181 millions de dollars.

Les travaux de construction de plusieurs rocades et d’une pénétrante à Antananarivo ont été lancés, malgré la suspension de paiement des indemnités d’expropriation. Le projet est cofinancé par la BEI, l’UE, l’AFD et l’État. Le montant total du financement s’élève à 62,8 millions d’euros.

Le Comesa reste à conquérir pour Madagascar, qui ne possède que 3 % de parts de marché. Anciens et actuels dirigeants affirment que le pays est prêt mais les différents groupements du secteur privé ne sont pas très confiants, ils redoutent de ne pas faire face à une concurrence déloyale.

L’ambassadeur de l’UE dresse un bilan positif de ses 4 années dans la Grande île mais déplore le manque de continuité de l’administration. Le diplomate a noté l’impatience de ses interlocuteurs dans le processus de mise en œuvre des projets. Il s’est félicité d’avoir pu conduire avec les autorités des « dialogues politiques » périodiques. Une pratique qui fait l’originalité de la coopération entre Madagascar et l’UE.

La filière vanille menacée. Les opérateurs sont préoccupés par la détérioration de la qualité du produit qui faisait la renommée de Madagascar. En cause, la récolte de vanille immature et la pratique de l’empaquetage sous vide de gousses insuffisamment séchées et muries. C’est toute une région et des milliers de producteurs qui sont ainsi menacés par la désorganisation de la filière. En termes de valeur, la vanille a été le premier produit d’exportation de Madagascar en 2017.

Selon un communiqué du SeFaFi, la pauvreté énergétique malgache résulte en partie d’une absence de volonté politique. Le taux d’accès à l’électricité n’est aujourd’hui que de 15 %. Il était de 11 % en 1998. Les Malgaches figurent parmi les plus grandes victimes de la pauvreté énergétique alors qu’à Maurice et aux Seychelles le taux d’électrification est quasiment de 100 %.

Débit Internet : grâce à son raccordement à des câbles intercontinentaux, Madagascar passe du 89e au 22e rang mondial mais seule 2,1 % de la population est connectée et paie très cher ce privilège. Bon nombre d’utilisateurs se plaignent de l’instabilité du réseau.

Les professionnels des TIC dénoncent le pillage des ressources humaines malgaches par les pays francophones. Ces fuites de compétences de personnels qualifiés portent un grave préjudice au développement de ces activités dans la Grande île.

La société chinoise qui a conclu un contrat de location-gérance de la Sirama à Ambilobe, Namakia et Morondava n’a pas réglé le montant de ses locations depuis plusieurs années. Les impayés dus à l’Etat se chiffrent à près de 20 millions de dollars. Une autre société chinoise exploitant la Sirama à Nosy-Be et Brickaville n’aurait pas non plus respecté son contrat avec l’Etat.

Le tourisme dans le Menabe menacé par l’insécurité et la déforestation. Morondava et sa région connaissent une fréquentation en chute libre. Les feux de brousse menacent directement les aires protégées. La déforestation toucherait 600 ha par an dans cette région.

L’agitation sociale a pris le relais du mouvement de la place du 13-Mai. La Solidarité syndicale de Madagascar (SSM) a continué de revendiquer le départ des ministres « incompétents » et « redoublants » en place dans le nouveau gouvernement. Selon eux, la loi de finances rectificative adoptée n’a tenu aucun compte des revendications formulées, contrairement aux vœux exprimés par les « députés pour le changement ». Les membres de la SSM se disent trahis par le Mapar et le TIM. Les politiciens, disent-ils, se sont servis des revendications syndicales afin de faire pression sur le pouvoir et tenter de précipiter sa chute, sans réelle volonté de prendre en compte leurs revendications. Une manifestation publique a été organisée suivie par quelques centaines de personnes. Selon Midi, des ministres HVM non reconduits dans la nouvelle équipe apportent leur soutien en coulisse aux différents mouvements de grève qui affectent l’éducation nationale, les douanes et les impôts, les télécommunications. Les politiciens sont accusés d’instrumentaliser les revendications syndicales.

L’agitation sociale a tout particulièrement touché le secteur de l’éducation. Des enseignants grévistes se sont rendus au ministère de l’éducation nationale pour « séquestrer » le ministre, Horace Gatien. Les forces de l’ordre se sont opposées à l’intrusion des grévistes dans les locaux du ministère, des affrontements se sont produits. Le ministre a menacé de destitution les responsables locaux de l’éducation nationale et les directeurs d’établissement qui participent au mouvement. Deux responsables régionaux ont été limogés. Il a mis en garde les enseignants contre une récupération politique de leur mouvement. Les menaces proférées semblent avoir fait fléchir les enseignants des établissements publics de la région Analamanga qui ont décidé de reprendre les cours après près de 3 mois de grève. Une convention de sortie de crise a été signée par les enseignants et les membres du gouvernement mais des représentants syndicaux ont fait part de leur intention poursuivre le mouvement jusqu’à satisfaction de toutes leurs revendications. La Solidarité syndicale de Madagascar (SMM) a apporté son soutien aux syndicalistes de l’enseignement qui rejettent la convention signée. Le syndicat des enseignants, le Sempama, annonce qu’il présentera son président à l’élection présidentielle.

 

SOMMAIRE

POLITIQUE

  • Vie politique
  • Organisation de l’élection présidentielle du 7 novembre 2018
  • Pré-campagne électorale

DROITS HUMAINS - GOUVERNANCE

  • Insécurité, dahalo, vindicte populaire, enlèvements
  • Justice, gouvernance
  • Santé, personnes handicapées
  • Droit du travail
  • Droits des femmes

ÉCONOMIE - SOCIAL

  • Ressources naturelles, trafics, environnement, questions foncières
  • Coopération, bailleurs de fonds
  • Economie
  • Mouvements sociaux

 

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24 juillet 2018

ARTICLES REMARQUES - JUILLET 2018

<>  24 07 18 - CRAAD-OI - Collectif Tany - Soutien aux communautés_riveraines de QMM
La lutte légitime des communautés riveraines du site minier de QMM-Rio Tinto pour l’indemnisation de leurs terres est de nouveau réprimée à Tolagnaro. Des représentants des communautés riveraines du site minier de Mandena sont venus à Antananarivo pour rencontrer diverses institutions au niveau national et ont mobilisé les media car 4 d’entre eux ont été arrêtés le 28 juin. Le verdict prononcé par le Tribunal à l’issue du procès du 5 juillet a été d'un an d’emprisonnement avec sursis assorti d’une amende de 1 million d’ariary par personne. Le problème principal soulevé par les communautés depuis des années porte sur l’indemnisation de leurs terres perdues à cause de leur attribution en bail emphytéotique à la société QMM pour son exploitation minière, ce qui a entraîné la perte des moyens de subsistance et des sources de revenus des habitants affectés par le projet minier.

<>  21 07 18 - Tany, Mazoto, CRAAD-OI - Communiqué sur le projet Toliara Sands du 18 07 18
Des associations protestent contre l’usage jugé abusif de déclarations d’utilité publique au profit du projet Toliara Sands. Le collectif Tany, le CRAAD-OI et l'association MAZOTO dénoncent la signature, par le conseil des ministres du nouveau gouvernement d’un décret déclarant d'utilité publique les travaux d'exploitation dans le périmètre des sites miniers de Toliara Sands situés sur deux communes et portant acquisition par voie amiable ou par expropriation des parcelles de terrain et/ou immeubles touchés par ces travaux, « au détriment des membres des communautés concernées qui seront obligés de quitter des terres qui étaient leur propriété et leur moyen de subsistance traditionnel ». Le conseil des ministres du 11 avril 2018 avait déjà adopté un décret déclarant d’utilité publique les travaux de construction des infrastructures portuaire et routière reliant le nouveau port au site minier situés à 50 km au Nord de Toliara. Les associations dénoncent « l’usage de plus en plus abusif de la déclaration d'utilité publique au bénéfice des intérêts privés étrangers ».

- 19 07 18 - L'Express - Edito - Solutions pommade
Un point de vue désabusé sur la prochaine consultation électorale qui, comme les précédentes, devrait déboucher sur un fort désenchantement de la population qui aura cru une fois de plus aux promesses d’un messie. La présidentielle risque de porter aux plus hautes fonctions un ancien putschiste, Andry Rajoelina, dont la présence au pouvoir durant 5 ans a précipité le pays dans l’anarchie et la pauvreté. Ces pseudo élections démocratiques n’ont pour objectif que de satisfaire la communauté internationale et les bailleurs de fonds. Tout est biaisé dès le départ. Rendez-vous dans trois ans pour un putsch contre un ancien putschiste ou une ancienne victime de putsch, prédit l’éditorialiste.

- 11 07 18 - SeFaFi - Communiqué - Une pauvreté énergétique entretenue
1,4 milliard de personnes n’auraient pas accès à l’électricité dans le monde, dont 7 personnes sur 10 en Afrique subsaharienne. 85 % des Malgaches en font partie puisque le taux d’accès à l’électricité y est aujourd’hui de 15 %. Il était de 11 % en 1998, avant la libéralisation du secteur début 1999. Nous n’aurions donc progressé que de 4 points en 20 ans. Pourquoi ? Secteur stratégique s’il en est, le secteur de l’énergie en général et de l’électricité en particulier est peu analysé, et souffre d’une indifférence collective qui ne s’estompe passagèrement qu’à l’occasion d’un délestage ou de la hausse des prix du carburant. Les Malgaches figurent parmi les plus grandes victimes de la pauvreté énergétique alors qu’à Maurice et aux Seychelles, le taux d’électrification est quasiment de 100 %. La taille du territoire influe certainement sur la vitesse d’électrification d’un pays, mais il existe d’autres paramètres que nous sommes loin de maîtriser. La volonté politique en fait partie. Le droit à l’énergie est un droit fondamental, tout comme celui de se nourrir ou d’avoir un travail décent.

- 10 07 18 - Collectif Tany - Le bail emphytéotique à Madagascar
La mise en location de millions d’hectares de terre malgaches, sous forme de bail emphytéotique, à des investisseurs, notamment étrangers, comme méthode incontournable et sûre de développer le pays et son agriculture est prônée par les dirigeants malgaches dans le Programme Sectoriel de l’Agriculture, Elevage et Pêche 2016-2020 et dans leurs discours. Des citoyens malgaches et des organisations de la société civile critiquent et condamnent cette conception qui lèse les intérêts majeurs de la nation en qualifiant cette pratique de « vente de la terre des ancêtres, vente de la patrie ». Le Collectif Tany revient sur ce sujet en soulignant que le bail emphytéotique n’est pas une simple location mais accorde des droits spécifiques au preneur, et que du point de vue des traditions malgaches, le bail emphytéotique correspond à un type de vente des terres.

- 08 07 18 - L'Express - Edito - Parvis nu
Les députés TIM annoncent qu’ils mettent fin aux manifestations sur la place du 13-Mai
. « Nous sommes proches de la ligne de départ pour l'élection présidentielle donc nous sentons le besoin de nous préparer », explique le député Mamy Rabenirina. « Nous prévoyons de nous rendre dans nos circonscriptions pour rencontrer la population », précise-t-il. La lutte continue, mais elle a changé de forme, soulignent les députés. « Nous avons invité les manifestants à soutenir les syndicats, mais s'ils ont besoin de nous, nous viendrons », poursuit Mamy Rabenirina. Les manifestants ont été invités à renforcer la grève des enseignants devant le siège du ministère de l’éducation. La décision de mettre un terme aux rassemblements, en dépit de la résistance affichée par Hanitra Razafimanantsoa, a été saluée par le premier ministre. « Je remercie tous ceux et celles qui ont contribué à mettre fin aux manifestations politiques. J'apprécie votre sens de la responsabilité », a-t-il indiqué sur son compte Twitter. « En route pour la paix et l'apaisement ! » a-t-il conclu.

- 01 07 18 - RFI - Madagascar : la légalisation de l'avortement fait l'objet d'un débat
A Madagascar, l'avortement est un crime, puni par le Code pénal. Un code pénal découlant de la période coloniale, hérité lui-même du code napoléonien de 1810. En décembre dernier, il y a bien eu une tentative, au Parlement, de dépénaliser l'avortement thérapeutique. En vain. A l'approche de l'élection présidentielle, l'association Nifin'Akanga – du nom d'une plante abortive très utilisée à Madagascar – qui se bat pour la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse (IVG), relance le débat. Elle espère inciter les candidats à prendre position sur ce sujet de société.

 

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 <> Articles particulièrement signalés - <>doc  Documents à valeur permanente

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30 juin 2018

REVUE DE PRESSE - JUIN 2018

Le 1er juin la HCC a donné aux acteurs politiques jusqu'au 5 du mois pour trouver un accord politique. A défaut, sa décision du 25 mai devrait s'appliquer. Dans son avis, la Cour précise que la cessation de fonction du premier ministre et de son gouvernement devra résulter soit d'un accord politique entre les protagonistes, soit de l'application de la décision du 25 mai qui stipule que le premier ministre de consensus est nommé par le parti ou le groupe de partis majoritaire à l'Assemblée nationale. La HCC indique clairement que sa décision du 25 mai est une « sentence » et que ses directives s’imposent au président de la République, « en vertu de ses fonctions régulatrices des pouvoirs et des institutions ». Le choix du chef de l’Etat s’est porté sur Christian Ntsay, « un homme expérimenté et ayant les compétences pour l’apaisement », selon ses dires. D’après Midi, sa nomination aurait bénéficié du soutien des partenaires techniques et financiers. Les « députés pour le changement » - TIM, Mapar et « indépendants » - ont contesté cette désignation qui ne découlerait pas de la liste qu’ils avaient soumise, exigeant que le poste soit attribué à l’un des leurs. Sur cette liste de trois noms figuraient ceux des deux leaders du mouvement de contestation de la place du 13-Mai, la députée Mapar Christine Razanamahasoa et la députée TIM Hanitra Razafimanantsoa. Le TIM de Marc Ravalomanana aurait reconnu que le Mapar, avec 49 députés et en dépit des défections de certains d’entre eux, étant majoritaires à l’Assemblée, serait en droit de revendiquer l’attribution du poste. La présidence de la République a affirmé que cette nomination avait pu se faire grâce à un accord politique entre les protagonistes, ce que le TIM n’a pas voulu confirmer. L’accord en question n’a d’ailleurs pas été divulgué, seul un faux a circulé. Bien que présenté par le Mapar, Christian Ntsay, avec son profil de technicien et de fonctionnaire international, est considéré comme n’ayant pas de réelle attache politique. Ecarté par l’arrêt de la HCC, le parti présidentiel HVM, qui n’existait pas encore lors des dernières législatives, n’a pas pu proposer de candidat. La nomination d’une personnalité présentée par le Mapar a mis en porte à faux les députés de ce parti qui participent à l’animation des rassemblements quotidiens de la place du 13-Mai. Le Mapar a été accusé de tenir un double langage et de mettre en péril d’alliance de circonstance scellée avec le TIM. « Beaucoup d'entre nous ont pris cette nomination comme une trahison », a lancé Hanitra Razafimanantsoa, députée TIM et l’une des leaders du mouvement de contestation. « On se demande d’où vient cette proposition », a ajouté Eliane Naika, vice-présidente du TIM et ancienne sénatrice.

En application de la décision de la HCC du 25 mai, Christian Ntsay a formé son gouvernement dans les délais impartis. Sa constitution, précédée de rudes marchandages, n’a pas permis l’apaisement. La clé de répartition des portefeuilles ministériels décidée par la HCC et négociée lors d’un supposé accord politique entre les trois protagonistes de la crise a été vivement contestée. Les partisans du chef de l’Etat ont fait valoir qu’ils disposent à l’Assemblée d’un groupe majoritaire de 79 députés issus de différentes formations politiques (contre 73 « députés pour le changement » relevant de mouvances autrefois rivales). Des rivalités sont également apparues au sein des députés d’opposition, le Mapar revendiquant la meilleure part en plus de la Primature qu’il considère acquise à sa cause. Les « députés pour la changement » et les manifestants de la place du 13-Mai, ainsi que les syndicalistes qui ont renforcé le mouvement, ont exigé qu’aucun membre du HVM ne figure dans la nouvelle équipe, et notamment aucun ministre « redoublant ». Les « députés pour le changement » du TIM ont mis en garde le pouvoir : « La fin de la crise dépendra du choix que va prendre le premier ministre » pour la formation de son gouvernement, a prévenu l’un d’entre eux. Si la clé de répartition de sièges n’est pas conforme à la décision de la HCC du 25 mai, les manifestations se poursuivront jusqu’à démission du premier ministre, ont-ils annoncé.

la gazette 20 06 18Le gouvernement d’« union nationale » formé par Christian Ntsay compte sept membres du Mapar. Parmi eux, des figures bien connues de la place du 13-Mai comme Christine Razanamahasoa, l'une des leaders des députés de l'opposition. Le TIM n’a obtenu que quatre ministères. La plupart des portefeuilles clés échappent à l'opposition et, contre toute attente, le gouvernement d'union est surtout composé de ministres issus de la majorité présidentielle. Sept ont même été reconduits à leur poste. L’Express titre : « Le gros lot au HVM, les miettes au Mapar-TIM ». Une équipe qualifiée de disparate et de résolument politique, au grand dam de la société civile. Pour le quotidien, la composition de l’équipe résulte d’une laborieux compromis et non d’un véritable consensus. La mission de chacun semble être de défendre les enjeux électoraux de son camp. Pour Midi, la composition de la nouvelle équipe ne respecte pas la clé de répartition prévue dans la décision de la HCC, elle est « une insulte aux manifestants de la Place du 13-Mai ».

 

 

la Gazette 22 06 18La composition du gouvernement a aggravé les dissentions au sein du groupe des « députés pour le changement ». Plusieurs de leurs leaders ont refusé d’intégrer la nouvelle équipe, d’autres ont cédé aux sirènes du pouvoir. « Le gouvernement a accouché d'un monstre à sept têtes. Il faut l'enterrer sans condition », a tranché un député indépendant. Des étudiants de l’université d’Antananarivo ont manifesté pour protester contre la reconduction de la ministre HVM de l’enseignement supérieur, Monique Razoazananera, qui détient ce portefeuille depuis 4 ans. La grève à la direction générale des impôts et à la douane a pris un tour politique, estime L’Express. Les syndicats refusent la désignation de leur nouveau ministre et exigent que soit nommée une personnalité qui aura reçu leur agrément. Les manifestants de la place du 13-Mai ont été invités à signer une pétition pour demander l’exclusion des ministres HVM. Le Conseil d’État a rejeté la requête en annulation de la nomination des membres du gouvernement déposée par la députée TIM Hanitra Razafimanantsoa. Selon le site Les Décrypteurs c’est Marc Ravalomanana qui a donné une procuration à Hanitra Razafimanantsoa, vice-présidente à l’Assemblée nationale, pour formuler la requête en annulation. La cohérence de la démarche n’apparait pas clairement dans la mesure où le TIM a accepté de faire son entrée dans le gouvernement en y plaçant quelques ministres dont deux anciens députés qui ont fait partie du mouvement sur la place du 13-Mai. Des descentes ont été organisées dans les ministères tenus par des ministres HVM pour exiger leur démission. Les leaders syndicaux ont sommé les « députés pour le changement » de revenir sur la place du 13-Mai : « Nous les sommons maintenant tous de revenir sur cette place, même ceux qui ont été nommés ministres », a déclaré le porte-parole des organisations syndicales, soucieux de maintenir la pression sur le pouvoir tant que leurs revendications n’auront pas été satisfaites. Un appel adressé particulièrement aux députés du Mapar, qui ont déserté les lieux suite à un appel à l’apaisement lancé par Andry Rajoelina. Les parlementaires Mapar ont été traités par Me Hanitra Razafimanantsoa de « traitres et de déserteurs » pour avoir pris leurs distances avec le mouvement et avoir accepté de siéger au sein du nouveau gouvernement. Pour la presse, le divorce semble consommé entre le TIM et le Mapar depuis qu’Andry Rajoelina a pris de cours ses concurrents potentiels en se lançant dans une impressionnante pré-campagne électorale, dotée de très gros moyens et dont les premiers rassemblements dans le Nord-Ouest ont réuni des foules importantes et enthousiastes. Affranchi de toute contrainte administrative ou politique grâce à l’accord conclu pour la nomination d’un premier ministre et d’un ministre de l’intérieur proche du Mapar, « personne ne pourra faire obstacle à sa marche en avant », juge L’Express, nonobstant les consignes de neutralité données par le premier ministre aux fonctionnaires et services de l’Etat. Le TIM de Marc Ravalomanana semble à la peine. Ses représentants au sein du gouvernement ont donné l’impression de se préoccuper principalement du redémarrage de l’ex-groupe Tiko (devenu AAA) et de la station MBS, réduite au silence depuis une dizaine d’années.

Le premier ministre a présenté sa politique générale de l'Etat. Le gouvernement n'écartera « personne de l'élection présidentielle », a-t-il affirmé, dans une allusion à peine voilée à Marc Ravalomanana. Un scrutin qui « sera difficile à organiser tant que la paix sociale ne sera pas de retour », a-t-il convenu. Le gouvernement s’engage à respecter la liberté d’expression des candidats ; les rassemblements politiques seront autorisés sur tout le territoire et l’administration devra respecter une stricte neutralité. Parmi les autres priorités du premier ministre : la restauration de la sécurité, la lutte contre la corruption et l'amélioration du climat des affaires. Le programme a été accueilli positivement par le Mapar et le HVM.

la gazette 28 06Le mouvement de la société civile Rohy doute de la capacité du gouvernement, fortement marqué par les partis politiques HVM, Mapar et TIM, à organiser des élections crédibles. La CENI pour sa part s’est interrogée sur la « faisabilité financière » d’élections présidentielles anticipées, qui plus est organisées en application de lois électorales contestées qui sont à l’origine de la crise. La ministre des finances précise que la loi de finances rectificative ne prévoit pas de rallonge budgétaire pour la tenue des élections. La CENI devra se contenter des 40 milliards Ar inscrits au budget initial et des 12 millions de dollars promis par les partenaires internationaux dans le cadre du projet Sacem. Il manquerait 6 millions de dollars. Cette incertitude financière pourrait compromettre le projet d’organisation d’une présidentielle anticipée que la HCC préconise et que certaines formations appellent de leurs vœux. Les partisans d’Andry Rajoelina exigent que la décision de la HCC soit appliquée et qu’en conséquence la date du scrutin soit avancée à fin septembre-mi-octobre, avant la saison des pluies, ce qui précipiterait la démission du chef de l’Etat s’il confirme être candidat à sa propre succession. Rivo Rakotovao, président du HVM et président du Sénat, appelé à assurer l’intérim du président-candidat, estime que la préconisation de présidentielle anticipée formulée par la HCC ne s’impose plus, du fait qu’il y a eu, selon lui, un accord politique pour la formation du gouvernement. Pour Omer Beriziky, ancien premier ministre, « la situation ne s’est pas améliorée malgré la formation du gouvernement de consensus. Organiser une élection à la hâte n’est pas une solution ». Le risque est grand, selon lui, de précipiter le pouvoir dans une nouvelle crise.

La CENI a proposé au gouvernement de fixer au 7 novembre le premier tour de la présidentielle, avec un second tour le 19 décembre. Le premier ministre a confirmé ce calendrier. Le HVM, a fait part de sa satisfaction. Réagissant à l’officialisation du calendrier, Marc Ravalomanana a fait part de sa satisfaction et annoncé que les rassemblements sur la place du 13-Mai n’ont plus de raison d’être. « Nous allons désormais nous focaliser sur la présidentielle », a-t-il déclaré.

Une rallonge a été accordée à la CENI dans le cadre de la loi de finances rectificative, ce qui devrait lever les incertitudes qui se sont exprimées quant à la faisabilité financière de ce scrutin.

Les mouvements de grèves qui affectent plusieurs administrations ont été reconduits et menacent de gagner de nouveaux secteurs. Dans l’enseignement public, la crainte d’une année blanche préoccupe les familles. Le report des examens affecterait gravement l’enseignement privé, non concerné par le mouvement de grève.

Tribune de Diégo 01 06 18Les 11 membres de la Haute cour de justice (HCJ) et leurs suppléants ont prêté serment peu avant la démission du gouvernement. La requête en déchéance du président de la République a été entendue par la HCC, qui a constaté la responsabilité du chef de l’Etat dans la non mise en place de la juridiction dans les délais prescrit par la Constitution. Dans sa décision, la Cour avait donné cinq jours au chef de l’Etat pour procéder à son installation. Les médias saluent une avancée dans l’instauration de l’Etat de droit et la lutte contre l’impunité des hauts responsables. Une avancée exigée depuis plusieurs années par les partenaires internationaux, notamment le FMI. L’Express note cependant que la procédure de saisine de la HCJ est complexe et pourrait constituer un frein à son opérationnalité.

Elargissement du mandat de la CNIDH à la prévention de la torture. La proposition de loi modifiant et complétant certaines dispositions de la loi portant institution de la CNIDH, adoptée par l’Assemblée, ouvre le mandat de cet organisme à des examens réguliers et inopinés de la situation des personnes privées de liberté ou se trouvant dans des lieux de détention.

Madagascar a proposé d’inclure les munitions dans le programme d’action des Nations unies en vue de prévenir, combattre et éradiquer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre. Une proposition qui vise à renforcer l’ODD 16, cible 4 (« réduire nettement les flux financiers illicites et le trafic d’armes… »).

L’insécurité qui règne dans le monde rural commence à frapper le secteur du tourisme. A Morafenobe des coupeurs de route ont tué un chauffeur-guide touristique et blessé quatre gendarmes de son escorte. Les zones les plus fréquentées par les touristes deviennent des zones rouges. Des dizaines de touristes ont été attaqués et plusieurs guides assassinés. La profession appelle les autorités à prendre des mesures efficaces et pérennes et menace de lancer un mot d’ordre de grève. La haute saison touristique serait d’ores et déjà menacée.

La gendarmerie a comptabilisé 30 000 zébus volés en 2017. 25 000 voleurs ont été arrêtés et présentés à la justice. En cinq ans, la gendarmerie a dénombré 4 000 morts dans des attaques de dahalo, dont 1 000 villageois. 100 membres des forces de l'ordre ont aussi trouvé la mort en cours d’intervention. Sur le seul mois de juin 2018, une trentaine de dahalo ont été abattus. Sur la RN4, à Maevatanana, huit coupeurs de route ont amputé les mains d’un conducteur et de cinq passagers à bord de deux taxi-brousses, avant de les dévaliser.

41 % des Malgaches sont « d'accord » ou « tout à fait d'accord » avec la pratique de la vindicte populaire, selon les résultats d'un sondage réalisé par Afrobaromètre. Cette pratique prend de l'ampleur et tend à devenir un mode de fonctionnement courant de la société, affirment les enquêteurs. Plusieurs cas de justice populaire ont été signalés en juin, notamment à Port Bergé où la résidence du chef de district a été réduite en cendre par une bande de 500 à 600 individus exigeant la libération de six détenus, parmi lesquels des membres du « Dina Besaboa ». Quatre enlèvements d’opérateurs indo-pakistanais se sont produits en l’espace de deux semaines. Le gouvernement aurait fait appel à des experts français.

La ministre de la justice ordonne l’assainissement du monde judiciaire. Devant les greffiers en chef, elle a demandé une prise de responsabilité immédiate de tous les acteurs du système. Les greffiers ont été notamment invités à traiter les justiciables avec respect, à mettre un terme aux mauvaises pratiques et à se soucier du bon usage des deniers publics. Des propos aussi fermes avaient été tenus devant l’ensemble du corps de la magistrature et du monde judiciaire lors de la prise de fonction de la garde des sceaux. Noro Vololona Harimisa demande au CSM de jouer pleinement son rôle de garant de l’indépendance de la justice et au SMM de faire preuve de « sagesse, de retenue et d’exemplarité ». Le conseil des ministres a remplacé plusieurs hauts responsables du ministère de la justice. L’Express a évoqué « un coup de grisou ».

Le procureur général de la Cour suprême a rouvert l’enquête opposant l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga à la Jirama. L’affaire concerne le paiement du loyer de générateurs à la société Madagascar Utilities, appartenant à Mamy Ravatomanga, qui était également, à l’époque, membre du C.A. de la Jirama. Pour l’accusation, il s’agit d’une facture fictive destinée à puiser des fonds dans les caisses de la société nationale. En mars 2017, le multimilliardaire, PDG du groupe Sodiat et proche d’Andry Rajoelina, avait obtenu pour cette même affaire un non-lieu du tribunal correctionnel d’Antananarivo. La presse rappelle que Mamy Ravatomanga fait l’objet d’une enquête menée par le parquet financier de Paris portant sur l’acquisition frauduleuse d’immeubles et de villas pour plus de 4,5 millions d’euro à Levallois-Perret.

pov 16 06 18Après plus de deux ans de cavale, le colonel Lylison, sénateur Mapar, a été acquitté en appel. L’ex-chef des célèbres et très contestées Forces d’intervention spéciales (FIS) de la Transition a refait une apparition en public pour la première fois depuis 2016. Tribune note que cette décision judiciaire survient au lendemain de la nomination du premier ministre de consensus proposé par le Mapar, nomination synonyme pour certains d’un retour en force d’Andry Rajoelina. Le colonel Lylison avait été poursuivi pour troubles à l’ordre public et atteinte à la sûreté de l’État après avoir incité les Tananariviens à décréter une ville morte le 23 mai 2016.

Un « Dina » a été créé à Nosy Be pour assurer la protection des ressources naturelles, annonce le préfet de police. Une formation sera dispensée aux chefs fokontany et autres responsables locaux. Le tribunal a donné son approbation pour le rendre exécutoire. De nombreuses démarches similaires ont été engagées par la population dans plusieurs régions pour lutter contre l’insécurité.

La loi sur le recouvrement des avoirs illicites n’a toujours pas été adoptée. Ce projet est jugé par Midi essentiel dans le cadre de la lutte contre la corruption.

Des candidats demandent l’annulation du concours de recrutement de commissaires de police. Une requête en ce sens a été déposée auprès du Conseil d’Etat. Des candidats admis auraient été éliminés à la dernière minute. Ils suspectent des faits de corruption et des irrégularités.

Les magistrats du Pôle Anti-Corruption (PAC) d’Antananarivo ont prêté serment, après plusieurs reports en raison des réticences des élus à adopter ces textes et de difficultés de recrutement. Le PAC d’Antananarivo remplace la Chaîne pénale anti-corruption mise en place en 2004. D’autres PAC seront progressivement installés dans les chefs-lieux de province. La décision d’établir ces juridictions spécialisées recommandées par les partenaires onusiens et le FMI remonte à 2015.

Madablog a publié un reportage réalisé en 2008 sur les pratiques d’exorcisme à Madagascar. Réalisées par les « bergers » de l’Eglise luthérienne, elles peuvent conduire à soigner des maladies psychiatriques par des méthodes assimilables à des traitements cruels, inhumains et dégradants, telles que l’enchainement nuit et jour d’hommes, de femmes et même d’enfants.

Le taux de prévalence du VIH/Sida s’accroit. Il est actuellement de 0,3 %. L’Onu/Sida se déclarait en 2016 préoccupé par la situation. L’effectif de 31 000 personnes déclarées porteuses du VIH serait très éloigné de la réalité. La population reste réticente à se faire dépister.

L'Office national de nutrition indique que la Grande île a besoin de 740 millions de dollars par an pour une bonne nutrition des enfants de moins de 5 ans. 398 millions de dollars annuels suffiraient à financer 14 projets de nutrition pour que ces enfants ne souffrent plus de malnutrition modérée ou aigüe. Le taux de malnutrition modérée des enfants de moins de 5 ans atteint actuellement 47,3 %.

Deux millions de Malgaches sont atteints de drépanocytose. Sur les 50 millions de personnes drépanocytaires dans le monde, 11 % sont des Malgaches. Le traitement de cette maladie génétique héréditaire est complexe. Le pourcentage d’enfants susceptibles d’être atteints est particulièrement élevé dans la région Atsimo Atsinanana.

Après cinq ans de mise en œuvre, le programme d’appui aux services sociaux de base-santé (Passoba-Santé) est arrivé à son terme et affiche un bilan globalement positif. Plus de 10 millions de personnes ont bénéficié d’un meilleur accès aux services et soins de santé. Le programme, mis en œuvre par l’UNICEF et l‘AFD, a été financé par l’UE à hauteur de 22 millions d’euros à son début, puis de 10 millions supplémentaires pour son prolongement de deux ans.

Madagascar a été déclaré officiellement « Pays libre de la polio » par la Commission régionale de certification de l'éradication de la poliomyélite en Afrique.

Payer pour travailler. Dans un article publié sur son site, l’OIT révèle qu’à Madagascar il faut parfois payer son responsable hiérarchique pour pouvoir travailler, conserver son emploi et voir son contrat renouvelé. Les délégués syndicaux hésitent à dénoncer ces pratiques et l’inspection du travail doit souvent faire face à des intimidations verbales et parfois même à des menaces de mort.

La Journée mondiale contre le travail des enfants a été consacrée au travail dangereux et à la sécurité du travail pour les jeunes ayant l’âge légal de travailler. Deux millions d’enfants de moins de 15 ans travaillent et ne sont pas scolarisés, selon une étude du BIT, de l’UNICEF et de l’Instat de 2016.

Les services de la protection de l’enfance enregistrent une progression préoccupante des déclarations de fugue et de disparition. 329 cas ont été enregistrés dans la capitale entre janvier et mai 2018. Une enquête menée par l’UNICEF auprès de 950 enfants des rues de la capitale montre que 70 % des enfants sont poussés à mendier par leurs parents. S’ils rentrent à la maison les mains vides ils sont sévèrement punis.

Une étude nationale sans précédent vient de paraître sur les violences à l’égard des enfants. Elle confirme que ces violences font partie de leur vie quotidienne. Une violence banalisée et un taux de signalement quasi inexistant. Les enfants victimes de viols incestueux obtiendraient rarement gain de cause devant les tribunaux.

« Enfants nés en prison : des êtres oubliés ! », titre La Gazette. Des enfants naissent encore dans les prisons car la mère est enceinte à son arrivée. On constate aussi que des femmes détenues tombent enceintes durant la période de détention alors que l’organisation carcérale exclut en principe ce type de situation. Ces enfants, ne pouvant être séparés de leurs mères, sont obligés de partager leurs conditions carcérales.

L’association des femmes luthériennes dénonce la coutume qui délaisse les veuves dans la région Sud-Ouest. La famille de l’homme défunt accapare tous les biens acquis durant l’union, dépouillant la veuve de tous ses biens et de toutes ses ressources.

14 radios de proximité dans 11 districts du Sud touchés par l’insécurité ont participé à des sessions de renforcement de capacité organisées par le PNUD et l’UNESCO dans le cadre de la mise en œuvre des projets financés par le Fonds des Nations unies pour la Consolidation de la paix.

Le nouveau ministre de la communication, Riana Andriamandavy VII, contesté par les journalistes. Dès sa nomination ils n’ont pas hésité à faire connaître via Facebook leur désapprobation pour la nomination de cette personnalité qui s’est illustrée par des agissements répréhensibles au lendemain de l’arrestation de l’ex-conseillère du chef de l’Etat, Claudine Razaimamonjy, poursuivie pour détournement de deniers publics. Pour La Gazette cette nomination s’apparente à une ultime provocation aux professionnels des médias, et qui plus est, il s’agit d’une « erreur de casting ». La Vérité est du même avis et se dit « scandalisé ».

La licence d'exploitation des stations TV et radio MBS appartenant à Marc Ravalomanana a été rétablie à la suite du verdict du Conseil d'Etat qui annule la décision du ministère de la communication. Après une décennie de fermeture, le PDG de Tiko espère pouvoir refaire enfin son retard médiatique sur ses adversaires à la présidentielle, notamment Andry Rajoelina, qui, avec la station Viva, dispose de gros moyens

Un partenariat a été signé entre L’Express et L’Ecole supérieure de l’information et de la communication (Samis/Esic) dépendant du Collège Saint Michel pour lancer L’Express Academy, un centre de réflexion, de formation, d’étude et de réflexion sur le journalisme, l’information et la communication.

Des experts australiens du secteur minier vont collaborer au renforcement de compétence des responsables malgaches. Leur contribution portera notamment sur le respect des cahiers des charges pour les permis délivrés, la politique fiscale et la législation, le développement durable et la surveillance des impacts environnementaux des opérations minières.

Les exportations malgaches de saphir sont très largement clandestines. A peine 10 % des 20 tonnes produites chaque année sont déclarées, révèle le DG du Bianco. Des exportations clandestines d’espèces protégées (caméléons, geckos, tortues) sont de nouveau mentionnées. Près d’un millier tortues braconnées ont ainsi été saisies depuis le début de l’année sur la RN7, en provenance du Sud.

La présence de gros bateaux de pêche chinois au large de Lavanono (district de Tsihombe) préoccupe la population qui craint pour la surexploitation de ses ressources halieutiques. Le ministère de la pêche dément toute activité illégale.

105 des 112 espèces de lémuriens sont menacées d’extinction et la situation s’aggrave. Les chercheurs lancent un cri d’alarme. En cause, la déforestation mais aussi, selon eux, l’impunité régnante, le laxisme de la justice et des autorités.

A l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, Amnesty International, l’Alliance Voahary Gasy, la Coalition Nationale de Plaidoyer Environnemental et le CRAAD-OI se sont associés pour des actions de sensibilisation. La population a été appelée à soutenir les défenseurs de l’environnement.

Après 3 semaine de détention, un militant écologiste, Christopher Manenjika, a été déclaré coupable de « rébellion » et d’« outrage à fonctionnaires ». « La ressemblance est frappante entre le cas de Christopher et celui d'autres militants écologistes à Madagascar, eux aussi en butte à des accusations de " rébellion ", qui sont un prétexte pour les réduire au silence », a déclaré Amnesty International.

Les constructions et remblais illicites ont augmentés ces derniers mois à Antananarivo. La nouvelle ministre de l'aménagement du territoire, Christine Razanamahasoa, s’est déclarée déterminée à y mettre un terme. Dans le collimateur de La Gazette, Edgar Razafindravahy, ancien PDS d’Antananarivo et conseiller de la présidence, qui poursuivrait des remblayages de terrains jouant un rôle essentiel pour le drainage de zone inondables.

La désertification touche 31 % de la superficie du pays, dans 12 des 22 régions, principalement dans l’Ouest et le Sud-Ouest. Aux causes traditionnelles que sont la déforestation et les feux de brousse, s’est ajouté plus récemment le rejet d’eaux usées provenant des sites d’exploitations minières.

Lanouvelle ministre de l’aménagement du territoire a annoncé son intention de suspendre la loi sur la Zones économiques spéciales (ZES), qualifiée par le Collectif Tany de « porte ouverte à l’accaparement des terres ». S’adressant aux étrangers qui essaient d’accaparer illégalement des terrains, elle déclare : « Il faut que vous respectiez et la loi et les valeurs malgaches. Les propriétaires du terrain doivent également le démontrer avec des documents légaux ».

La Chine financera la réhabilitation de la RN5A, qui relie Ambilobe à Vohémar, l'une des seules voies desservant le Nord-Est de l'île. L'Exim Bank of China a débloqué 158 millions de dollars pour financer la réfection de cet axe stratégique. La Chine aurait tiré profit de la lenteur de décaissement des aides du FED allouées à Madagascar.

La Banque mondiale a annoncé un appui additionnel de 40 millions de dollars pour le « Projet d’amélioration de la gouvernance et des opérations dans le secteur de l’électricité » (PAGOSE). Objectifs : renforcer la performance financière et opérationnelle de la Jirama ainsi que la transition vers les énergies renouvelables. Le pays occupe la 185e place sur 190 pays dans le classement des indicateurs énergétiques du rapport Doing Business. Le taux national d’électrification était de 15 % en 2016. Le projet de loi de finances rectificative en cours d’examen prévoit une enveloppe supplémentaire de 100 milliards Ar pour la Jirama. La compagnie nationale ne devrait plus percevoir aucune subvention de l’Etat en 2021.

La centrale solaire photovoltaïque d’Ambatolampy, est opérationnelle. C’est la plus grande de l’océan Indien et l’une des plus importante en Afrique subsaharienne. Des installations similaires sont envisagées dans une quarantaine d’autres localités. Les travaux de construction de la centrale hydro-électrique de Mahitsy avancent. Cette centrale, construite sur le fleuve Ikopa et fournissant une puissance de 28 MGW, sera opérationnelle au second semestre 2019. Elle alimentera plus de 200.000 ménages sur le réseau interconnecté d’Antananarivo. 300 millions d’euros d’investissements seront alloués au renforcement de la production d’électricité dans la région de Toamasina à partir de 2019, grâce au projet de centrale hydro-électrique de Volobe.

La monnaie nationale devrait poursuivre sa dépréciation en 2018. Celle-ci sera néanmoins limitée par les décaissements qui doivent intervenir dans le cadre du programme FEC du FMI, les bonnes perspectives pour les cours de la vanille et une meilleure gestion des exportations aurifères. L’insécurité qui frappe désormais les touristes étrangers, pourrait impacter lourdement le secteur, gros fournisseur de devises.

Le développement informatique victime d’une fuite de cerveaux. Et les bons éléments - ceux qui ne sont pas partis - sont engagés par les compagnies off-shore en services informatiques qui travaillent pour le compte des géants internationaux.

Recensement de la population - Les agents recenseurs rencontrent des obstacles dans la collecte des informations auprès de la population. Le contexte politique inciterait celle-ci à faire preuve de méfiance. Le DG de l'Instat reconnait des défaillances dans la sensibilisation. Dans certaines zones, les agents doivent se faire accompagner par les forces de l’ordre en raison de l’insécurité. Malgré le retard pris par les opérations, les premières données sont attendues pour courant octobre.

Trafic de stupéfiants : 140 kg de drogues ont été saisis par les douanes et la gendarmerie. Neuf individus ont été interceptés (dont trois Mauriciens). Un important réseau international serait derrière cette affaire. Il s’agirait de la plus grande prise jamais réalisée à Madagascar et en Afrique de l’Est. La marchandise, en transit par Madagascar, était destinée aux marchés des îles de l’océan Indien.

Zone franche textile de Tanjombato : un employeur chinois dénoncé pour violence par ses employés a été interpelé. Sidérés par le comportement de leur chef, les employés se sont révoltés et ont déposé plainte.

Le futur cardinal Désiré Tsarahazana, archevêque de Toamasina et président de la conférence épiscopale, s’inquiète de la montée de l’islam dans la Grande île. Dans un entretien accordé à l’association « Aide en l’Église en détresse », il évoque une « invasion ». Cette situation serait due, selon lui, à la présence massive de personnes issues des pays du Golfe et du Pakistan qui « achètent les gens ». L’archevêque s’inquiète également de la construction massive de mosquées dans le pays. Des fondamentalistes commenceraient à s’installer, en provenance des Comores.

L’OIF engage des actions de prévention des phénomènes de radicalisation et d’extrémisme violent chez les jeunes. Bien que la zone océan Indien soit encore relativement épargnée par ces phénomènes, l’OIF a pris l’initiative d’organiser un séminaire régional sur "les politiques publiques de la jeunesse et la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent. "

 

SOMMAIRE

POLITIQUE

  • La recherche d'une issue à la crise politique
  • La désignation d’un « premier ministre de consensus »
  • Formation du nouveau gouvernement - fixation du calendrier de la présidentielle

DROITS HUMAINS - GOUVERNANCE

  • Insécurité, dahalo, vindicte populaire, enlèvements
  • Justice, gouvernance
  • Santé
  • Droit du travail
  • Droits des enfants, droits des femmes
  • Médias

ÉCONOMIE - SOCIAL

  • Ressources naturelles, trafics, environnement, questions foncières
  • Coopération, bailleurs de fonds
  • Economie
  • Social, divers

 

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23 juin 2018

ARTICLES REMARQUES - JUIN 2018

<> 23 06 18 - Le Monde - Laurence Caramel - Madagascar rattrapée par ses vieux démons
La Grande île est plongée dans la crise depuis deux mois. Le processus électoral est suspendu aux affrontements entre les trois principales figures politiques du pays. Deux mois après le début de la crise provoquée par l’adoption de lois électorales non conformes à la Constitution et la répression des manifestations qui a suivi, le feu couve toujours à Madagascar.

<> doc 20 06 18 - OIT - Briser la violence au travail - Enquête à Madagascar
La 107e Conférence internationale du Travail (CIT) a commencé cette année à aborder la question de la violence et du harcèlement contre les femmes et les hommes dans le monde du travail. Elle poursuivra ses travaux l’an prochain pour une seconde discussion. Même si elles prennent parfois des modalités différentes selon le niveau de développement, les principales formes de violence au travail se retrouvent partout dans le monde. Dans les pays les plus pauvres, ces pratiques inacceptables sont souvent encore aggravées par la pauvreté. Enquête à Madagascar.

- 17 06 18 - L'Express - La société civile vilipende le gouvernement
Le mouvement de la société civile Rohy doute de la capacité du gouvernement, fortement marqué par les partis politiques HVM, Mapar et TIM, à organiser des élections crédibles. Ses représentants se disent « affligés » par le profil des titulaires de postes ministériels clé. Leur nomination aurait été effectuée sur des critères purement politiques, étrangers aux intérêts supérieurs de la nation. Plus particulièrement dans le collimateur, les ministres des mines, de l’aménagement du territoire, des ressources halieutiques, du commerce et de l’industrie, de la communication. La société civile avait milité pour la formation d’un gouvernement de technocrates, considéré comme le mieux à même de conduire aux élections. La nomination du premier ministre Christian Ntsay avait été bien accueillie mais forte a été la déception de constater que le gouvernement est désormais sous la coupe du triumvirat formé par les protagonistes de la crise politique, dont on ignore jusqu’au contenu de l’accord politique qu’ils ont conclu entre eux. La société civile redoute une politisation des ministères à caractère social dans un but électoraliste.

pov 12 06 18

<> 12 06 18 - Le gouvernement d’« union nationale » est formé. « La formation de ce gouvernement est issue d'un dialogue entre différents acteurs politiques de la crise à laquelle nous mettons fin ce jour », a déclaré Hery Rajaonarimampianina devant les 30 membres de la nouvelle équipe. Sept sont membres du Mapar. Parmi eux, des figures bien connues de la place du 13-Mai comme Christine Razanamahasoa, l'une des leaders des députés de l'opposition, nommée ministre de l'aménagement du territoire. Le TIM obtient quatre ministères. Le député Guy Rivo Randrianarisoa, proche de l'ancien chef de l'État devient ministre de l'industrie et du développement du secteur privé. Mais la plupart des portefeuilles clés échappent à l'opposition et ce gouvernement d'union est surtout composé de ministres issus de la majorité présidentielle. Sept ont même été reconduits à leur poste. C'est notamment le cas de la ministre des finances ou encore du ministre de la défense, le général Béni Xavier Rasolofonirina, qui a pris plusieurs fois la parole ces dernières semaines pour demander au régime et à l'opposition de trouver rapidement un accord de sortie de crise. On total, on compte 22 entrants pour 23 sortants.

L’Express titre : « Le gros lot au HVM, les miettes au Mapar-TIM ». Une équipe disparate, résolument politique, au grand dam de la société civile, dans laquelle chaque composante a pris soin de placer ses ténors. Les ministres régaliens de l’ancienne équipe ont été reconduits, sauf au ministère de l’intérieur. Pour le quotidien, la composition de l’équipe résulte d’une laborieux compromis et non d’un véritable consensus. La mission de chacun semble être de défendre les enjeux électoraux de son camp.

Pour Midi, la composition de la nouvelle équipe ne respecte pas la clé de répartition prévue dans la décision de la HCC, elle est « une insulte aux manifestants de la Place du 13-Mai » qui exigeaient « un gouvernement à zéro redoublement et zéro HVM ». « Elle risque de ne pas apporter l’apaisement souhaité pour l’organisation des élections », redoute le quotidien. La députée TIM Hanitra Razafimanantsoa, leader de la place du 13-Mai a laissé entendre qu’elle ne pouvait pas entrer dans ce gouvernement.

Pour La Gazette, « le nouveau gouvernement est à lui seul une institution insolite composée de têtes déjà connues et surtout des plus grands hors-la-loi du pays. Parmi ces ministres, il y en a qui ont des comptes à rendre à la justice, mais qui vont bénéficier d’une immunité, d’autres sont inculpés dans des affaires de trafic de stupéfiants ».

Tribune écrit : « Si l’on s’attendait à un gouvernement neutre et neuf, la formation Ntsay aura finalement été un partage de sièges pour satisfaire les acteurs de la crise politique. Peut-on alors en attendre un quelconque changement ? »

Les médias notent que Christine Razanamahasoa va devoir cohabiter avec Vonintsalama Andriambololona qui l’avait fait déloger de la villa « Jean Charles » en sa qualité de ministre responsable du patrimoine de l’Etat et des logements administratifs. Une expulsion qu’elle avait qualifiée d’« humiliante et indigne ». Autre nomination qui interpelle : celle du vice-président HVM du Sénat pour la province de Fianarantsoa, Riana Andriamandavy VII, nommé ministre de la communication et des relations avec les institutions, qui aura en charge l’application des règles d’équité entre candidats lors de la présidentielle. L’homme a défrayé la chronique pour avoir défendu par des procédés plus que contestables l’ex-conseillère du chef de l’Etat, Claudine Razaimamonjy.

13/06 - La composition du gouvernement sème la zizanie au sein du groupe des « députés pour le changement ». Plusieurs de leurs leaders ont refusé d’intégrer la nouvelle équipe. Le rassemblement quotidien de la place du 13-Mai s’est tenu en présence de plusieurs milliers de manifestants dépités et déstabilisés. Certains ont exigé la démission des ministres Tim et Mapar nouvellement nommés, d’autres leur « comparution » devant les manifestants. Nombre d’intervenants ont dénoncé « une violation grave et flagrante » des décisions de la HCC du 25 mai. Rado Rabarilala, pilote d’Air Madagascar suspendu de ses fonctions et dirigeant syndicaliste, souligne que si les députés abandonnent la lutte sur la place du 13-Mai, les syndicalistes les relayeront. Les syndicalistes de la SSM (Solidarité Syndicale de Madagascar) déplore qu’aucun des noms de potentiels ministres qu’elle a proposés n’a été retenu et que la lutte doit se poursuivre et se renforcer jusqu’à obtention de la démission du chef de l’Etat. « Le gouvernement a accouché d'un monstre à sept têtes. Il faut l'enterrer sans condition », a tranché un député indépendant. Les leaders du mouvement annoncent une grande mobilisation « pour décider de la suite de cette lutte ».

- 11 06 18 - Amnesty International - Flash - Un militant écologiste condamné à une amende absurde sur fond de répression persistante
Le 8 juin, après avoir passé plus de trois semaines en détention, Christopher Manenjika a été déclaré coupable de « rébellion » et d’« outrage à fonctionnaires ». Les poursuites intentées à son encontre s'inscrivent dans la lignée de plusieurs inculpations de militants écologistes sur l'île, dont beaucoup encourent des peines de prison. « La ressemblance est frappante entre le cas de Christopher et celui d'autres militants écologistes à Madagascar, eux aussi en butte à des accusations de " rébellion ", qui sont un prétexte pour les réduire au silence », a déclaré Amnesty International. Le montant absurde – 6,80 euros – de l’amende infligée à un militant écologiste sur la base d’accusations forgées de toutes pièces est le dernier exemple de la répression que mène le gouvernement malgache contre ceux qui dénoncent le trafic illicite de ressources naturelles du pays, a déclaré Amnesty International. L’alerte avait été donnée le 29 mai par un communiqué de la CNIDH : Communiqué de la CNIDH
Voir aussi l'article du Blog d’Environmental Investigation Agency (EIA) :

Pas un de plus: une autre voix pour la forêt réduite au silence à Madagascar

Une prise de conscience prend forme à l'échelle du globe concernant le destin parfois tragique des défenseurs de l'environnement et de leurs familles, présents sur le front tous les jours et réduits au silence, menacés ou même assassinés.





- 08 06 18 - Communiqué du SeFaFi - Les enjeux du recensement
Les agents recenseurs rencontrent des obstacles dans la collecte des informations auprès de la population
. Le contexte politique incite celle-ci à faire preuve de méfiance. Les questions portant sur le niveau de vie et la situation des ménages suscitent le plus de craintes, l’objectif recherché n’étant pas compris. Pour nombre de personnes, le recensement consiste simplement à dénombrer la population. La phase préalable constant à numéroter les habitations n’a pas pu être achevée dans de bonnes conditions, faute de pouvoir leur attribuer des adresses précises. Le SeFaFi explique les raisons de cette défiance de la population. Le directeur général de l'Instat reconnait une défaillance dans la sensibilisation de la population et affirme que le questionnaire sera bientôt mis en ligne. Autre problème, qui est venu perturber le recensement : certains agents n'ont pas reçu leurs indemnités et ont donc cessé de travailler. De quoi retarder d'une dizaine de jours la fin de cette opération d'envergure prévue initialement le 10 juin. Les premières données sont attendues pour courant octobre.

06 06 18 - Jeune Afrique - Un parfum de fin de règne pour Rajaonarimampianina
Si la Haute Cour constitutionnelle n’a pas osé déchoir le très contesté chef de l’État, le rappel à l'ordre qu'elle lui a signifié a ouvert de facto la course à sa succession. Et la nomination, lundi 4 juin, de Christian Ntsay au poste de premier ministre ne change rien au parfum de fin de règne qui flotte sur Antananarivo.  Hery Rajaonarimampianina est bien victime d’un « coup d’État ». Pas militaire, comme le furent certains de ses prédécesseurs, et encore moins populaire, contrairement à ce que le président malgache avait un peu vite affirmé, au soir du 22 avril, quand il s’agissait de parer au plus pressé après la mort de plusieurs manifestants, mais bien constitutionnel.

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05 06 18 - Christian Ntsay nommé premier ministre de consensus
. « J’ai nommé premier ministre Christian Ntsay, un homme expérimenté et ayant les compétences pour l’apaisement » a affirmé le chef de l’Etat. Haut fonctionnaire international, l’homme n’est pas totalement nouveau dans l’administration malgache. Né le 27 mars 1961 à Antsiranana, il a occupé des postes de direction dans des sociétés d’Etat dont le Secren et la Solima. De 2002 à 2003, Ntsay Christian a été ministre du tourisme sous Marc Ravalomanana. Le nouveau locataire s’est également distingué sur la scène internationale, ayant officié pour de nombreuses branches des Nations unies avant sa nomination en tant que représentant résident du BIT pour Madagascar, Maurice, les Comores et les Seychelles. Ntsay Christian est diplômé en techniques de gestion et de direction d’entreprises au Centre d’études financières, économiques et bancaires de Paris. Il possède une licence en sciences économiques de l’université d’Antananarivo. Bien que présenté par le Mapar, il serait sans attache politique. D’après Midi, sa nomination aurait bénéficié de la bénédiction des partenaires techniques et financiers. Selon les informations émanant de la présidence de la République, sa mission est « de mettre en place un gouvernement ouvert aux autres forces politiques, lequel aura la responsabilité commune de garantir clairement le processus électoral ».il aura notamment la charge de préparer et de garantir la crédibilité des élections présidentielles anticipées.

Les « députés pour le changement » ont contesté cette désignation qui ne découlerait pas de la liste qu’ils avaient soumise, exigeant que le poste soit attribué à l’un des leurs. Le député Mapar Brunel Razafitsiandraofa de rajouter que seuls son nom, celui de Christine Razanamahasoa et celui de Tinoka Roberto avaient été présentés au chef de l’État. La présidence de la République, en revanche, a affirmé que cette nomination avait pu se faire grâce à un accord politique entre les protagonistes de la crise. Au final, le nom de Christian Ntsay a bel et bien été proposé par le Mapar. Hery Rajaonarimampianina aurait refusé la première liste qui lui avait été soumise. Sur celle-ci figurait le nom des trois députés du Mapar. Une deuxième liste aurait alors été envoyée, sur laquelle Christian Ntsay figurait. Tribune s’interroge sur le double langage tenu par les représentants du Mapar, qui se montrent réticents à admettre que le parti a conclu un accord en bonne et due forme avec le pouvoir, à l’insu des « députés pour le changement », particulièrement ceux du TIM, qui doivent maintenant s’y soumettre bon gré mal gré. Les manifestations sur la place du 13-Mai vont probablement cesser. Au micro RFI le chargé de communication du Mapar, Augustin Andriamananoro, a exprimé sa satisfaction quant à la nomination de Christian Ntsay. A en croire le député Mapar Brunel Razafitsiandraofa, « viendra le temps d’annoncer la fin des manifestations sur la place du 13-Mai. La lutte continuera mais ne se fera plus sur la place publique ». Le TIM de Marc Ravalomanana n’a pas encore confirmé son association à l’accord politique conclu. L’UA a salué l’effort mené pour trouver un consensus politique qui a permis la nomination de ce nouveau premier ministre de consensus.

Nommé le 15 avril 2016, Olivier Mahafaly a battu le record de longévité à la tête du gouvernement sous la IVe République, malgré les menaces de motion de censure qui ont pesé sur lui. Les propos qu’il a tenu lors de l’annonce de sa démission laissent penser à certains qu’il pourrait se porter candidat à la présidence de la République.

En application de la décision de la HCC du 25 mai, Christian Ntsay dispose de 7 jours pour former son gouvernement.

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06/06 - Face aux manifestants de la place du 13-Mai, les « députés pour le changement », divisés, ont tenté de jouer la carte de l'apaisement en affirmant accepter la nomination du nouveau premier ministre issu d'aucune de leurs deux mouvances mais les élus pro-Ravalomanana n’ont pas hésité à affirmer, amers, qu’Andry Rajoelina n'avait pas consulté leur chef de file pour négocier le nom du chef de gouvernement avec le chef de l’Etat. Ce qu’a confirmé Marc Ravalomanana qui a déclaré : « Quelle réunion ? Quel accord ? J’ai appris comme tout le monde le nom du premier ministre le jour de sa nomination ». « Beaucoup d'entre nous ont pris cette nomination comme une trahison », a enchainé Hanitra Razafimanantsoa, députée TIM. Une trahison aussi envers les manifestants de la place du 13-Mai. « Il y a eu quelque part une volonté de tromper le TIM qui pourtant était un allié dans la lutte pour le changement. (…) Nous ne nous sommes pas accordés avec le Mapar sur cette personne. On se demande d’où vient cette proposition », a déclaré Naika Eliane, vice-présidente du TIM pour la province de Toliara et ancienne sénatrice. Le député Roberto Tinoka du Mapar, quant à lui, a soutenu que le choix avait été effectué lors d’une entrevue entre Marc Ravalomanana, Andry Rajoelina et Hery Rajaonarimampianina, à l’initiative de la communauté internationale. « Au sein du Mapar, on assume ce choix car l’objectif est de préparer les élections au plus vite », affirme-t-il affirmé. La communauté internationale a fait part de sa satisfaction.

Prochaine étape décisive : la composition d'un nouveau gouvernement d'union nationale. Cette fois, les députés de l'opposition comptent bien être associés aux négociations, même si une clé de répartition des portefeuilles semble avoir été déterminée dans le cadre de l’accord politique conclus. Elle reposerait sur l’état des forces en présence à l’Assemblée nationale, révèle le président du Sénat et chef de file du HVM. La société civile militerait au contraire en faveur d’un gouvernement de technocrates. Les élus d’opposition ont appelé le nouveau premier ministre à venir les rencontrer au plus vite place du 13-Mai où les rassemblements sont maintenus. Il lui serait demandé de s’engager à appliquer les desiderata formulés par les manifestants. La pression continue donc de s’exercer sur Hery Rajaonarimampianina mais la revendication de démission du président de la République ne semble plus faire l’unanimité parmi les « députés pour le changement ».

Pour le juriste Imbiky Herilaza, cette nomination ne résout en rien la question des dérives de gouvernance, ni la question de l’impunité des politiciens lorsqu’ils sont placés à la tête du pays. Cette nomination confirme également selon lui que la Constitution de la IVe République n’a pas joué son rôle de garde-fou. Selon Fanahimanana Tiaray, juriste, les pouvoirs du président de la République ont été remis en cause par une juridiction, la HCC, dont la mission n’est pas de faire et de défaire les gouvernements. Le nouveau gouvernement ne pourra pas être dissout par le chef de l’Etat, alors qu’il s’agit de l’une de ses prérogatives. Et de conclure : « Ainsi, après la nomination de ce nouveau premier ministre et la formation du gouvernement de consensus, l’institution du président de la République ne semble plus disposer d’aucun pouvoir constitutionnel à part la signature de décret et la promulgation des lois. La nomination du premier ministre a tout simplement réduit l’institution du président de la République à un rôle figuratif en passant outre la Constitution ».

Midi redoute que l’organisation de l’élection présidentielle, tâche prioritaire du nouveau gouvernement, se fasse sur la base des lois électorales promulguées dans les conditions que l’on sait et qui sont très largement contestées. Leur révision exigerait qu’elles fassent l’objet d’un nouvel examen au Parlement mais pour l’heure les députés d’opposition maintiennent leur refus de siéger en présence de leurs collègues du HVM.

 

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31 mai 2018

REVUE DE PRESSE - MAI 2018

Crise politique - La manifestation du 21 avril et ses prolongements – Quelques points de repère

Le chef de l’Etat a rejeté l’accusation faite aux forces de l’ordre d’avoir tiré à balles réelles lors de la manifestation du 21 avril.

La CNIDH a annoncé qu’elle enquête sur un « usage excessif de la force » durant la manifestation des « députés pour le changement ». « Nous sommes en train de collecter toutes les informations », annonce un membre de la Commission.

pov 07 05 18La mobilisation des 73 députés d’opposition s’est poursuivie durant toute la période, avec des rassemblements quotidiens sur la place du 13-Mai, des sit-in devant les siège de la HCC et des tentatives pour bloquer la machine administrative, rallier les fonctionnaires et agents publics à leur cause ainsi que les étudiants et les établissements scolaires. Ils ont décidé de boycotter les travaux de l’Assemblée nationale jusqu’à réalisation de leur objectif : la démission ou la déchéance du président de la République pour non mise en place de la HCJ dans les délais impartis par la Constitution. Les forces de l’ordre sont restées sur la réserve, tout en invitant les citoyens à ne pas se laisser manipuler par les politiques et en invitant ceux-ci à respecter les libertés d’opinion, d’expression, d’association, de réunion, de circulation et de conscience.

La HCC a rejeté la plupart des dispositions controversées des projets de lois électorales, au grand dam des juristes et de la société civile qui lui ont fait le reproche de se substituer au législateur. Le gouvernement a décidé de mettre ces textes en conformité avec la décision de la HCC, sans les soumettre à nouveau au Parlement. Les textes amendés ont été promulgués.

La HCC a demandé au président de la République de fournir son mémoire en défense dans les 72 heures, suite à la requête aux fins de déchéance déposée par les députés de l’opposition. Son mémoire a été déposé par 79 députés et 85 sénateurs qui se sont rendus en cortège à la HCC.

pov 28 05 18La Cour a donné partiellement raison à l’opposition, maintenant Hery Rajaonarimampianina en fonction mais exigeant la constitution d’un gouvernement de consensus. Demi-défaite et demi-victoire pour chaque camp. Le président s’est vu imposé un délai de 10 jours pour former un nouveau gouvernement. C’est ce gouvernement qui devra organiser la prochaine élection présidentielle pendant la saison sèche, avant l’échéance prévue. Le chef de l’Etat s’est ainsi retrouvé avec un pouvoir considérablement réduit. La décision de la HCC a donné lieu de nouveau à de vives critiques : il lui est reproché d’avoir cédé aux pressions et menaces des 73 « députés pour le changement » et d’avoir édicté une feuille de route de sortie de crise qui outrepasse ses fonctions. Au lendemain de cette décision, l’opposition et les pro-régime ont tenu chacun un rassemblement dans la capitale. Les députés d’opposition ont continué à exiger le départ du chef de l’Etat et des chefs d’institution et ont déclaré vouloir durcir leur mouvement. Le SMM a déclaré que « la décision de la HCC ne revêt nullement un caractère judiciaire mais [qu’il s’agit d’une décision] politique (…) totalement illégale. La HCC a perdu toute sa dignité et ses valeurs ». La Cour, qui devrait être le garant de la constitutionnalité et le dernier rempart de la justice, s’est rendue coupable, selon le syndicat, d’un « déni de justice ».

POV 09 05 18Une nouvelle revendication a également fait son apparition : la destitution des députés qui auraient perçu des pots de vin durant leur actuel mandat.

Les 79 parlementaires pro-régime, satisfaits des appels au dialogue de la HCC, ont tenu des propos allant plutôt dans le sens de la conciliation et de l’apaisement. Ils ont émis le souhait que les députés d’opposition acceptent à nouveau de siéger à l’Assemblée.

La désignation du premier ministre de consensus, exigée par la HCC, a soulevé de nombreuses difficultés, notamment sur le fait de savoir quel parti sera habilité à proposer trois noms au chef de l’Etat car nombre d’élus du Mapar, parti majoritaire au début de la législature, ont changé de camp et le HVM n’existait pas au moment du scrutin. Les députés de l'opposition ont déposé une requête en déchéance pour les députés ayant changé de parti en cours de mandat, pratique prohibée par la Constitution.

Hery Rajaonarimampianina a demandé l’avis de la HCC sur la dissolution du gouvernement. Il souhaite connaître l’interprétation de la compétence présidentielle quant à la dissolution du gouvernement ainsi que les délais fixés par la HCC dans sa décision. Celle-ci ordonne au président de la République la dissolution du gouvernement alors que la Loi fondamentale accorde à ce dernier cette prérogative. Elles évoquent des dispositions qu’elle a outrepassé ses prérogatives.

Les députés et sénateurs proches du pouvoir ont également décidé de déposer une requête auprès de la HCC pour obtenir des précisions sur certains point de sa décision. Ils demanderaient ainsi à la HCC de préciser la signification du terme « accord politique ». Midi évoque une « guerre de requêtes entre les deux camps ».

La communauté internationale s’est mobilisée pour tenter d’amener les protagonistes à trouver un accord mais ses initiatives ont été rejetées par l’opposition. Le retour des émissaires de l’UA et de la SADC a été jugé particulièrement mal venu. L’UA a déploré dans un communiqué « « l’intransigeance des parties malgaches ». Plusieurs tentatives de médiation malgacho-malgache ont été rapportées et se poursuivent, sans que l’on sache précisément si elles ont permis de rapprocher les points de vue. Les initiatives prises par les Eglises du FFKM ne semblent pas avoir porté leurs fruits. L’émissaire de l’UA est revenu à Madagascar suite la demande de la HCC de constituer un gouvernement de consensus.

Tous ces efforts, conjugués avec l’ultimatum de la HCC, pourraient enfin déboucher sur une rencontre au sommet au CCI d’Ivato, avec la participation du chef de l’Etat et des trois anciens présidents, sous l’égide du CFM. Le FFKM serait également présent, tout comme la communauté internationale. D’après le CFM, l’objectif est de parvenir à un accord politique, conformément à la décision de la Haute Cour.

Le gouvernement a donné des consignes strictes aux autorités des provinces pour interdire la tenue de manifestations politiques sur la voie publique, alors que celles-ci étaient désormais autorisées dans la capitale. Les 73 « députés pour le changement », accompagnés de manifestants, ont déposé auprès du Conseil d’Etat une requête aux fins d’annulation et de sursis à exécution de la décision gouvernementale, s’insurgeant contre l’inégalité de traitement entre la capitale et les régions. Dans un communiqué Amnesty International a notamment déclaré : « Les autorités doivent respecter leurs obligations nationales et internationales de créer un environnement dans lequel les manifestants peuvent exercer leurs droits fondamentaux. (…) De même, la liberté d'expression doit également être respectée par l’opposition ». Le Conseil d’Etat a prononcé un « non-lieu à statuer ».  La direction de la législation et des contentieux a annoncé qu’un décret pris antérieurement avait déjà rétabli l’autorisation de manifester sur la voie publique dans les provinces.

Pour la chercheuse Ketakandriana Rafitoson, membre du SeFaFi, « les politiciens utilisent la pauvreté pour manipuler les foules ». La conférence épiscopale de Madagascar a exhorté les politiciens à respecter la trêve afin qu’ils puissent s’atteler à la recherche du bien commun et l’organisation d’élections libres et transparentes. Elle appelle la population à « ne plus accepter d’être de simples tremplins » pour les politiciens.

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L’archevêque de Toamasina, Mgr Désiré Tzarahazana a été nommé cardinal. Depuis le décès en 2010 de l’archevêque d’Antananarivo, Armand Gaëtan Razafindratandra, la Grande île n’avait plus de cardinal, au grand dam des fidèles. Le choix du Saint Siège a créé la surprise : tout le monde attendait que le pape accorde le titre à Mgr Odon Razanakolona, archevêque d’Antananarivo. Reçu par le chef de l’Etat, le cardinal Désiré Tsarahazana, accompagné du nonce apostolique, a affirmé que « l’Eglise ne s’immisce pas dans la vie politique », contrairement aux rumeurs véhiculées.

L’Australie renforce ses liens avec Madagascar. L'ambassadrice d’'Australie a annoncé que son pays va s'associer au PNUD pour renforcer les capacités des professionnels des médias à Madagascar et apporter son soutien aux institutions nationales dans le cadre du projet SACEM

La police nationale a mis en place des supports de communication sur le respect des droits humains, en collaboration avec le CICR et avec un financement de l’ambassade de Suisse. L’objectif est de renforcer le soutien que les forces de l’ordre doivent apporter à la protection de la population. Toutes les procédures mises en œuvre doivent obéir aux normes internationales, explique le ministre de la sécurité publique. Ces nomes doivent également s’appliquer dans les centres de rétention. « Le respect des droits de l’homme est au centre de nos préoccupations à Madagascar », affirme le représentant du CICR.

Le Rapport national de priorisation des ODD de Madagascar a été officiellement lancé. Madagascar a retenu 64 cibles parmi les 105 priorisables sur 169 cibles des 17 ODD, pour relever les défis de mettre fin à l’extrême pauvreté ; lutter contre les inégalités et l’injustice et s’adapter au changement climatique.

L’association pour la prévention de la torture (APT) en partenariat avec le ministère de la sécurité publique et le ministère de la justice a tenu un séminaire sur la mise en œuvre des garanties procédurales pendant la garde à vue.

Des bandes de dahalo armés ont encore semé la terreur dans plusieurs localités. Des membres d’une milice d’autodéfense villageoise ont été exécutés. Une bande de 28 dahalo armés a incendié une centaine d’habitations à Tsaratanana., faisant 450 sinistrés. A Maintirano, des villageois membres d’un Dina se sont rendus coupables d’actes de représailles qui ont conduit à l’exécution d’un chef de famille, tué à bout portant. La gendarmerie a ouvert une enquête. A Belo sur Tsiribihina, trois gendarmes ivres ont torturé un couple et ont échappé de peu à une vindicte populaire. Une trentaine de dossiers de vindicte populaire ont été enregistrés depuis l’affaire Antsakabary en févier 2017. Des informations judiciaires ont été ouvertes mais les familles des victimes demeurent sans réponse. Dans l’affaire Antsakabary, l’autorisation de poursuite de policiers ayant participé à l’expédition punitive, donnée par le ministre de la sécurité publique, n’a pas été suivie d’effet. Les 40 policiers impliqués n’ont été ni enquêtés ni déférés.

Un opérateur économique karana a été enlevé dans un quartier de la capitale.

Plus de 50 ans après son indépendance, Madagascar a enfin sa première Haute cour de justice (HCJ). Le décret de constatation de la désignation de certains membres a été rendu public par la présidence de la République trois jours après la mise en demeure de la HCC faisant suite au constat de carence du chef de l’Etat. La prestation de serment des 12 membres de la HCJ aura lieu le 1er juin.

La brigade de gendarmerie de Manjakandriana a été accusée d’avoir torturé deux prévenus. L’un des deux est décédé après son transfert à la maison centrale d’Antanimora. Le médecin-chef a conclu à un décès consécutif à des « contusions organiques internes et corporelles externes par tortures physiques fatales ».

Houcine Arfa a été condamné en appel à deux ans de prison ferme. Ses complices écopent de sept mois à un an. C’est le cas de deux agents pénitenciers et d’un médecin impliqué dans cette affaire. Le tribunal de première instance avait condamné le franco-algérien à trois ans de prison fin 2017. Le mandat d’arrêt international est confirmé. Aucun responsable du ministère de la justice n’a jusqu’alors été inquiété dans ce dossier, malgré de fortes suspicions. L’examen de la plainte déposée par Houcine Arfa auprès des tribunaux français aurait débuté fin mars. Interviewé par Tribune, l’ancien conseiller du président de la République confirme toute ses déclarations antérieures et se dit « prêt à débattre publiquement et en direct avec le gouvernement ».

Six arrestations ont été opérées suite au vol de 800 millions Ar au domicile du premier ministre fin 2017. L’affaire semble a mis les autorités dans l’embarras. Selon la gendarmerie, il s’agirait de « fonds spéciaux ».

La Croix-Rouge malgache va porter plainte dans l’affaire de détournements de fonds dont elle est accusée par la Fédération internationale de la Croix-Rouge. Les résultats de l’audit commandé par la Croix-Rouge norvégienne lui ont été transmis, ce qui devrait permettre de lancer de poursuites à l’encontre des responsables.

Un général et deux adjudants-chefs interceptés à Ihosy pour le transport de 120 sacs de cannabis à bord de trois véhicules. Les trois hommes, en poste à Toliara, étaient en tenue réglementaire.

Selon L’Express.fr, le parquet financier français enquête sur les achats immobiliers de Mamy Ravatomanga, PDG du groupe Sodiat, présenté par le magazine Forbes comme l'une des dix plus grosses fortunes de Madagascar en 2017 et proche conseiller d’Andry Rajoelina. Une demande d'entraide judiciaire aurait été adressée par la France aux autorités malgaches en juin 2017. Pour certains médias, le milliardaire soutiendrait le mouvement de contestation des 73 « députés pour la changement » dans le but de faire revenir au pouvoir Andry Rajoelina.

Les nouvelles dates de concours d’entrée à l’Ecole Nationale de la Magistrature et des Greffes (ENMG) ont été fixées aux 19 et 20 juin. Les résultats du concours qui s’était tenu début février avaient été annulés suite à des suspicions de corruption et aux pressions exercées par le Bianco, le SMM et la CNIDH. Aucune information n’a été donnée sur l’avancement de l’enquête confiée au Bianco. Des caméras de surveillance seront mises en place.

Les fraudes détectées par les services des douanes sont en forte hausse. Les inspections physiques des containers débarquant à Toamasina sont de moins en moins vaines. Selon des chiffres publiés par la Banque mondiale, les inspections physiques réalisées à la fin du troisième quadrimestre 2017 ont généré cinq fois plus de redressement que par le passé. Les amendes douanières perçues sont également en hausse. Pour la Banque, cette amélioration est le résultat de la mise en place d’un système d’évaluation de performance au sein de services de la direction générale des douanes. Les mesures prises pour améliorer la détection des fraudes ont également permis une diminution de la concurrence déloyale de produits importés.

Antananarivo affiche un taux de particules fines trois à six fois plus élevé que les valeurs recommandées par l’OMS. La capitale malgache figure parmi les villes au monde où l’air est le plus pollué.

Avec une sage-femme pour 16 000 habitants, soit trois fois moins que les normes internationales, Madagascar n’est pas en mesure de faire bénéficier de soins de qualité aux mères, aux nouveau-nés et aux femmes ayant besoin de services de santé sexuelle et reproductive. « Si toutes les femmes avaient accès à une sage-femme, 56 % des décès maternels et des nouveau-nés pourraient être évités », plaide l’UNFPA.

69 employées de maison expatriées au Koweït ont pu rentrer au pays grâce aux efforts de l’ambassade de Madagascar en Arabie Saoudite, du ministère des affaires étrangères et de l’OIM. Les procédures de rapatriement pour les 18 autres sont en cours mais se révèlent délicates. Trois femmes impliquées dans un réseau de migrations clandestines vers la Chine ont été incarcérées.

Les journalistes de la chaine Kolo TV ont publié un reportage accablant sur les abus sexuels commis sur mineures. Des actes banalisés, un sujet tabou. Selon La Gazette, de nombreux intervenants malgaches sont impliqués dans des réseaux formés pour offrir aux touristes étrangers des services à caractère sexuel impliquant des mineures.

La validation de la stratégie nationale de lutte contre le mariage précoce a été présentée en conseil de gouvernement. Elle vise à réduire de 41,2 % à 21,2 % le taux de prévalence du mariage des enfants à Madagascar en 2024.

Pour Mgr Odon Razanakolona archevêque d’Antananarivo, « le non-développement de Madagascar est lié aux tâtonnements et aux errements du système éducatif. (…) L’enseignement de base (…) ne semble plus être au cœur de l’action de l’État ».

A l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de presse, le ministre de la communication, Harry Laurent Rahajason, a déploré « le manque de professionnalisme » des journalistes. « La plupart d’entre nous ne font que diffuser des fausses informations, violer la vie privée des gens ou diffamer », a-t-il lancé. En cause selon lui, « une liberté d’expression débridée. Au lieu d’utiliser cette liberté à bon escient, certains journalistes seraient en train de dépasser les règles du métier ».

Les médias privés ont joué un rôle déterminant dans le mouvement né de la manifestation du 21 avril, selon le sociologue André Rasolo. Pour la première fois lors d’une crise politique, la population a pu être informée du déroulement des évènements. Les médias ont pu contribuer à éveiller son esprit critique.

Arrestation d’un facebooker qui menait depuis plusieurs mois une campagne d’incitation à la haine à l’encontre de la communauté indienne. Les services spécialisés de la gendarmerie sont parvenus à identifier l’auteur. Il a été arrêté, déféré au parquet et condamné à une peine de deux années de prison avec sursis en application de la très contestée loi de 2016 sur la cybercriminalité.

Les activités de chalutiers chinois qui opèrent dans les eaux territoriales du Sud-Ouest soulèvent des inquiétudes. Pour le ministère de la pêche, ces bâtiments opèrent en toute légalité.

Un Malgache et un Franco-indien ont été arrêtés avec 7,3 kg d’or à Bombay au débarquement d’un vol en provenance de Dubaï. Un rapprochement a été fait entre le nom des trafiquants et de célèbres bijouteries karana de la capitale et de villes de province. En janvier, le propriétaire d’une de ces bijouteries, président de la communauté karana, avait été kidnappé puis libéré après paiement probable d’une forte rançon.

Une nouvelle étude confirme les chiffres préoccupants de la déforestation à Madagascar, qui menace une biodiversité unique. Madagascar a perdu 44 % de ses forêts naturelles depuis les années 1950 et les massifs forestiers restants sont extrêmement fragmentés.

Les inspecteurs des domaines contestent la loi sur les ZES qui présenterait le risque de vente de terrains à des étrangers et d’accaparement de terres. Une préoccupation qui rejoint celle de la société civile.

La Cour d’appel de Fianarantsoa a maintenu la condamnation à deux ans de prison avec sursis à l’encontre de l’écologiste Raleva, membre de l’association chrétienne Justice et Paix, pour avoir contesté la légalité des activités d’une compagnie minière chinoise d’extraction d’or dont le gouvernement a par la suite ordonné la fermeture pour des raisons de non-conformité. La partie plaignante a brillé par son absence. La CNIDH a assisté au procès en observateur. L’avocat de Raleva annonce un pourvoi en cassation. Amnesty International a publié un communiqué demandant que la condamnation soit annulée et que toutes les charges retenues contre lui soient abandonnées.

Le militant écologiste Clovis Razafimalala a été récompensé par la « Fondation allemande pour l'Afrique » pour son combat en faveur de la défense de l'environnement.

Un programme financé par le gouvernement coréen, d’un montant de 6,1 millions de dollars, bénéficiera à plus de 200 000 jeunes filles de la région Anosy. Ce programme, d’une durée de 4 ans, sera mis en œuvre par l’UNICEF, les partenaires ministériels et la société civile.

Madagascar et Maurice ont signé quatre accords de coopération préparés par une Commission mixte depuis deux ans. Les autorités renouvellent leur souhait de voir les Mauriciens investir dans l’agriculture malgache.

Grande offensive de charme chinoise. Un séminaire sur le modèle de développement chinois se tient à Antananarivo jusqu’à début juin, organisé par le ministère chinois du commerce. Le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères a assuré que « Madagascar, qui est toujours à la recherche d’une voie pour son développement, est intéressé au plus haut point par le modèle chinois, et non plus par celui de la France ».

Aide internationale en faveur des quartiers pauvres du Grand Antananarivo. La Banque mondiale a approuvé un crédit de 75 millions de dollars destiné à améliorer les infrastructures de drainage urbain, les services publics et la résilience face aux catastrophes naturelles dans ces quartiers défavorisés qui concentrent 650 000 habitants.

Le secteur informel gagne du terrain, favorisé par les crises politiques récurrentes. Il contribue à hauteur de 25 % au PIB et nourrit 92 % des travailleurs. Près de 300 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail et au moins 75 % d’entre eux rejoignent l’informel, une stratégie de survie face à l’extrême pauvreté.

Lancement du Rapport national sur le développement humain 2018. Le thème retenu pour cette édition est « Développement humain et mobilisation des ressources intérieures ». L’accent mis sur la mobilisation des ressources intérieures se veut être une réponse à la baisse des financements en provenance des bailleurs de fonds traditionnels. Dans le dernier rapport, Madagascar était classé au 158e rang sur 187 pays.

Le recensement général de la population débute enfin. Depuis l’indépendance, Madagascar n’a réalisé que deux recensements. Le troisième était prévu en 2003 mais a été repoussé jusqu’en 2017 en raison du manque de financement. L’Express doute fortement de la fiabilité des résultats qui seront obtenus. La population se montre réticente.

 

 SOMMAIRE

POLITIQUE

  • Crise politique - La manifestation du 21 avril et ses prolongements
  • Relations diplomatiques

DROITS HUMAINS - GOUVERNANCE

  • Insécurité, dahalo, vindicte populaire, enlèvements
  • Justice, affaire Houcine Harfa, gouvernance
  • Santé
  • Traite, droits des femmes
  • Education
  • Médias, réseaux sociaux

ÉCONOMIE - SOCIAL

  • Ressources naturelles, trafics, environnement, questions foncières
  • Coopération, bailleurs de fonds
  • Economie
  • Social, divers

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28 mai 2018

ARTICLES REMARQUES - MAI 2018

- 28 05 18 - Le Monde Afrique - Crise à Madagascar : "Les politiciens utilisent la pauvreté pour manipuler les foules"
Le président Hery Rajaonarimampianina a échappé à la destitution que réclamaient ses opposants. La Haute Cour constitutionnelle (HCC), qui avait été saisie, a rendu un avis négatif, le 25 mai, mais a ordonné au chef de l’Etat de nommer un premier ministre de consensus « dans un délai de sept jours ». Celui-ci sera chargé de préparer des élections anticipées sans attendre l’échéance initiale de novembre. Ce compromis peut-il permettre d’apaiser les tensions qui secouent la Grande Ile depuis l’adoption contestée de nouvelles lois électorales, début avril, et conduire la population aux urnes dans de meilleures conditions ? Entretien avec Ketakandriana Rafitoson, chercheuse au SeFaFi, l’Observatoire de la vie publique à Madagascar.

<> 26 05 18 - La HCC donne partiellement raison à l’opposition : elle maintient Hery Rajaonarimampianina en fonction mais exige un gouvernement de consensus. Dans une décision publiée sur son site Web, elle reconnait que « la non mise en place de la HCJ est constatée ». Mais plutôt que de prononcer une sanction contre le président de la République, elle l’invite à « prendre dans les cinq jours qui viennent le décret de constatation de désignation des représentants de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Haut conseil pour la défense de la démocratie et de l’Etat de droit (HCDDED) ». Malgré la constatation de « carence », la HCC décide de maintenir Hery Rajaonarimampianina à son poste mais l’enjoint de « mettre fin aux fonctions du gouvernement » et à « nommer un premier ministre de consensus dans un délai de sept jours ». Selon la HCC, trois noms au moins doivent lui être présentés pour qu’il puisse choisir. Cette prérogative revient aux partis ou groupes de parti légalement constitués et ayant obtenu le plus grand nombre de députés. Les coalitions post-électorales sont exclues. Le président nomme les ministres de souveraineté sur la base d’une clé de répartition convenue avec les forces politiques. La Cour préconise l’organisation d’une élection présidentielle durant la saison sèche, avant le mois de novembre. Le gouvernement reste en fonction jusqu’à la prise de fonction du nouveau président. Les autres institutions sont maintenues, l’Assemblée se voit protégée d’une éventuelle dissolution. Enfin, elle précise que le chef de l’Etat devra démissionner 60 jours avant la date du 1er tour de scrutin, dans le cas où il serait candidat à sa propre succession. Son intérim sera assuré par le président du Sénat comme le prévoit la Constitution. En cas de litige quant à l’application de ces dispositions, la Cour statue en dernier ressort.
Pour L’Express, la décision relève plus d’un édit pour une sortie de crise que d’une décision judiciaire. Le chef de l’Etat se retrouve ainsi avec un pouvoir considérablement réduit. Tout porte à croire que la HCC a cédé aux pressions et menaces des 73 « députés pour le changement ». Elle aurait perpétré un véritable « coup d’Etat » légal comme le suggéraient ceux qui réclamaient la démission du président. Celui-ci devra dorénavant cohabiter avec un gouvernement composé pour partie de ceux qui réclamaient sa tête. Pour le quotidien, le consensus exigé est encore très loin d’être acquis. Les politiciens vont désormais se jeter à corps perdu dans la conquête des sièges.
Pour la présidente du SMM et présidente de la Solidarité syndicale de Madagascar (SSM), « La Haute Cour Constitutionnelle de Madagascar se met hors la loi. Jamais vu une décision aussi honteuse et crapuleuse ! »
L’ancienne ministre de la justice de la transition Christine Razanamahasoa, députée Mapar, n’a pas caché son insatisfaction. Elle réitère la nécessité du départ immédiat du président de la République. Elle lui demande de prendre la décision de démissionner.
Voir aussi : Les Décrypyeurs - La HCC maintient Hery Rajaonarimampianina en poste et exige un gouvernement de consensus

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23 05 18 - Amnesty International - Réaction à la confirmation de la condamnation du militant écologiste Raleva
La cour d’appel de Fianarantsoa a maintenu la condamnation à deux ans de prison avec sursis à l’encontre de l’écologiste Raleva pour avoir contesté la légalité des activités d’une compagnie minière chinoise d’extraction d’or
. Deprose Muchena, directeur du Bureau d’Amnesty International pour l’Afrique australe, déclare : « En maintenant le chef d’accusation ridicule d’“usurpation de titre” contre Raleva, le tribunal a confirmé nos pires craintes : à Madagascar le prix à payer pour contester les grandes entreprises est élevé. Raleva n'est pas un criminel. Cette condamnation avec sursis a pour but de le réduire au silence et d’envoyer un message effrayant aux autres militants qui œuvrent en faveur des droits humains et de l’environnement. Les autorités doivent protéger les militants comme Raleva, qui se battent pour préserver les ressources naturelles du pays pour les générations futures, plutôt que de dévoyer les tribunaux pour les bâillonner. La condamnation prononcée contre Raleva doit être annulée et toutes les charges retenues contre lui doivent être abandonnées. »
L'article de L'Express rendant compte du procès en appel : Insurrection contre des Chinois - Condamnation maintenue pour le militant Raleva

- 22 05 18 - L'Express - Un mois de crise, un mois d'impasse
L’Express constate que la situation est dans l’impasse et que l’on n’entrevoit aucune issue. Si la HCC ne donne pas satisfaction aux 73 députés qui ont déposé une requête en déchéance du chef de l’Etat, que va-t-il se passer ? L’hypothèse d’un coup d’Etat ne serait pas à exclure en cas d‘impossibilité de trouver un moyen d’organiser des élections de manière consensuelle. Les milieux économiques font part de leur préoccupation, les voyagistes enregistrent un surcroit d’annulations, élèves et étudiants craignent de perdre leur année et des pénuries de PPN ne sont pas à écarter en raison du blocage du port de Toamasina.

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18 05 18 - SeFaFi - Communiqué - La déchéance des lois électorales
La publication des projets de lois électorales soumis au Parlement a soulevé une forte réprobation. Et les conditions dans lesquelles s’est déroulé le débat parlementaire en vue de leur adoption ont provoqué des manifestations de mécontentement et de rejet. Entre temps, la HCC a délivré son avis sur la constitutionalité des lois adoptées, et peu après le président de la République a promulgué les trois lois organiques qui constituent désormais les éléments clés du nouveau code électoral. Pourtant, rares sont les citoyens, y compris les élus et les responsables, qui se sont penchés sur la teneur de ces textes. Pour le SeFaFi, il est donc opportun de faire connaitre les articles que la HCC a jugés non conformes à la Constitution. Car ces textes posent à nouveau la question de leur constitutionnalité. Ils ont été toilettés, soi-disant conformément à la décision de la HCC, avant d’être promulgués. Or, à lire les décisions de la HCC, certaines dispositions méritent d’être soumises à une nouvelle délibération du Parlement avant promulgation. Sans une telle délibération, c’est la HCC qui aura légiféré, avec la complicité du pouvoir exécutif, en violation de tous les principes constitutionnels et démocratiques. Par ailleurs, une analyse plus fine de ses décisions montre que la HCC n’a invalidé les lois électorales rejetées par diverses parties (dont la société civile), que de manière très limitée.

- 17 05 18 - Jeune Afrique - Crise à Madagascar : un président fragilisé, une opposition radicalisée
Alors que l'opposition continue de manifester quasi-quotidiennement sur la place du 13-Mai, à Antananarivo, réclamant le départ du président Hery Rajaonarimampianina, ce dernier se trouve dans une « position intenable », selon un diplomate. Décryptage d'un cocktail explosif qui fait craindre le pire pour les semaines à venir.

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16 05 18 - Kolo-TV - Les abus sexuels sur mineures : des actes banalisés, un sujet tabou. Les journalistes de la chaine Kolo TV ont enquêté sur ce phénomène dans le cadre de l’émission « Alalino ». Les cas de corruption dans ce genre d’affaire ne sont pas rares, comme le montre le reportage (27'28) : https://www.koolsaina.com/reportage-abus-sexuels-viols-mineurs-madagascar/

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  14 05 18 - Loi organique n°2018 008 - Régime général des élections et référendums - Version promuluguée
<> doc  14 05 18 - Loi organique n°2018 009 - Election du président de la République - Version promulguée
Les textes électoraux amendées suite aux décisions et avis de la HCC ont été promulgués par le président de la République le 11 mai. L’exécutif a décidé de ne pas soumettre ces textes à un nouvel examen par le Parlement mais d’apporter lui-même les corrections nécessaires
. Les députés d’opposition et les manifestants semblent avoir été pris de court par cette promulgation rapide, sans nouvel examen par le Parlement alors qu’environ un tiers des textes ont été jugés non-conformes à la Constitution, écrit Tribune. Les opposants annoncent qu’ils n’approuveront pas les textes ainsi promulgués. Pour le président de la République, la promulgation, en prenant en compte les décisions de la HCC et en apportant les rectifications qui s’imposaient, ne pouvait plus attendre, sauf à remettre en cause le calendrier électoral. Plus rien ne ferait donc obstacle à la confirmation par la CENI de la date des élections, sauf si un hypothétique accord politique entre les acteurs de la crise politique intervenait rapidement et remette en cause le dispositif électoral. Pour le juriste Heriliza Imbiky, la HCC ne peut jouer le rôle de législateur. Le juge constitutionnel doit se limiter à déclarer la nullité partielle de dispositions et ne peut créer éditer de nouvelles normes, qui sont de la compétence exclusive du législateur.

- 11 05 18 - Tribune - Edito - La démocratie de façade
Madagascar connait la cinquième crise politique violente de son histoire depuis le retour à l’Indépendance. Chacune d’elle, depuis 1972 jusqu’à celle qui a débuté en avril 2018, s’est fondée sur des revendications liées directement ou indirectement à la démocratie et à ses corollaires : élections « propres », et libertés d’expression, de manifestation, de réunion etc. Les revendications officielles qui unissent régulièrement les opposants à une partie de la population montrent que les Malgaches connaissent les grands principes de la démocratie, fondés sur les droits politiques et libertés civiques. Ils savent percevoir quand ces principes sont violés et sont attentifs aux sollicitations de l’opposition lorsque la coupe est pleine. Mais la bonne connaissance théorique des principes de la démocratie ne se reflète pas dans la pratique, et les dirigeants et les opposants en sont responsables, de manière égale, même si ce n’est pas avec la même intensité. Les leaders de l’opposition sont devenus spécialistes de la mobilisation et de la manipulation des foules.

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  09 05 18 - Amnesty International - Le droit de manifester ne doit pas être érigé en infraction
Le conseil de gouvernement du 8 mai a donné des consignes strictes aux autorités des provinces pour interdire la tenue de manifestations politiques sur la voie publique
« pour préserver l'ordre public et pour maintenir la sécurité des personnes et des biens ». Une instruction en ce sens avait déjà été donnée le 27 avril mais elle a été renouvelée au vu des manifestations organisées dans plusieurs villes de province par les députés de l‘opposition. Il est rappelé que les réunions publiques nécessitent l’autorisation préalable du représentant de l’Etat. Madagate s’interroge sur la justification de dispositions qui ne sont applicables que dans les provinces et ne le sont plus dans la capitale. Le site souligne la coïncidence de ce rappel à l’ordre avec l’arrivée de l’équipe de médiation internationale.
Dans un communiqué, Amnesty International déclare que le droit de manifester ne doit pas être érigé en infraction. « Les autorités doivent respecter leurs obligations nationales et internationales de créer un environnement dans lequel les manifestants peuvent exercer leurs droits fondamentaux. (…) De même, la liberté d'expression doit également être respectée par l’opposition. (…) Les personnes qui choisissent de ne pas participer aux manifestations contre le gouvernement, comme les élèves qui auraient été expulsés de force de leurs classes pour manifester, ne doivent pas subir d’intimidation ni de harcèlement. »

- 09 05 18 - L'Express.fr - Quand l'argent malgache finit à Levallois
Le parquet financier français enquête sur les achats immobiliers d'un très proche du pouvoir malgache.
Une suspicion de trafic de bois de rose, des soupçons de détournement de fonds au détriment de la Jirama, des montages offshores, des SCI en pagaille et, finalement, une boîte aux lettres dans le hall d'un immeuble dont l'adresse apparaît dans les affaires judiciaires du couple Balkany, proches de Nicolas Sarkozy, mis en cause dans des affaires de corruption et de blanchiment de fraude fiscale .... Voilà les ingrédients d'une sulfureuse histoire née bien loin de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), dans l'océan Indien : l'affaire Ravatomanga, du nom d'un puissant homme d'affaires malgache dont le succès défraie la chronique depuis une bonne dizaine d'années. En 2017, ce multimilliardaire a été présenté par le magazine Forbes comme l'une des dix plus grosses fortunes de Madagascar ; il est à la tête du groupe Sodiat, un conglomérat qui se consacre au transport, à la presse, à l'hôtellerie, au tourisme, à la santé ou encore à l'import-export. Mais Ravatomanga est aussi un habitué des cercles de pouvoir, très proche conseiller d'Andry Rajoelina.

- 07 05 18 - Le Monde Afrique - Le médiateur de l'ONU à Madagascar pour sortir de la crise
Alors que Madagascar entre dans sa troisième semaine de crise ouverte entre le président Hery Rajaonarimampianina et l’opposition, le médiateur désigné par le secrétaire général des Nations unies, Abdoulaye Bathily, est arrivé dimanche 6 mai à Antananarivo. Il doit rencontrer toutes les parties dans un contexte tendu de manifestations quasi quotidiennes dans le centre de la capitale. Celles-ci rassemblent entre quelques centaines et quelques milliers de personnes. La mort d’au moins deux manifestants et dix-sept blessés lors de la première manifestation interdite par le pouvoir, le 21 avril, ont fait basculer la contestation politique contre les nouvelles lois électorales adoptées en vue de l’élection présidentielle de décembre en mouvement pour la démission du chef de l’Etat.

07 05 18 - Collectif Tany - Craad-OI - Le vote de la loi sur les ZES doit être annulé
Face à l’activisme et au dynamisme des promoteurs des Zones Economiques Spéciales (ZES) et d’autres projets d’investissements favorisant les étrangers pendant que les politiciens se disputent à propos des lois électorales, le Collectif Tany et le CRAAD-OI tiennent à renforcer le débat concernant la loi sur les ZES. L’ordre du jour de la session ordinaire de l’Assemblée prévoit le vote d’un projet de loi du 17 août 2016 autorisant la ratification d’un accord conclu avec Maurice, qui rappelle fortement l’accord-cadre de coopération sur la ZES de Taolagnaro signé le 11 mars 2016. Les dirigeants ayant pris l’habitude d’ignorer la transparence et de faire voter des lois dont le contenu n’est pas dévoilé aux citoyens, nous réclamons encore une fois un débat sur tous les projets de loi touchant aux terres malgaches avant leur présentation à l’Assemblée. Par ailleurs, la loi sur les ZES a été votée le 3 avril 2018 dans les mêmes conditions très contestables que les lois électorales qui font l’objet de la crise politique actuelle. Le grand public ignore si le contenu a subi des modifications après la déclaration de non-conformité de plusieurs articles par la HCC. En conséquence ce vote doit aussi être annulé.

05 05 18 - Chronique de Vanf - Epuiser la logique de la démocratie
Ce n’est pas démocratique de venir perturber les fonctionnaires dans les ministères, de les débusquer dans chaque bureau et de les contraindre à abandonner leur poste. La démocratie voudrait qu’on respecte leur choix de ne pas rejoindre la rue et la place du 13-Mai. La lutte pour la liberté se mord la queue quand elle devient elle-même tyrannie. Parmi toutes les choses qu’il reste aux Malgaches à apprendre, il y a le mode d’emploi d’une grève responsable et d’une manifestation de rue qui ne dégénère pas en incendie de la radio nationale ni pillage des commerces ni saccage du domicile de particuliers. Les médias internationaux font preuve de trop de complaisance à ne jamais dénoncer l’attitude stalinienne de ceux qui sont aujourd’hui dans l’opposition, avec la ferme intention de revenir à un pouvoir qu’ils avaient exercé hier, sans plus de succès ni davantage de moralité.

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  04 05 18 - Les Décrypteurs - La HCC rejette des dispositions à polémique des projets de lois électorales - Les suites possibles de la décison de la HCC en cinq scénarios
La HCC a déclaré non conformes à la Constitution certains articles controversés des projets de lois électorales adoptés en avril par le Parlement et contestés par les députés de l’opposition. Elle a également invité les autorités à extirper des textes certaines dispositions, tout en imposant des interprétations à d’autres et tout en formulant des réserves et des recommandations. Les plus importantes remarques concernent la loi organique sur le régime général des élections et des référendums censée remplacer le code électoral. Pour ce qui est des textes sur la présidentielle et les législatives, les chamboulements ne devraient pas être trop importants. Pour la présidentielle, les remarques de la HCC concernent essentiellement les dispositions relatives à la production du bulletin numéro 2, à la nécessité du bulletin unique au second tour de la présidentielle et à la durée de la campagne électorale. Les décisions de la HCC constituent un nouveau tournant dans la crise politique. Plusieurs scénarios se dessinent après cette décision. Les « députés pour le changement » attendent encore la décision de la juridiction constitutionnelle concernant la requête aux fins de déchéances du chef de l’Etat, une requête pour « carence » dans la mise en place de la HCJ.

 

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 <> Articles particulièrement signalés - <>doc  Documents à valeur permanente

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30 avril 2018

REVUE DE PRESSE - AVRIL 2018

Andry Rajoelina a été empêché de se rendre à Mahajanga pour participer à un meeting et à une inauguration, à l’invitation du maire. L’aviation civile de Madagascar a interdit le vol de l’appareil qu’il avait loué. Il a alors réservé des places sur un vol de la compagnie Ewa mais les autorités ont refusé de laisser l’appareil décoller. Le 8 mars, Andry Rajoelina avait pu tenir un important rassemblement à Ambilobe mais le chef de district avait été limogé peu après. Suite à ce déplacement manqué, l’inspection d’Etat s’est rendue à Mahajanga pour effectuer un audit financier de la commune. Le maire a dû rendre des comptes sur sa gestion à son conseil municipal. Il a été maintenu dans ses fonctions grâce à une alliance de circonstance entre les élus du Tim (pro-Ravalomanana) et du Mapar d’Andry Rajoelina. Ce dernier a pu ensuite déployer son offensive de charme auprès des catholiques de Soavinandriana où il était invité à l’anniversaire de l’Eglise locale. Les protestants Hery Rajaonarimampianina et Marc Ravalomanana, ainsi que le catholique Andry Rajoelina se sont peu après retrouvés à Vohipeno pour la béatification de Lucien Botovasoa, laïc décapité lors de la rébellion de 1947. L’effervescence religieuse a gagné le microcosme politique. Le chef de l’Etat n’a pas apprécié d’être interdit de parole durant la cérémonie et a parlé d’un « faux pas » de l’Eglise catholique. Andry Rajoelina a profité d’un bain de foule pour prendre sa revanche. Quant à Marc Ravalomanana, il s’est habilement mis en scène en faisant une entrée remarquée dans l’église derrière les reliques du martyr. Les trois hommes en « campagne déguisée » ont pris soin de s’ignorer. Hery Rajaonarimampianina s’est rendu ensuite à Mahajanga pour procéder à une inauguration, un déplacement que le pouvoir avait interdit à Andry Rajoelina deux semaines auparavant. Les forces de l'ordre ont enfin empêché le convoi de Marc Ravalomanana d'entrer à Ambalavao où des supporters l’attendaient. L’ancien président a saisi les représentants du corps diplomatique. « Le même schéma comme il y a quelques mois dans les régions Anosy et Androy s’est donc reproduit pour le président national du parti Tim », constate Tribune.

pov 05 04 18L’Assemblée a adopté le projet de loi organique relatif au régime général des élections et des référendums. 79 députés l’ont adopté, avec prise en compte de rares amendements. 70 parlementaires du Tim, du Mapar, du MMM et des « indépendants » ont quitté la salle en brandissant des pancartes « stop corruption ». Pour L’Express, le boycott du vote par les députés de l’alliance Tim-Mapar pourrait s’expliquer par la crainte qui est la leur de voir leur leader menacé d’exclusion par certains articles des textes électoraux. Les députés pro-régime ont été pointés du doigt pour avoir été achetés à l’occasion d’un séminaire de quatre jours auxquels ils ont été tenus de participer avant l’examen des textes en séance plénière. Le DG du Bianco a annoncé l’ouverture d’une enquête. Pour les élus Tim, « aucun débat, aucune discussion n’ont été autorisés, le comptage des voix à main levée a été truqué ». Les 73 opposants se sont rendus à la HCC pour déposer une lettre de réserve dénonçant « les anomalies concernant l'adoption des trois lois organiques sur les élections ». Ils ont déposé par la suite trois requêtes contestant la constitutionnalité des lois électorales adoptées.

Une délégation de la SADC venue faire un bilan d’étape de la préparation des élections, s’est déclarée « rassurée ». « Il n’y a pas de crise à Madagascar, juste une dispute pré-électorale ; cela fait partie du jeu démocratique », a-t-elle affirmé, suscitant la surprise des observateurs. Marc Ravalomanana a remis aux émissaire le texte d’une déclaration dans laquelle il déclare que « les circonstances publiquement connues et indiscutables » privent les textes déclarés adoptés « de l’autorité nécessaire pour être investie de la sacralité de la loi ». La CENI, préoccupée par la conjoncture politique, a fait part à la délégation des difficultés rencontrées dans la préparation des scrutins. Elle s’inquiète par ailleurs du retard pris dans l’officialisation du calendrier électorale, qui devra attendre la promulgation des lois électorales.

Après leur adoption par l’Assemblée, les textes ont été entérinés à la quasi-unanimité par le Sénat, dans la précipitation et sans amendement. Dans un communiqué, le SeFaFi a déclaré « redouter un «’hold-up électoral’ après le ‘hold-up législatif’ ayant cautionné des lois électorales controversées ». Wake-Up Madagascar a organisé un « flash mob » pour appeler la population à protester contre les malversations qui auraient permis l’adoption de ces textes. Sept députés de l’opposition n'ont pas été autorisés par le préfet de Toamasina de tenir une réunion dans un gymnase pour faire rapport de leur activité à la population. Une mesure identique a été prise par la préfète d’Ambositra.

Les 22 députés présents en séance à la session extraordinaire ont reporté pour la 5e fois l’examen des deux textes importants portant sur la lutte contre la corruption, au grand dam du directeur du Samifin. Si cette attitude persiste, la Grande île risquerait, dit-on, de basculer dans la liste grise des pays non-coopératifs et compromettre le déblocage de nouvelles tranches de crédits du FMI.

Un atelier sur la « refondation de Madagascar », initié par un « Comité de la justice, de la sécurité et de la paix » (K3F), émanation de l’Eglise catholique, constitué de politiques, de prêtres et de laïcs, a réuni près de 800 participants. Une résolution a été adoptée qui exige une profonde réforme de la gouvernance. Une structure indépendante regroupant des hommes d’Eglises et des « hommes intègres » sera mise en place pour « surveiller l’utilisation des privilèges de puissance publique et de protéger la population contre les cas d’iniquité ».

Un groupe d’officiers à la retraite a jugé la situation politique alarmante. « Les institutions sont fragilisées par la corruption, les abus de tout genre et le non-respect des lois en vigueur. Ce qui s’est produit dernièrement à l’Assemblée démontre que le pays risque de s’engouffrer dans une crise politique profonde », ont-ils mis en garde. « Il ne faut pas prendre en otage la population pour des raisons politiques », ont-ils encore martelé. Pour le ministre de la défense, ces déclarations qui interpellent les cadets de l’armée, pourraient être mises au service d’une cause politique inavouée et aggraver le climat de tension politique. Les officiers retraités ont reçu le soutien de l’ancien premier ministre de la Transition, Camille Vital.

L’alliance qui s’est dessinée à l’Assemblée entre le Tim et le Mapar ne fait pas consensus au sein de l’Association des victimes de la tuerie du 7 février (AV7). Ses membres réclament l’application de la condamnation qui frappe Marc Ravalomanana et refusent de s’associer à la manifestation que les parlementaires d’opposition prévoient d’organiser pour rendre compte de leur mandat.

Les 73 députés de la capitale opposés à l’adoption des nouvelles lois électorales ont annoncé leur décision de tenir un « rapport de mandat » le 21 avril sur le parvis de l’hôtel de ville, en se dispensant de déposer une demande d’autorisation. Les autorités ont prévenu les organisateurs que toute velléité de manifestation serait sévèrement réprimée. Ceux-ci ont fait valoir que l’accord de la mairie d’Antanarivo devait suffire, la Constitution leur reconnaissant le droit de rendre compte de leur activité. Une délégation a été reçue par les représentations diplomatiques pour les alerter sur les menaces d’arrestation brandies par le préfet de police. Des rumeurs de recrutement de mercenaires dans les bas-quartiers en vue de semer des troubles à l’occasion de ce meeting ont circulé sur les réseaux sociaux.

Le meeting du 21 avril a très vite basculé dans un face à face tendu avec les forces de l’ordre, faisant trois morts et une vingtaine de blessés. Après plusieurs heures, des membres des forces de l’ordre, débordés, auraient fait usage de leurs armes pour se dégager, après avoir effectué des tirs en l’air. Le premier ministre a souhaité l’ouverture d’une enquête afin d’éclaircir les circonstances de ce drame. Du haut de l'hôtel de ville, surplombant une place du 13-Mai bondée, les députés ont conclu un pacte de non-agression avec le numéro 2 des forces d'intervention de la gendarmerie, un acte qui n’avait pas reçu l’aval de l'état-major.

Le chef de l’Etat, rentré précipitamment au pays, a annoncé que les autorités et les forces de l'ordre réagiraient avec encore plus de fermeté contre toute nouvelle manifestation. Les évènements qui se sont produits le 21 avril « s’apparentent à un coup d'Etat », a-t-il affirmé, enjoignant à l'armée « de prendre ses responsabilités ». Les observateurs ont noté que le « rapport parlementaire », objet du meeting s’est mué très rapidement, sous la pression des manifestants et des députés, en demande de démission du chef de l’Etat, du gouvernement et des présidents des assemblées.

Dans ce climat de tension, le préfet d’Antananarivo a décidé le lendemain d’autoriser l’accès des manifestants à la place du 13-Mai. Une décision personnelle qu’il affirme avoir été entérinée ensuite par ses supérieurs et par le premier ministre. La foule s’est alors rassemblée à nouveau pour se recueillir autour des dépouilles des victimes. Les nombreux soldats et policiers armés qui stationnaient sur la place du 13-Mai se sont retirés pour laisser les hommages se tenir. Les 73 élus ont annoncé leur intention de former une large coalition, appelée « Les députés pour le changement », censée rassembler sous une même bannière les deux anciens ennemis, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina. Lalao Ravalomanana, maire de la capitale, qui avait donné aux opposants l’accès à l’hôtel de ville, a lancé un appel aux forces armées pour qu’elles veillent à la protection des biens et des personnes. Marc Ravalomanana et son épouse ont pris la parole pour inviter le FFKM à diriger des pourparlers entre l'opposition et le pouvoir. Le mouvement de la société civile Rohy a appelé de ses vœux l’organisation d’élections impartiales, qui garantissent la participation de tous les citoyens ayant le droit de vote et la possibilité pour tous de se porter candidat. Il a appelé au dialogue entre toutes les forces vives pour redéfinir le contenu des lois électorales. Les responsables des forces de l’ordre ont affirmé qu’ils ne cautionneraient pas un régime qui ne serait pas issu des urnes, en réponse à certaines personnalités proches de l’opposition qui ont évoqué la nécessité d’un directoire militaire en vue de l’organisation rapide d’élections. Dans une déclaration publique, Amnesty International a demandé aux autorités de diligenterune enquête exhaustive et indépendante sur l’homicide de deux manifestants et pour que les responsables soient traduits en justice, ajoutant queles conclusions de cette enquête devront être rendues publiques. Le KMF/CNOE a exigé des sanctions à l’endroit des auteurs ou commanditaires des tirs, tout en se félicitant des déclarations des responsables des forces de l’ordre allant dans le sens de l’apaisement.

Une importante délégation de la communauté internationale s’est rendue au palais présidentiel. « La communauté internationale exclut toute solution extraconstitutionnelle qui risque de plonger le pays dans une nouvelle transition », lit-on dans son communiqué. Les chefs d'Etats de la SADC ont décidé de dépêcher d’urgence l'envoyé spécial et ex-président du Mozambique, Joaquim Chissano, ancien médiateur de la crise de 2009 à 2013. Un retour vu avec déplaisir par une partie de la classe politique et de l’opinion. L'ambassadeur algérien Ramtane Lamamra, Haut représentant de l’UA a annoncé également sa visite. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a décidé d'envoyer « immédiatement » à Madagascar son conseiller spécial, le diplomate sénégalais Abdoulaye Bathily.

Une marche a été organisée par les députés d’opposition en direction de la HCC pour le dépôt d’une requête en déchéance du président de la République. Elle a pu se dérouler sans encombre. Les forces de l’ordre ont assuré la sécurité de la HCC, sans s’opposer à la réception de la délégation. Dix dossiers sont en instance auprès de la Haute cour. Sa position, très attendue, sera déterminante pour l’avenir du mouvement, notent les observateurs.

Dans un communiqué, le SeFaFi a affirméque « la seule solution acceptable et durable à l’impasse actuelle ne peut qu’être démocratique. Tout schéma de sortie de crise doit impérativement se conformer aux institutions et respecter le suffrage populaire ». L’Observatoire s’est déclaré favorable à un réexamen des lois électorales par les Assemblées, avec retransmission de la totalité des débats sur les ondes nationales.

pov 29 04 18Des manifestants ont réclamé la réouverture de la station MBS appartenant à Marc Ravalomanana, une promesse non tenue par le chef de l’Etat.

L’UA, le PNUD, l’UE et l’ambassade de France ont tenté en vain une première médiation entre le pouvoir et des représentants des députés. La démission du chef de l’Etat a été exclue d’office par les représentants du pouvoir et les députés Tim ont exigé en préalable la révision des lois électorales pour permettre à Marc Ravalomanana de se porter candidature à la présidentielle. La communauté internationale a demandé à l’opposition de calmer la ferveur populaire sur la place du 13-Mai, ce qu’elle a refusé. Les manifestants ont déclaré rejeter toute immixtion de la communauté internationale.

Les « députés pour le changement » ont déposé auprès de la procureure de la République une plainte contre le chef de l'Etat et le gouvernement, accusés d'être les « responsables de la tuerie ». Les manifestants se sont rendus dans le calme de la place du 13-Mai au tribunal, sans être inquiétés par les forces de l’ordre. La procureure a révélé qu’elle avait déjà saisi le parquet et demandé une enquête sur ces évènements.

Les députés de l'opposition ont refusé de participer à la nouvelle rencontre proposée avec le HVM par la communauté internationale. Me Hanitra Razafimanantsoa, vice-présidente de l'Assemblée nationale, a indiqué ne plus vouloir discuter des lois électorales. Les revendications ont évolué, a-t-elle ajouté, rappelant que l'opposition réclame désormais la démission du président de la République, du gouvernement et des présidents des assemblées.

La CENI admet qu’il sera difficile d’appliquer des textes électoraux non-consensuels. Il estime que ces textes devraient à nouveau être débattus en vue de trouver un consensus. Le FFKM a déclaré qu’il prendra ses responsabilités dans la recherche de solutions à la situation politique, indiquant qu’il refusera de travailler sous l'égide de la communauté internationale. Le SMM a déclaré qu'il s'oppose à l'instrumentalisation de la justice : « Les conflits actuels sont de natures politiques et méritent des solutions politiques dans le strict respect de la constitutionnalité », affirme le syndicat. Un collectif d’une douzaine d’associations a demandé aux élus de « recadrer les manifestations dans leur contexte initial ». Il condamne tout autre issue que celle des urnes et demande que les textes électoraux fassent l’objet d’un réexamen et demande à tous les responsables politiques de faire taire leurs ambitions personnelles.

Les députés en meeting sur la place du 13-Mai ont décidé d'investir les locaux de la radio et de la TV nationale. Seize d'entre eux s'y sont rendus pour exiger une prise d'antenne en direct. Après une heure de discussion, le directeur a promis de relayer les informations concernant la mobilisation de l’opposition. L’éditorialiste de L’Express a vivement condamné les menaces proférées par la délégation des députés de l’opposition à l’encontre de la direction et des journalistes de RNM et TVM.

Neuf jours après les échauffourées mortelles, la contestation du pouvoir ne fléchit pas. Un mouvement de grève débute dans les administrations et si des obstacles sont mis à cette mobilisation, les opposants annoncent qu’ils se rendront dans les ministères pour les faire lever. Le syndicat des douaniers a lancé un mot d’ordre de grève. La contestation a touché Toliara. En visite à Madagascar, la SG de l’OIF a rencontré les leaders de l’opposition. Marc Ravalomanana, et Andry Rajoelina et Hajo Andrianainarivelo, leader du MMM, ont participé à ces échanges. Le culte de lancement de la médiation du FFKM s’est tenu en présence de nombreuses autorités et chefs d’institution. Une rencontre avec les députés est d’ores et déjà prévue. Le FFKM recevra ensuite les représentants des partis et du gouvernement. Le président du CFM a approuvé l’initiative et s’y associe. Marc Ravalomanana a indiqué être disposé adhérer à la démarche. « Le FFKM n’a pas un schéma de sortie de crise à imposer », rassure un chef d’Eglise mais à l’entendre l’élection présidentielle pourrait être reportée pour permettre au préalable la tenue d’un processus de réconciliation nationale.

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Le secteur privé s’alarme de la persistance d’un climat généralisé d’insécurité. Il renouvelle sa demande de rencontre avec le chef de l’Etat. Une réunion technique de « haut niveau » a été organisée par le premier ministre mais les observateurs restent dubitatifs quant aux retombées concrètes.

Les opérateurs de la filière vanille se disent victimes de racket de la part de personnes se présentant au nom du ministère du commerce et de la consommation. Ils lancent un appel aux autorités pour que cessent ces pratiques et que des mesures soient prises pour lutter contre l’insécurité. Les vols de vanille sur pied et les meurtres de producteurs connaissent depuis ces dernières années une croissance préoccupante. Plusieurs personnes ont été lynchées à mort pour des affaires de vol de vanille.

Des affrontements violents entre dahalo, forces de l’ordre et villageois ont été signalés dans plusieurs régions. Plusieurs gendarmes et civils ont été abattus. Des dahalo ont été exécutés par la population. Un bande armée forte de 200 hommes s’est emparée de 500 zébus. L’unité spéciale anti-dahalo (USAD) a été appelée en renfort à plusieurs reprises, appuyée par un hélicoptère. Les forces de l’ordre ont mobilisé et encadré des miliciens pour conduire une opération de représailles.

Plusieurs cas de justice populaire ont encore défrayé la chronique. Des locaux administratifs et des gendarmeries ont été la cible de populations voulant se faire justice. Un affrontement entre le fokonolona et les gendarmes a fait neuf morts à Mananara Nord.

Les auteurs de l’expédition punitive des forces de l’ordre à Antsakabary courent toujours. « Il faut que la lumière soit faite ! », clame Mireille Rabenoro, présidente de la CNIDH, qui continue de recueillir des témoignages accablants sur les exactions commises.

L’audience en appel du militant écologiste Raleva a eu lieu à Fianarantsoa en présence de membres de la société civile et de la CNIDH. Le jugement sera rendu le 22 mai. Amnesty International déclare être mobilisé pour que sa condamnation soit annulée et rappelle Raleva devrait être reconnu pour son travail de lanceur d’alerte et de protecteur de l’environnement.

Condamné à perpétuité le 27 septembre 2017 avec 16 complices, le responsable du kidnapping meurtrier des deux adolescents de Toamasina, en décembre 2015, a été relâché par décision de la cour d’appel. Une décision de libération incompréhensible par les médias qui suspectent l’intervention de personnalités influentes.

Les avocats de l’ancien ministre de finances Jean Razafindravonona, placé sous mandat de dépôt pour suspicion de corruption, ont saisi la HCC pour contester la légalité de la procédure adoptée et des actes pris par le procureur de la République et le juge d’instruction de la Chaîne pénale anti-corruption. Les deux requêtes déposées ont été jugées irrecevables. L’affaire porte sur un détournement de 500 millions Ar qui serait lié au dossier impliquant l’ex-conseillère de la Présidence, Claudine Razaimamonjy.

Détention préventive : la CNIDH propose la mise en place du Conseil national de justice. Prévu par la Constitution, le « Conseil devrait permettre de chercher des solutions innovantes pour changer cette situation honteuse, qui comporte trop de formes cruelles de violation des droits de la personne ».

Arlette Ramaroson, ancienne juge internationale, affirme que le Bianco est entravé dans son action par de multiples interventions. Elle milite pour la mise en place d’une institution dont l’indépendance serait garantie.

La société civile va tenter d'évaluer la performance des députés. Après le Kenya et l'Ouganda, c'est au tour de Madagascar de lancer pour la première fois un outil d'évaluation de son Assemblée nationale. Un projet mené sous forme d'enquêtes auprès des élus. L’ONG Liberty 32 a débuté ses interviews en octobre. Un tiers des députés ont déjà répondu à l'enquête mais près de 40 % d’entre eux ont refusé de participer à cette opération.

L’ancienne ministre de la justice de la Transition, ex-présidente de l’Assemblée, Christine Razanamahasoa, a été expulsée manu militari d’un logement de fonction qu’elle aurait dû quitter il y a bientôt quatre ans. La députée affirme n’avoir reçu aucune notification. L’intéressée dénonce une intervention « humiliante » et « un règlement de compte politique ». Considérée comme l’un des chefs de file de la fronde parlementaire, elle avait participé la veille au rassemblement des députés de l’opposition à la HCC et au Bianco pour protester contre les pratiques douteuses ayant permis l’adoption des nouvelles lois électorales. Des natifs du Betsileo, sa région d’origine, se sont mobilisés en sa faveur. Pour L’Express, cette affaire réveille les démons d’un régionalisme primaire.

Une très importante somme d’argent aurait été subtilisée au premier ministre dans l’une de ses résidences. La presse s’interroge sur l’origine de ces fonds et l’usage auquel ils étaient destinés. Le principal suspect a été arrêté avec son épouse et d’autres comparses. Le chef de gouvernement dénonce les rumeurs colportées sur ce vol et évoque un acte de déstabilisation.

Le ministère de l’intérieur dément catégoriquement une rumeur insistante de décaissement d’une somme de 8 milliards Ar du compte du ministère au surlendemain de la manifestation du 21 avril sur la place du 13-Mai.

La Cour d’appel a confirmé la condamnation du franco-algérien Houcine Arfa à trois ans de prison ferme et dix millions Ar de dommages et intérêts dans l’affaire qui l’oppose à Vonjy Randriamaromanana. Ce dernier accuse l’ancien formateur de la garde présidentielle de kidnapping lors d’une commande de matériel pour le compte de la Présidence et d’extorsion de fonds. Dans cette affaire Houcine Arfa était aussi poursuivi pour usurpation de fonction, détention d'armes et de munitions et association de malfaiteurs. Durant son séjour à Madagascar, il avait déclaré avoir eu connaissance de crimes et délits commis par l’entourage du président. Une situation qui avait abouti à son emprisonnement, puis à son évasion rocambolesque pour la France. L’intéressé avait déclaré avoir pu s’évader en versant un pot-de-vin à la ministre de la justice et à la procureure de la République. Houcine Arfa a confirmé vouloir contester ce verdict. Il assure que la plainte qu’il a déposée en France est en cours d’instruction. La ministre de la justice, quant à elle, a déposé plainte devant le tribunal correctionnel de Paris pour diffamation. L’incarcération de deux agents pénitenciers, suspectés d’avoir participé à l’évasion, avait déclenché un mouvement de grève.

La « couverture santé universelle » va bénéficier à 22 districts pilotes. Seront pris en charge tous les soins curatifs de base destinés aux plus démunis. Une « Caisse nationale de solidarité » destinée à financer les soins a été créée. Le paludisme est de retour sur les Hautes Terres, alerte l’Institut Pasteur. La situation se dégrade depuis 5 ans. Quarante enfants sont décédés du paludisme entre mars et avril dans le district de Betroka. Une quarantaine de personnes seraient également décédées récemment dans le district de Mahajanga II. Une campagne de distribution de masse de moustiquaires à imprégnation durable sera organisée cette année grâce au concours des Etats-Unis. Des avancées notables ont été constatées dans la lutte contre la poliomyélite. Des experts de l’OMS sont attendus pour faire le point sur le dossier de certification de l’éradication de la maladie.

Trois femmes membres d‘une organisation clandestine organisant des migrations vers l’Arabie saoudite ont été incarcérées. Les agences de placement ont été rappelées à l’ordre par le ministère de l’emploi. La majorité d’entre elles œuvrent dans l’illégalité. «Seules deux agences parmi les centaines qui pullulent à Madagascar sont agréées », révèle le DG de la promotion de l’emploi. 24 employées de maison expatriées au Koweït ont pu être rapatriées grâce au concours de l’ambassade malgache à Riyad et de l’OIM. 52 l’ont déjà été en février. Nombre d’employées de maison de retour des pays arabes espèrent néanmoins pouvoir y repartir, en dépit des risques de maltraitance et des conditions de vie difficiles, constate L’Express. Les agences de placement ayant pignon sur rue étant fermées depuis 2013, les plus déterminées n’hésitent pas à confier leur sort à des agences clandestines.

Plus 1 300 enfants nés d’une mère malgache et d’un père étranger jouissent désormais de la nationalité malgache. Ces certificats de nationalité ont été délivrés suite à la réforme du code de la nationalité en janvier 2017.

L’UNFPA lance une étude sur les violences basées sur le genre dans le cadre des attaques de dahalo dans les régions du Sud.

Travail des enfants dans la filière vanille : la convention régionale de la région Sava a été révisée à l’initiative du tribunal de première instance d’Antalaha et du comité régional de lutte contre le travail des enfants.

« Réseaux sociaux : seule issue pour une population tyrannisée », titre La Gazette. « Comment s’exprimer dans un pays où le simple fait d’énoncer un fait ayant un effet déstabilisateur de près ou de loin sur le régime en place peut mener à un emprisonnement immédiat ? À Madagascar, la démocratie est une illusion ». En décembre 2017, on enregistrait à Madagascar 1,9 million d’internautes, dont 1,7 million de facebookers. 75,8 % des connexions à Internet se font par le biais de téléphones mobiles.

Un atelier sur les techniques d’interpellation et de contrôle démocratique des Forces de défense et de sécurité (FDS) a été animé par Omer Kalameu, conseiller aux droits de l’homme des Nations unies. Parmi les thèmes abordés figure le rôle des médias dans le respect des normes démocratiques dans l’emploi des FDS.

Dans le classement mondial 2018 de RSF, Madagascar gagne 3 places, au 54e rang sur 180 pays classés. Le rapport rappelle l’existence d’un code de la communication liberticide et précise que le débat démocratique reste limité. RSF rappelle que Fernand Cello, connu pour des enquêtes sur la corruption, a été condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis pour « faux et usage de faux » : Et d’ajouter que les sujets concernant le trafic d’influence dans le secteur des ressources naturelles restent des sujets dangereux à traiter.

« Pétrole off-shore de l’océan Indien : Madagascar parmi les proies faciles ? », s’interroge La Gazette. Les deux superpuissances du XXIe siècle, l’Inde et la Chine, tentent d’attirer les Etats situés dans la partie occidentale de l’océan Indien, zone incontournable en matière de trafic maritime international et qui constitue aussi et surtout l’une des plus importantes réserves de pétrole off-shore mondiale, située entre Tanzanie et Madagascar. Une guerre d’influence serait donc ouverte entre l’Inde et la Chine pour maîtriser le secteur.

717 kg d’or exporté depuis le début de l’année. La situation s’améliore au sein de la filière depuis la mise en place de l’Agence nationale de l’or (ANOR). 2 833 kg de métal jaune avaient été déclarés à l’exportation en 2016, contre six kg en 2008. Dubaï constitue la première destination de l’or extrait du sous-sol malgache.

Débuté au mois de février, l’audit des bois de rose saisis se poursuit. Courant juin, l’opération devrait être accomplie au tiers, ce qui devrait permettre à Madagascar d’envisager la vente de ces stocks via un appel d’offres international. Après remise d’un rapport ministériel à la Cites, la vente pourrait intervenir en fin d’année ou début 2019. Les recettes devraient être affectées principalement aux zones de provenance.

L’activité de collecte et de commerce illicites de tortues protégées se poursuit à grande échelle. Une saisie record a été opérée dans le district de Toliara grâce à la mobilisation de la société civile. Plus de 90 % des 111 espèces de lémuriens recensées seraient menacées d’extinction. Les lémuriens sont encore chassés pour leur viande dans la Sava. Leur disparition pourrait causer de sérieux problèmes pour les forêts, dans la mesure où les lémuriens participent à leur diversité. L’économie du tourisme s’en trouverait affaiblie.

900 kg d’ossements humains ont été saisis à Manakara. Des recherches ont été engagées pour tenter de remonter la filière et identifier la destination finale de trafic. L’an passé, 1,5 tonne d’ossements humains ont été saisis sur la côte Est.

Performance environnementale : Madagascar 175e sur 180 pays, selon un rapport de l’université de Yale et du Centre d’information sur les sciences de la terre de Colombia, en collaboration avec le Forum économique mondial.

La loi tant contestée sur les ZES (Zone économique spéciale), rejetée en 2e session extraordinaire, a été réintroduite sans révision ni modification et a été adoptée par les députés pro-régime au terme de la 3e session extraordinaire. Des voix se sont élevées pour dénoncer le déroulement du vote. Le chef de région Anosy défend le projet de loi. Il ne voit dans ce texte aucune disposition qui permettent la vente de terrains à des étrangers. Pour certains élus, la loi sur les ZES représente « un danger pour le développement durable du pays »

Le service des domaines réexamine la loi sur la propriété foncière votée en décembre et déclarée non-conforme à la Constitution. Le Collectif Tany redoute que la loi fixant le régime juridique de l’immatriculation et de la propriété foncière titrée revienne à l’ordre du jour l’Assemblée sans prise en compte des modifications indispensables et soit adoptée dans des conditions douteuses.

Le Collectif Tany apporte son soutien à 40 familles de Toamasina dont les droits fonciers sont violés par la société Telma. Ces familles avaient entamé des procédures d’acquisition de titres fonciers sur des terrains du domaine privé de l’Etat, occupés et mis en valeur de longue date. Tribune constate que les litiges fonciers se multiplient au détriment des habitants et occupants des terrains.

205 certificats fonciers ont été distribués aux occupants traditionnels de terres à Taolagnaro par le ministère chargé des projets présidentiels et de l’aménagement du territoire, en collaboration avec la compagnie minière QMM.

100 millions de dollars ont été accordés par la Banque mondiale (IDA) et le Partenariat mondial pour l'éducation (GPE) en vue d’améliorer l’apprentissage dans l'éducation de base. Ce financement serait le plus important jamais accordé en soutien à l'éducation à Madagascar.

La capacité du port de Toamasina sera triplée d’ici 2026 grâce à un important concours financier du Japon. Le Bianco a organisé un atelier au profit des cadres du ministère des transports afin de les sensibiliser à la prévention des risques de corruption liés à l’octroi de marchés publics dans le cadre de ce projet.

La Croix-Rouge norvégienne a annoncé qu’elle cesse sa coopération avec la Croix-Rouge malgache suite à la découverte de fraudes et de corruption. Elle annonce qu’elle « fera tout ce qui est en son pouvoir pour que les responsables soient sanctionnés ». Les responsables malgaches se disent surpris et attendent que le dossier leur soit communiqué.

Nouveau colloque sur la coopération sino-malgache, axée sur l’initiative « Ceinture et route ». Plus de 80 organisations internationales et pays, dont Madagascar, ont déjà approuvé l’initiative. D’après l’ambassade de Chine, la Grande île joue un rôle important dans le processus d’avancement.

Dettes d’Air Madagascar : 140 milliards Ar de dettes ont été apurés à ce jour sur un montant total de 303 milliards. « Cela constitue une avancée très positive », déclare Éric Koller, président du conseil d’administration. L’apport d’Air Austral est de 40 millions de dollars. 10 millions ont déjà été versés, 5 autres sont attendus et 25 millions proviendront d’un prêt contracté auprès d’une banque française. Des observateurs mettent cependant en doute la capacité d’Air Austral à faire face à ses obligations.

L’Etat prévoit d’augmenter à 300 milliards Ar la subvention allouée à la Jirama en raison de la hausse des prix du carburant et de la dette accumulée par la société. La prévision budgétaire initiale était de 200 millions, montant correspondant à une réduction de moitié de la subvention. Une discussion sur la révision de ce concours budgétaire aurait été menée avec le FMI qui ne cesse de demander un désengagement de l’Etat.

Madagascar Oil maintient la suspension de sa production d’huile lourde à Tsimiroro. 180 000 barils attendent de trouver preneur. La société estime que les conditions ne sont pas réunies pour reprendre son activité, faute de moyens de communication pour acheminer sa production. La Jirama n’a pas confirmé son intérêt pour cette source d’approvisionnement.

Le président de la République reprendra la délivrance de permis miniers pour les investisseurs qui soumettront un business plan convainquant. Il estime que le secteur extractif fera le développement du pays.

Hausse de 8 % des salaires du secteur privé. Le décret fixe le montant du salaire mensuel minimum à 168 000 Ar (42 euros). Les syndicats protestent contre la fixation du salaire minimum a un tel niveau.

« Antananarivo dans le top 10 des villes les plus sales au monde », titre La Gazette. Ce résultat est le fruit d’une enquête menée par le cabinet Mercer, leader en ressources humaines dans le monde, qui publie depuis 1994 les résultats d’une enquête sur la qualité de vie dans les principales villes de la planète.

 

SOMMAIRE

POLITIQUE

  • Les candidats à la présidentielle en pré-campagne
  • Préparation de la présidentielle et des législatives
  • Tension politique - La manifestation du 21 avril et ses prologements

DROITS HUMAINS - GOUVERNANCE

  • Insécurité, dahalo, vindicte populaire
  • Justice, gouvernance
  • Affaire Houcine Arfa
  • Santé
  • Migrations, traite
  • Liberté d'expression, médias

ÉCONOMIE - SOCIAL

  • Ressources naturelles, trafics, environnement, questions foncières
  • Coopération, bailleurs de fonds
  • Economie
  • Social, divers

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JUSTICE ET DROITS DE L'HOMME à MADAGASCAR
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